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dimanche, 27 juin 2021

La guerre contre la Russie, un alibi pour accélérer le Reset?

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La guerre contre la Russie, un alibi pour accélérer le Reset?

par Nicolas Bonnal

Pourquoi cette guerre contre la Russie ? Les fous alliés ne savent-ils pas qu’ils s’écroulent économiquement et militairement – et surtout intellectuellement ? Mais au moment où certains optimistes les voient s’écrouler, eux se voient resplendissants, en train de mettre la population européenne au pas. Le traité Tafta qui faisait peur aux naïfs il y a quelques années va être appliqué, et nous sommes plus impuissants que jamais face à des élites devenues folles, et devenues les sectatrices de la secte technognostique (voyez mon premier livre sur internet) de Davos, secte illuminée d’un monde aussi farfelu et irréel (disait Borges le 23 novembre 1944) que celui de ces mêmes nazis.

C’est là qu’on peut juger de l’utilité d’une guerre contre la Russie ; et mon lecteur Alexandre Karadimas (le Grand Reset c’est la pénurie et internet) me dit comme ça en passant que cette guerre – une guerre immobile comme celle de 1984, que l’on ne gagne pas et où l’on ne bouge pas – serait pour ces élites tarées une merveilleuse opportunité, comme dirait Klaus Schwab, pour nous mettre au pas.

En vrac ils pourraient (vous pourrez ajouter ce que vous voudrez naturellement) :

Supprimer le web contestataire et ne garder que le web abrutissant. Voyez Biden qui a fait interdire entre deux gargouillements 17 sites de la résistance.

Ils pourraient passer très vite à la confiscation des logements.

Ils pourraient passer à l’argent numérique encore plus vite que prévu et confisquer nos avoirs bancaires (que faut-il faire ? Acheter des monnaies mais un Gold Reserve Act nous attend au tournant).

Ils pourraient institutionnaliser définitivement les couvre-feux.

Ils pourraient récupérer le nationalisme débile qui est increvable en Europe et le systématiser contre la Russie, non pour envahir ce grand pays, mais pour nous faire mener une vie de crève-misère. Orwell le précise bien dans son livre-phare (un manuel du pouvoir, comme dit Lucien Cerise). Céline a parfaitement compris que le nationalisme est toujours le plus grand ami des Etats, et qu’un Etat totalitaire a toujours à gagner d’un regain de chauvinisme ou de jingoïsme. Et en Europe on n’en n’est jamais très loin.

Ils pourraient mettre en place le camp de concentration électronique, profitant comme toujours de la trouille et de l’abrutissement des populations.

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Attention, cette guerre devra être dosée. Il n’est pas question pour nos bourricots fascisés de vaincre la Russie : il est question de l’utiliser pour nous anéantir humainement, démographiquement (-20% de natalité depuis le Covid) et économiquement. Evidemment en anéantissant leur propre socle matériel ces imbéciles ne pourront écraser ni la Chine ni la Russie. Mais allez chercher une logique chez une secte ; comme disait Borges, les nazis veulent être battus.

Puissent-ils l’être et radicalement, et prochainement.

Orwell et le Reset, en attendant : « Le but primordial de la guerre moderne est de consommer entièrement les produits de la machine sans élever le niveau général de la vie. »

A lire: https://www.dedefensa.org/article/lantirussisme-a-la-lumiere-de-george-orwell

 

 

La stratégie italienne vis-à-vis de l'Asie centrale

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La stratégie italienne vis-à-vis de l'Asie centrale

Par Vincenzo D'Esposito

http://osservatorioglobalizzazione.it/progetto-italia/la-...

Située au centre de la mer Méditerranée, la péninsule italienne joue le rôle de charnière entre l'Orient et l'Occident depuis l'époque de Marco Polo. Avec la fin de la guerre froide, en particulier, il a été possible de lancer une activité importante pour promouvoir l'influence du Bel Paese dans les nouvelles républiques postsoviétiques d'Asie centrale. Dans cette stratégie, un rôle clé a été joué par les excellentes relations que Rome a pu cultiver avec les principales puissances régionales d'Asie centrale. La politique de l'Italie à l'égard des ‘’Stans’’ doit donc être lue à la lumière d'un large éventail de variables.

La recherche de ‘’Living Space’’

L'Italie est un État pauvre en matières premières. Au cours des deux derniers siècles, sa principale préoccupation a toujours été d'assurer un approvisionnement suffisant en matières premières et, en particulier, en combustibles fossiles. Cette nécessité a conduit Rome à s'impliquer, surtout après la seconde guerre mondiale, dans de nombreuses régions importantes en vue de leur extraction.

Compte tenu de la projection géoéconomique traditionnelle de l'Italie en tant que région, qui voit dans la Méditerranée dite élargie la principale zone d'influence du Bel Paese, il n'est pas surprenant qu'en termes de géopolitique énergétique, Rome soit allée bien au-delà de la région euro-méditerranéenne. Devant importer la quasi-totalité des combustibles fossiles nécessaires à son économie, l'Italie a, au fil des décennies, tissé des relations économiques avec d'innombrables États présents dans les principales régions extractives situées au-delà de sa sphère d'influence historique.

Au cours des dernières décennies, l'Italie a également dû faire face à l'essor économique de la Chine et de l'Asie du Sud-Est. Le développement des pays d'Extrême-Orient a entraîné une réorientation commerciale stratégique pour l'Italie, ce qui l'a amenée à considérer avec un intérêt croissant les territoires traversés par le projet géo-économique chinois des Routes de la Soie.

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La recherche de nouvelles régions d'où importer des combustibles fossiles et la nécessité de trouver un débouché pour les produits finis italiens vers l'Extrême-Orient ont placé l'Asie centrale dans une position de premier plan. Située à mi-chemin entre l'Europe et la Chine, cette région est devenue au fil des ans un élément fondamental de la vision géopolitique de l'Italie.

Pourquoi l'Asie centrale ?

L'ancien Heartland de Mackinder s'étendait de l'Arctique russe aux rives de la mer Caspienne, en passant par l'Himalaya et les hauteurs de l'Afghanistan. C'était un territoire pratiquement inaccessible depuis la mer, surtout au cours des siècles passés, lorsque la navigation dans l'Arctique était presque totalement absente et que les grandes puissances maritimes avaient du mal à pénétrer dans cette région vaste mais, par endroits, totalement inhospitalière. L'Italie, puissance maritime mais aussi partiellement terrestre, fait exception à cette règle. Depuis le Moyen Âge, en effet, les marchands génois et vénitiens ont commercé avec les riches villes qui ont surgi le long de la route de la soie. Le voyage de Marco Polo, de Venise à la Chine en passant par l'Asie centrale, est célèbre.

Cette région coincée entre la Chine, la Turquie, la Russie et l'Iran a donc appris très tôt à connaître les Italiens. Avec la chute de l'Union soviétique, un État qui considérait déjà l'Italie sous un jour beaucoup moins favorable que le reste de l'Occident, la région située de l'autre côté de la mer Caspienne a ouvert une multitude de possibilités aux entreprises italiennes. Poursuivant une politique de diversification des approvisionnements énergétiques, Rome a résolument visé ce territoire stratégique également pour les implications politiques qu'une coopération économique pourrait faciliter.

Les champs pétrolifères du Kazakhstan ont immédiatement attiré l'attention de la principale compagnie pétrolière italienne, ENI, qui a commencé à opérer dans le pays en 1992, en acquérant la concession en coopération avec Shell du champ de Karachaganak. Chaque jour, ENI extrait 240.000 barils de pétrole et 280 millions de mètres cubes de gaz de ce champ. Les autres champs kazakhs dans lesquels ENI est active sont Isatay, Abay et Kashagan. Un autre pays important en termes d'énergie est le Turkménistan, où l'Italie est entrée en 2008, toujours grâce à ENI, avec le champ pétrolifère de Burun dans la partie occidentale du pays. Dans ce cas, environ 3 millions de barils de pétrole sont extraits par an. Le dernier pays important du point de vue des ressources gazières et pétrolières est l'Ouzbékistan, auquel l'Italie accède à partir de 2021 par le biais d'une filiale d'ENI, Versalis, qui devrait construire un complexe chimique à Karakul.

Si la question énergétique reste la priorité pour guider l'approche de l'Italie en Asie centrale, les relations avec les États-Unis et l'Union européenne ne sont pas les mêmes.

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Si la question énergétique reste la priorité pour orienter l'approche italienne en Asie centrale, les relations cordiales que l'État a réussi à établir avec les cinq anciennes républiques soviétiques ont également favorisé des initiatives dans des secteurs autres que le pétrole et le gaz. Les investissements dans les énergies renouvelables au Kazakhstan, dans l'agriculture et la mécanique en Ouzbékistan et dans l'hydroélectricité au Tadjikistan ne sont que quelques-uns des vecteurs par lesquels Rome projette son influence le long de la route de la soie. Au Tadjikistan, en particulier, le géant Webuild, anciennement Salini Impregilo, construit ce qui sera le plus grand barrage d'Asie centrale: le barrage de Rogun.

Les gouvernements italiens ont été particulièrement attentifs aux États d'Asie centrale, s'attirant parfois même les critiques de la communauté internationale, comme dans l'affaire Shalabayeva. Les intérêts économiques qui lient Rome à Nursultan Nazarbaïev ont en effet conduit le gouvernement Letta de l'époque à renvoyer au Kazakhstan, en mai 2013, la femme du dissident Mukhtar Ablyazov et sa fille. Les juges de Pérouse ont appelé à juger les sept policiers impliqués et ont récemment décidé qu'il s'agissait d'un "enlèvement d'État".

Une région habitée par des acteurs différents

L'avantage majeur dont bénéficie l'Italie dans son approche de la région d'Asie centrale est toutefois lié aux relations particulièrement favorables qu'elle a établies avec les grandes puissances actives dans la région. La Russie, la Chine et la Turquie ont, en effet, des intérêts importants en Asie centrale.

La Russie, qui domine la région depuis plus de deux siècles, est particulièrement active dans les questions liées à la sécurité et à l'intégration eurasienne, avec un certain nombre d'organisations impliquant

Draghi, le dialogue entre Rome et l'Asie centrale revêt une importance fondamentale. Assurer la présence italienne le long des nouveaux canaux commerciaux vers la Chine à travers une chaîne d'États amis, bien huilés par les investissements et la collaboration politique, pourrait être un choix gagnant. Le monde regarde Moscou et les États d'Asie centrale. L'OTSC, la CEI et l'UEE sont les piliers qui soutiennent l'architecture que la Russie a mise en place pour lier à elle les anciennes républiques soviétiques d'Asie centrale.

La Chine, terminus historique de la route de la soie, a donné un nouveau souffle à ce projet, en le soutenant par des investissements importants. Les ‘’stans’’ ont été fortement intéressés par le flux d'investissements venant de Pékin, en en profitant pour moderniser leurs infrastructures et ouvrir leurs économies à un marché de près d'un milliard et demi de personnes. Enfin, en profitant du mécanisme multilatéral de l'OCS, la Chine s'est progressivement insérée dans la région également en termes de sécurité.

La Turquie est l'État qui est culturellement le plus proche des républiques d'Asie centrale, puisque celles-ci parlent le turc et ont une culture mongole-turque au nord et une culture perse-turque au sud. Moins présente sur le front de la sécurité, la Turquie se montre très active vis-à-vis de la région au-delà de la Caspienne par le biais du Conseil turc pour promouvoir l'idée du pan-turquisme. Le corollaire de cette idée devrait être une coopération économique et politique renforcée, que la Turquie poursuit à la fois sur le plan bilatéral et par un intérêt renouvelé pour l'ECO.

Des conditions favorables pour l'Italie

La relation historique privilégiée entre Rome et Moscou, ainsi que les relations positives que l'Italie a su créer avec la Turquie dans les principales zones où les deux sphères d'influence se chevauchent, jusqu'au dialogue positif existant avec la Chine, font de l'Italie un partenaire idéal pour les ‘’Stans’’.

Acteurs particulièrement affirmés dans la défense de leurs intérêts, les Etats d'Asie centrale trouvent dans le Bel Paese un canal privilégié de dialogue avec l'Union européenne. Rome est, en effet, le principal importateur de pétrole kazakh et l'un des plus grands investisseurs européens dans la région. La culture italienne est par ailleurs largement appréciée, tandis qu'au niveau national, un intérêt se crée à l'égard de ces pays si stratégiques dans le dessein géo-économique de relier l'Europe à l'Asie par les routes de la soie.

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Le gouvernement italien a mis en place en 2019 une table de dialogue Italie/Asie centrale qui sert à coordonner les politiques et les investissements vers une région qui devient de plus en plus attractive à cet égard. À ce niveau, le processus de libéralisation de l'économie de l'Ouzbékistan, le deuxième moteur économique de la région, qui permet aux investisseurs internationaux de considérer l'Asie centrale comme un ensemble de marchés complémentaires, a été très utile.

Du point de vue de la réorientation stratégique de l'Italie vers l'Est, malgré certains coups de frein du nouveau président vers l'Est et l'Italie aussi.

vendredi, 25 juin 2021

Bonnal et les élections régionales

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Bonnal et les élections régionales

 
Le Coup de Gueule de Nicolas Bonnal, rubrique de Café Noir du mardi 22 juin 2021. Publiée le jeudi 24 juin 2021.
 
 
Chroniques sur la Fin de l’Histoire https://www.amazon.fr/Chroniques-sur-...
 
LIVRES DE BONNAL CHEZ AVATAR EDITIONS
 
Louis Ferdinand Céline – La Colère et les Mots https://avatareditions.com/livre/loui...
 
 
Internet – La Nouvelle Voie Initiatique https://avatareditions.com/livre/inte...
 
Le Choc Macron – Fin des Libertés et Nouvelles Résistances https://avatareditions.com/livre/le-c...
 
SITE DE NICOLAS BONNAL: https://nicolasbonnal.wordpress.com/

La rencontre Biden-Poutine et le "moment-charnière" de l'OTAN - Orient-Occident, la fatalité d'un affrontement

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IERI - Institut Européen des Relations Internationales: info@ieri.be
 

La rencontre Biden-Poutine et le

"moment-charnière" de l'OTAN

 

Orient-Occident, la fatalité d'un

affrontement

 

Irnerio Seminatore

 

Le contexte général

Dans un contexte d'incertitudes, de tensions internationales et de désaccord de fond sur l'utilité de rencontrer le chef du Kremlin, aggravées par une pandémie politiquement douteuse, se sont tenus les Sommets du G7, de l'Otan, la Conférence USA-UE et la rencontre bilatérale Biden-Poutine.

Ces réunions, promues pour essayer de faire front commun face à la Chine ont été conçues comme un tout et seront analysées comme telles.

Au prélude des quatre journées de rencontres, le Sommet du G7 aux Cornouailles, s'est attelé à casser l'idée d'un déclin de l'Occident et du caractère obsolète du néo-libéralisme. Le souci de stabiliser le système économique mondial a pris la forme d'une tentative de régler les différends commerciaux (aéronautique, sidérurgie, fiscalité des multinationales etc.) et de définir une stratégie pour la création de grandes infrastructures, à l'image des "routes chinoises de la soie", à destination des pays émergents. Les thèmes de discussions et les limites des débats se sont soldés par une caractérisation sans nuances des régimes politiques des pays adverses, taxés d'être illibéraux (Russie) ou anti-démocratiques (Chine).

Le problème de l'unité ou de la crédibilité

Le problème politique de la crédibilité de l'Alliance (Sommet de l'Otan du 14), a été politiquement précédé par celui d'un autre type de crédibilité, celui de l'unité intérieure de l'Amérique, ébranlée socialement et racialement, par le passage de la tornade trumpienne, par celles de l'"America first", de la culture "woke" et d'un exercice déstabilisant du droit de vote aux minorités, préjugeant de la défense des droits de l'homme sur la scène internationale.

Ainsi le Sommet sur le "moment charnière" de l'Alliance en vue du "Duel du Siècle" est à corréler avec la réunion des 7 pays plus industrialisés, le G7 et, in fine, par la journée du 15 à Bruxelles, consacrée aux relations bilatérales USA-UE ! Leurs buts communs était évidents! Donner la priorité à l'isolement de la Chine et, à la désescalade avec la Russie. L'idée de créer une alliance mondiale des démocraties à deux pôles, l'Otan pour le théâtre européen et le Quad (Usa, Japon Australie et Inde) pour l'Asie-Pacifique, a justifié, en arrière fond, deux projets, une indépendance politique et une autonomie stratégique de l'Europe, à sortir de son état d'hibernation et la recherche d'un apaisement vis à vis de la Russie. Face à la résilience de l'Alliance atlantique et à l'influence grandissante de la Chine, la menace immédiate est apparue celle de la Russie (Ukraine et Bélarus, Pays Baltes) et la restauration de la confiance de la part des opinions, décisive à tous les égards.

La solidité d'un recours à l'Art 5 du traité, a été in fine reconfirmée (automatisme de la solidarité transatlantique et assurance dissuasive de la garantie de protection).

Quant au prolongement de la part des USA, pour la durée de cinq ans du traité "New Start (février 2021), facteur de stabilité stratégique et pilier de l'architecture internationale de maîtrise des armements nucléaires, la nouvelle dimension des bouleversements stratégiques a été reportée à la définition du futur concept stratégique "Otan 2030", à adopter au Sommet de Madrid de 2022.

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Ainsi, en conclusion, l'objectif annuel du Sommet de l'Otan du 14 juin 2021 a été atteint sur deux points:

- le renforcement de l'Otan, quant à sa crédibilité et sa cohésion politiques, identifiées par son Secrétaire Général, à "un moment charnière", autrement dit à la difficile transition du multilatéralisme à la multipolarité, et, au plan budgétaire, à un accroissement du budget de 260 milliards depuis 2014

- la préparation aux défis sécuritaires de demain, identifiés aux menaces représentées par la Russie et surtout par la Chine, "puissance militaire sûre d'elle même" et "intrinsèquement menaçante pour les États-Unis" (Jan Bond du Center for European Reform). Rétif à toute unité affichée E. Macron a voulu préciser que "la Chine ne fait pas partie de la géographie atlantique". Il semblerait refuser ainsi, le principe d'une rivalité systémique, ne concernant que les États-Unis.

Cependant, en passant des objectifs conjoncturels aux objectifs historiques et en considérant ce moment comme un tournant, ce sommet a eu pour finalité essentielle, d'évaluer la cohésion de l'alliance et la subordination de tous à l'autorité d'un seul, le Leader de groupe, Hégémon. Autrement dit, son destin et son rôle d'ordonnateur du monde, face aux deux perturbateurs supposés, la Russie et la Chine.

Orient et Occident

Le destin de l'Occident, parvenu à son "moment charnière", est né il y a vingt cinq siècles d'un autre tournant, la bataille des Thermopyles et de la poussée de Xerxès, roi des Perses, vers la Grèce antique. Ce vieux destin, porté par le "Fatum" tragique de la culture hellène, revient aujourd'hui aux grandes puissances de l'Orient, Gog, Magog et la Nation de l'Islam, et pourrait durer tout autant.

Une erreur stratégique, masquée de fatalité consisterait à accepter, voire favoriser une coopération froide et inégale entre la Russie et la Chine, oubliant le fameux piège de Thucydide.

Plus proche de nous et à propos de l'Asie Mineure,l'application des clauses du Traité de Sèvres (1920), sur le démembrement de l'Empire Ottoman et sa constitution en État national, a vu jadis l'humiliation d'Ankara, des génocides et de grands transferts de populations, sur lesquels revient la nostalgie d'Erdogan, soucieux de renverser ce traité et de reparcourir ce chemin à l'envers.

Au titre des spéculations invérifiables mais non invraisemblables, peut on dire que le principal défi à l'ordre civilisationnel du monde d'aujourd'hui n'est guère la puissance ni l'hégémonie, mais la civilisation occidentale elle même et que celle-ci demeure le fondement d'un système de conceptions et de forces qui, avec une philosophie et une métaphysique propres, ont façonné l'histoire de l'humanité?

Le "moment charnière" de l'Otan, la prise de conscience historique et la subordination de la démocratie à l'Hégémonie

Ainsi, qu'une alliance politique et militaire (l'Otan), à son "moment charnière" fonde sa prise de conscience historique sur un tournant, dans l'évolution de l'humanité toute entière et du monde comme géopolitique accomplie, est un paradoxe sans précédents.

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Du point de vue conjoncturel l'antagonisme sino-américain a pris le dessus sur le rapprochement russo-chinois, de telle sorte que la logique de la contingence transforme la nature traditionnelle des concepts et que la démocratie devient un instrument de l'hégémonie (et pas le contraire); une modalité pour garder ou pour atteindre le pouvoir global, puisque la protection et la sécurité sont conditionnées par l'obéissance (Hobbes).

Dès lors le débat sur le "destin national" (Liu Mingfu) quitte le terrain du politique pour devenir le mode de penser d'une civilisation en marche et d'un puissant univers qui ré-émerge et s'affirme (Chine).

La menace n'est plus seulement d'ordre militaire mais repose dans l'unité organique d'un "sens", qui mobilise les esprits et les forces de toute une époque et trouve sa forme accomplie non pas dans un régime politique précaire et abstrait (la démocratie et l'universalisme politique régnant et contingent), mais dans l'empire, la forme "perfectissima" du gouvernement des hommes, transcendant la politique et les changements séculaires des équilibres des pouvoirs.

Pouvons nous dire avec certitude qu'une hégémonie politico-culturelle sur l'Eurasie, plus encore qu'une supériorité politico-stratégique menace l'indépendance des autres États du monde et l'existence même de leur souveraineté?

Rien n'est moins sûr, car le critère de l'ami et de l'ennemi reste latent dans la politique intérieure et sert à briser toute opposition (Navalny, Hong-Kong), remettant en cause la distinction traditionnelle de légalité et de légitimité, poussée à son extrême dans la politique internationale. L'ennemi devient une puissance objective et c'est là, dans les "moments charnière" de Stoltenberg, que la tension latente devient active et maintient l'histoire du monde en mouvement

La confiance stratégique et la coopération authentique d'un Sommet pourront elles interdire, freiner ou retarder la confrontation ou le "duel du siècle"? De la part de qui et sous quelle forme viendra-t-elle la décision? Sera-t-elle individuelle ou collective, proche ou à long terme, vue l'énormité des enjeux et la rupture de la digue, fissurée par l'antagonisme des mondes, qui retient l’Himalaya et le Tibet de leur glissement tectonique vers les deux Océans, indien et Pacifique?

Rappelons que:

- "l'Alliance Atlantique est une alliance politique et militaire à caractère défensif entre les peuples des deux bordures de l'Atlantique et elle a pour but de promouvoir les valeurs démocratiques, de résoudre pacifiquement les différends et de décider par consensus.

Ces principes ont ils la même valeurs à l'intérieur d'une même civilisation, ou à l'extérieur de celle-ci, et deviennent-ils caduques entre civilisations hétérogènes?

USA- UE

Avant de rejoindre Poutine à Genève, l’aplanissement des relations commerciales avec l'UE apparaissait indispensable. Ici aussi, l'idée de faire un front commun face à la suprématie chinoise en matière d'aviation et de contrer les pratiques déloyales de Beijing a permis d'enterrer le conflit entre Airbus et Boeing, qui a duré 16 ans sur le soutien de la part des deux administrations à leurs industries respectives. Ce différend a déjà coûté 10 milliards de dollars aux deux entreprises. La volonté de coopération a prévalu enfin dans le but d'aborder d'autres importants défis mondiaux et a coïncide avec la présentation du rapport du Haut Représentant Européen pour les Affaires Étrangères et de Sécurité, Mr J.Borrel au titre "Riposter, contraindre, dialoguer".

La rencontre Biden-Poutine

Or, des quatre journées des colloques précédents, Biden et Poutine ont tiré profit d'une clarification concernant la multiplications des contentieux. Le but en a été de maintenir les contacts et les canaux de communication, maîtrisés par deux hommes aux styles si différents; expérimenté en politique étrangère le premier (Biden) et calculateur le deuxième, à faible légitimité interne l'américain et au consensus indiscuté le russe. Un style qui, du côté atlantique, se fonde sur l'exigence de prédictibilité et de stabilité stratégiques, dictées à un Occident plein de doutes, qui a interdit aux capacités américaines, engagées sur deux fronts, de prendre l'avantage stratégique sur la Chine.

Représentants d'un pays divisé (l'américain) et d'une opposition verrouillée dans l'autre et donc, respectivement, en position de faiblesse et de force, le Russe n'exigeant rien en contre-partie et l'Américain se satisfaisant d'une rhétorique démocratique creuse.

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Le désaccord entre les deux pays ont porté cependant sur trois points dirimants:

A.

- les lignes rouges respectives, sur lesquelles il est impossibles de transiger, sous peine d'écroulement des deux pouvoirs et de leur glissement dans le chaos

- pour la Russie (l'adhésion de l’Ukraine à l'Otan,perçue comme une menace existentielle),

- pour les États-Unis (les attaques directes par le cyberespace, décuplicatrices d'actions subversives et de paralysie infrastructures vitales, qui appartiennent désormais au domaine de la sécurité nationale).

En effet le monde interconnecté du XXIème siècle multiplie les possibilités d'actions offensives et les anciennes techniques de désinformation, d'intoxication et de propagande, qui ont changé d'échelle, grâce aux réseaux sociaux, interfèrent dans les processus électoraux au plus haut niveau et restreignent ou altèrent le concept de souveraineté, comme capacité de décision et de réponse, dont l'importance militaire, stratégique et sociétale brouille les postures d'attaque et de défense.

B.

- le deuxième regroupement de questions, a concerné la stabilité stratégique, à l'échelle globale et européenne, ainsi que toutes les questions connexes, exigeant confiance et transparence sur un problème existentiel

C.

- les questions virtuellement coopératives (non prolifération, conflits régionaux), ont constitué le troisième regroupement de questions à résoudre et ont fait partie de la troisième corbeille

Cependant, au delà de leurs divergences Biden et Poutine avaient un intérêt commun et partagé, la montée en puissance de l'Empire du milieu. La recherche de la stabilité, totalement antinomique par rapport à l’habilitée de Poutine de surfer sur l'imprévisible, n'interdiraient pas, en théorie, une convergence stratégique à long terme entre l'Amérique et la Russie et la possibilité d'aborder ensemble d'importants défis mondiaux. Cette hypothèse autoriserait une certaine coopération dans la résolution de conflits régionaux (Afghanistan et Iran). De surcroît la rencontre Biden-Poutine a apporté la preuve du caractère creux de toute rhétorique de fermeté et, en conclusion, du caractère incontournable de la Russie à l'échelle globale.

Orient-Occident. La fatalité d'un affrontement

Or, les réflexions inspirées par la rencontre Biden-Poutine ne peuvent nous tromper ni nous bercer d'illusions.

Leur face à face est inscrit dans un désaccord fondamental, que résume bien l’expression latine Pugna cessat, bellum manet! (la bataille cesse, mais la guerre demeure).

La paix de notre temps découle, par sa nature précaire, de la latence belliqueuse du conflit, "l'intention hostile". Conformément à des préoccupations étendues, opinions et analystes s'interrogent sur le type de paix que nous vivons, d'équilibre au niveau du système et d'hégémonie ou d'empire, selon les acteurs et les sous-systèmes régionaux.

Une autre caractéristique frappe les esprits, épris par l'angoisse des rendez vous qui nous attendent, l'hétérogénéité des civilisations et leur choc annoncé, face à la fatalité de la guerre, dont la dialectique oppose les États, les sociétés et la constellation d'acteurs, exotiques et sub-étatiques, qui peuplent le monde de la multipolarité et qui sont porteurs à leur tour de subversions, de révolutions et d'utopies.

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En ce qui concerne l'Europe, la suggestion de faire de celle-ci une puissance d'équilibre entre l'Amérique et la Russie, aurait la signification historique de prévenir et d'arbitrer un conflit éventuel entre l'Est et l'Ouest et d'unifier en un seul sous-système l'hémisphère nord de la planète, en sauvegardant la civilisation de l'Occident du tsunami superposé de l'islamisme et de l'Orient confucéen.

Cependant nous pouvons en déduire politiquement, par une sorte d'analogie hasardeuse, que la perte de l'unité stratégique de l'Occident, la crise des démocraties, l'émergence de régimes autoritaires et l'ère de la démondialisation actuelle, coïncident avec une période d'amplification des dangers, représentés par des ruptures de la rationalité dissuasive et, au niveau conventionnel, par des combats déréglés, hybrides et hors limites.

Enfin, compte tenu de l'hétérogénéité du système, cette situation engendre une stratégie défensive de la part de l'Hegemon, consistant à anticiper la dissidence de membres importants de la communauté d'appartenance (sortie de la Grande Bretagne de l'UE et éloignement de l'UE des États-Unis), en maintenant au même temps la cohésion des alliances (OTAN).

La rivalité existante passera-t-elle d'une confrontation froide à une forme d'antagonisme chaud ? Les désillusions d'Obama, d'avoir voulu instaurer un dialogue de confiance avec Xi Jinping, constituent aujourd'hui le socle de l'accord bipartisan sur un "containement" de la Chine, qui dépasse largement les fractures irréparables de la société américaine.

Or, si l'histoire du monde se fera au XXIème siècle en Asie, la dynamique multipolaire la plus dangereuse et qui pourra prendre la forme d'une "rupture tectonique", sera l'inversion du rapport de prééminence entre les États-Unis et la Chine.

Ce tournant justifie la prise de conscience historique du "containement" des Thermopyles de l'antiquité, défini de "moment charnière" par le Secrétaire Général de l'Otan, Jens Stoltenberg, un moment symbolique, concernant la poussée millénaire de l'Orient sur l'Occident.


Bruxelles le 21 juin 2021.

jeudi, 24 juin 2021

La Russie: retour à l'Europe de l'Atlantique au Pacifique

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La Russie: retour à l'Europe de l'Atlantique au Pacifique
 
Pierre-Emmanuel Thomann
 
Ex: https://www.facebook.com/profile.php?id=100009416474466
 
Une tribune de Vladimir Poutine, plaidant pour une «Europe de l'Atlantique au Pacifique», à l'occasion de l'anniversaire de l'offensive allemande contre l'URSS en 1941 il y a 80 ans, a été publiée dans le journal Die Zeit . le 22 juin.
 
Cette tribune démontre que la stratégie géopolitique de la « Grande Eurasie » de la Russie (qui est aussi associée à un pivot vers l'Asie), n'est pas dirigée contre l'Europe, mais offre une réinitialisation des relations entre l'UE et la Russie, pour promouvoir un meilleur équilibre entre la vision euro-atlantiste exclusive d'un grand Occident ( sous le slogan d'une « alliance des démocraties » avec les Etats-Unis comme chefs de file) et une « Grande Asie » avec pour centre de gravité la Chine et de son projet des routes de la soie.
 
Cette proposition est opportune pour positionner la Russie dans le contexte de la nouvelle présidence américaine et la tournée récente de Joe Biden en Europe, l'élection du futur chancelier en Allemagne à l'automne, et la présidentielle en France en 2022.
 
Vladimir Poutine se réfère d'ailleurs au général de Gaulle :
« Nous espérions que la fin de la guerre froide serait synonyme de victoire pour l'ensemble de l'Europe. Dans peu de temps, semble-t-il, le rêve de Charles de Gaulle d'un continent uni deviendra une réalité, non pas tant sur le plan géographique, de l'Atlantique à l'Oural, que sur le plan culturel et civilisationnel, de Lisbonne à Vladivostok. »
Le choix du journal Die Zeit, un média allemand, n'est pas anodin. Il reflète aussi la réalité géopolitique européenne, avec l'Allemagne devenue la puissance centrale de l'UE.
 

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Ce média est proche de la SPD (gauche libérale), qui se réfère encore parfois à l'Ostpolitik de Willy Brand inspiré par Egon Bahr dans les années 70.
 
Le général de Gaulle avait promu et anticipé dès les années 60 une Europe de l'Atlantique à l'Oural lorsque la Russie serait sortie du communisme tandis que la chancelier allemand Willy Brand avait promu l'Ostpolitik pour opérer un rapprochement entre l'Allemagne de l'Ouest et l'URSS et les membres du pacte de Varsovie. L'objectif était de faire baisser les tensions dans le cadre de la guerre froide mais aussi avec en ligne de mire l'Allemagne de l'Est pour créer les conditions d'une future réunification. L'Ostpolitik a contribué à la chute de l'URSS selon les Allemands. Après la guerre froide, l'Allemagne avait proposé un partenariat économique avec la Russie en 2007 dans le cadre de sa vision d'une « Europe de Lisbonne à Vladivostok ». Plus récemment, Dimitri Medvedev a remis sur la table l'idée d'un traité de sécurité entre l'Europe et la Russie au lendemain de la guerre Russie-Géorgie en 2008 et avait obtenu le soutien (déclaratoire) de Nicolas Sarkozy. Enfin Emmanuel Macron a proposé une nouvelle architecture européenne de sécurité avec la Russie en 2018 .
 
Ces initiatives pour une entente continentale après la guerre froide n'ont pas débouché sur une nouvelle configuration géopolitique européenne, car la vision euro-atlantiste est restée la boussole géopolitique principale des Etats membres de l'OTAN et l'UE. La rivalité géopolitique franco-allemande a aussi empêché de construire une synergie géopolitique franco-allemande. L'Allemagne s'est toujours méfiée jusqu'à présent de la vision du général de Gaulle susceptible de remettre en cause l'ancrage à l'ouest de l'Allemagne et son lien privilégié avec les Etats-Unis. La France s'est aussi inquiétée d'une déplacement du centre de gravité géopolitique européen vers l'Allemagne à l'occasion d'un rapprochement germano-russe.
 

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Comment surmonter cet obstacle ? Il y aurait aujourd'hui des avantages géopolitiques tant pour la France que pour l'Allemagne, mais aussi leurs partenaires européen à négocier un pivot vers la Russie, afin de ne pas rester enfermés dans la rivalité croissante entre les Etats-Unis et la Chine, d'autant plus que la Russie propose une réinitialisation des relations avec l'Europe de l'Ouest. Un rapprochement franco-russe sur les questions géostratégiques et un rapprochement germano-russe sur les questions économiques, pourraient contribuer à surmonter la fracture en plein cœur de l'Europe avec la Russie. Sur le modèle de l'Europe des nations, il s'agirait d'atteindre un meilleur équilibre géopolitique dans le monde, au niveau pan-européen, mais aussi entre la France et l'Allemagne au sein d'un nouveau triangle franco-germano-russe.
 
L'Allemagne et la France sauront-elles saisir cette fois-ci cette nouvelle occasion ?
 
Cartes :
 
-Projet russe de Grande Eurasie
-Nouvelle architecture géopolitique européenne

mercredi, 23 juin 2021

Qui veut la peau de Loukachenko ?

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Café Noir N.28

Qui veut la peau de Loukachenko ?

 
Café Noir – Un Autre Regard sur le Monde. Émission du vendredi 18 juin 2021 avec Pierre. Le Vigan, Gilbert Dawed, Modeste Schwartz et Xavier Moreau Modeste SCHWARTZ résidant en Suède auteur et spécialiste des pays de l'Europe post-communiste. Xavier MOREAU résidant en Russie auteur et spécialiste des pays de l'espace post-soviétique.
 
Stratpol (la chaine Youtube de Xavier Moreau) https://www.youtube.com/channel/UCoQa...
 
Le Magicien de Davos – Modeste Schwartz – Culture & Racines https://www.cultureetracines.com/essa...
 
 
INDEX (cliquer pour naviguer la vidéo)
00:00 - Introduction
00:43 - Vol Ryanair
06:17 - La Dernière Dictature en Europe
11:19 - La Dernière Dictature en Europe 2
16:33 - Les ONG
23:56 - L'Opposition Occidentalisée 1
29:22 - L'Opposition Occidentalisée 2
36:24 - Relations Biélorussie et USA
39:57 - Relations Biélorussie et Russie 1
42:55 - Relations Biélorussie et Russie 2
48:57 - Biélorussie et Russie : Coopération Militaire 1
51:08 - Biélorussie et Russie : Coopération Militaire 2

Revue de Presse de CD - 20 juin 2021

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Revue de Presse de CD - 20 juin 2021

ALLEMAGNE

Énergie : l’Allemagne attaque la France et menace l’Union européenne

L’Allemagne s’est attelée à détériorer méthodiquement la compétitivité énergétique et industrielle de ses voisins européens, et notamment celle de son partenaire privilégié, la France.

Contrepoints

https://www.contrepoints.org/2021/06/17/399712-energie-la...

ETATS-UNIS

Anthony Fauci, ex champion des super-virus et menteur, craint pour son matricule

Anthony Fauci, super-vedette scientifique, anti Trump, star mondiale de la galaxie libérale libertaire, vient de se faire prendre en flagrant délit de fake news, les doigts tout poisseux juste sortis du pot de confiture du mensonge. Récit.

OJIM

https://www.ojim.fr/anthony-fauci-ex-champion-des-super-v...

EUROPE

L'islamisation forcée de la Bosnie-Herzégovine pendant la guerre des Balkans

Les Bosniaques, les Serbes et les Croates sont un seul et même peuple de la famille slave qui est arrivé dans les Balkans vers le 7e siècle de notre ère. Ils parlent la même langue, le serbo-croate, bien que chaque pays l'appelle différemment: serbe, bosniaque ou croate – langue que les Croates et les Bosniaques écrivent avec l'alphabet latin, tandis que les Serbes utilisent le cyrillique. Mais il existe un élément qui les différencie au point de les opposer et de les rendre hostiles les uns aux autres tout au long de l'histoire : la religion.

Euro-synergies

http://euro-synergies.hautetfort.com/archive/2021/06/05/l...

L’Europe : un terrain de jeux de guerre pour la stratégie américano-otanienne

En 2020, la mobilité terrestre des personnes dans l’Union européenne a été paralysée par les verrouillages, principalement à la suite du blocus du tourisme. La même chose s’est produite dans la mobilité aérienne : selon une étude du Parlement européen (mars 2021), elle a subi une perte nette de 56 milliards d’euros et 191 000 emplois directs, plus d’un million dans les industries connexes. En 2021, la reprise s’annonce très problématique. Un seul secteur a fortement accru sa mobilité en allant à l’encontre de la tendance : le secteur militaire.

Euro-Synergies

http://euro-synergies.hautetfort.com/archive/2021/06/07/l...

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Brexit : décryptage d’une guerre informationnelle au cœur de l’Europe

Le 23 juin 2016, les électeurs du Royaume-Uni se prononçaient par référendum à 52% en faveur d’un retrait de l’Union européenne. A la veille de Noël 2020, après quatre ans et demi de négociations et surtout de combats, un accord de commerce et de coopération définissant les termes de ce retrait a finalement été trouvé. Mais à quel prix, pourrait-on se demander. Derrière les discours souverainistes et identitaires, l’enjeu de ce Brexit était bien économique et la guerre fut sans pitié sur le champ informationnel.

Ecole de guerre

https://www.ege.fr/infoguerre/brexit-decryptage-dune-guer...

Le menu est uniquement américain, l'Europe n'existe pas !

Sommet de l'OTAN. La réunion de l'alliance atlantique s'ouvre sous les "meilleurs auspices". Outre l'ennemi numéro un, la Chine, et l'ennemi traditionnel, la Russie, on peut aussi penser qu'une nouvelle campagne humanitaire du front des "démocraties libérales" va s'enclencher pour exporter peut-être davantage de déstabilisation, après l'Afghanistan, l'Irak, la Syrie et la Libye. L'Europe n'aime pas ça, mais elle acquiesce.

Euro-synergies

http://euro-synergies.hautetfort.com/archive/2021/06/13/l...

FRANCE

Non, M. Attal, le pass sanitaire, ce n’est pas la liberté !

Les seuls rassemblements assujettis au pass sanitaire sont ceux qui relèvent des activités de loisirs et des salons professionnels. Tout ce qui est politique, syndical ou cultuel y échappe.

Contrepoints.org

https://www.contrepoints.org/2021/06/12/399421-non-m-atta...

Le système Macron est un simulacre

La République est donc en danger, la France d’en haut nous le serine sans désemparer depuis quelques jours. En cause évidemment l’incident survenu à Tain-l’Hermitage où devant des caméras, Emmanuel Macron a été l’objet d’une tentative de gifle. Il faut rappeler que celui-ci est en tournée électorale a priori illégale pour soutenir les candidats de son pauvre parti aux élections régionales et départementales, dont on sait bien qu’elles risquent pour eux d’être cuisantes.

Vu du Droit

https://www.vududroit.com/2021/06/le-systeme-macron-est-u...

GEOPOLITIQUE

Il n'y a pas de démocraties ni d'autocraties, seulement des gouvernements

La division du monde en "démocraties" et en "autocraties" est un reflet inexact de la réalité. Il n'y a que des gouvernements, et chacun d'entre eux comporte des éléments de ces deux catégories, bien qu'à des degrés divers selon les particularités du modèle national effectivement en vigueur.

Euro-Synergies

http://euro-synergies.hautetfort.com/archive/2021/06/06/i...

TOTALITARISME

La différence entre les régimes totalitaires et les démocraties du « monde libre »

Les régimes totalitaires perpètrent des massacres et des guerres. Les démocraties libres mènent des « interventions humanitaires ». Les régimes totalitaires perpètrent des massacres et des guerres. Les démocraties libres mènent des « interventions humanitaires » Les régimes totalitaires recourent à la torture. Les démocraties libres utilisent des « techniques d’interrogatoire améliorées ». Les régimes totalitaires financent des groupes terroristes pour créer l’instabilité. Les démocraties libres financent des groupes de « rebelles modérés » pour « créer la stabilité ». Dans les régimes totalitaires, des dictateurs malfaisants bombardent leur propre peuple. Dans les démocraties libres, nous le faisons pour eux.

Le Cri des Peuples

https://lecridespeuples.fr/2021/06/13/la-difference-entre...

mardi, 22 juin 2021

Extraits de la revue de presse de Pierre Bérard, 18 juin 2021

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Extraits de la revue de presse de Pierre Bérard, 18 juin 2021

Dans un long entretien avec Martial Bild (principal animateur de la Tv-libertés) Patrick Buisson déroule le point central de son dernier livre La fin d’un monde. Pour lui les « quinze piteuses » se déroulent entre 1960 et 1975, période charnière qui fabrique l’homme nouveau ou l’homo-économicus c’est à dire l’homme érigé en simple consommateur. C’est d'après lui le premier Grand Remplacement, celui qui annonce tous les autres. Ce qui le caractérise c’est qu'il n’implique aucune population étrangère. La mort qui était depuis des dizaines de milliers d’années un événement spirituel se transforme en simple accident biologique. Fin de l’homme religieux, attaché à un sacré quel qu’il soit. Assomption de l’individu que plus rien ne dépasse. C’est une révolution anthropologique majeure. 1965 c’est aussi la fin du concile de Vatican II et l'effondrement de la pratique religieuse ainsi que le début de ce que l’historien Pierre Chaunu a appelé « La peste blanche » à savoir l’effondrement des naissances en France et en Europe. Une fois liquidé le rituel pagano-chrétien qui irrigua l’âme du pays durant des siècles au profit d’une nouvelle foi intellectualisée et finalement abstraite en lieu et place de l’incarnation qui la caractérisait jusqu’alors. Buisson explique qu'elle a chassé tous les catholiques par tradition sociologique et familiale hors de l’Église. Partant de ce fait majeur il justifie le rejet par les cultures étrangères demeurées dans l’orbite du sacré le refus de s’adapter en France à un mode de vie qui n’est plus surplombé par une quelconque référence à ce qui peut dépasser l’individu devenu créateur de lui-même. C’est ainsi que le nihilisme occidental devenu notre lot commun depuis une cinquantaine d’années justifierait à ses yeux la sécession d’un islam conquérant. Il illustre cela en proclamant de manière caricaturale sa préférence pour le voile islamique plutôt que pour la femme en string ignorant visiblement qu’au moyen âge européen, par exemple, les femmes se rendaient nues avec les hommes aux bains publics sans que pourtant on ne puisse invoquer la moindre présence « occidentale » à une période aussi précoce. Je me demande si le christianisme qu’il prend pour modèle n’est pas celui, pudibond, de la contre-réforme catholique ou de l’Angleterre victorienne ?

https://www.youtube.com/watch?v=DNZFz0C6xus...

Long entretien de Livre Noir avec Éric Zemmour dans lequel il dessine les grandes lignes d’un programme politique. L’un des plus célèbres essayiste et journaliste de France s’y dévoile en racontant ses origines juives et bérbères, la tradition assimilationniste dans laquelle il a vécu, mais à laquelle il ne croit plus. Les différences insurmontables entre l’islam et le catholicisme. Il revient également sur ce qu’il faut entendre par laïcité. La grande histoire dont il est passionné depuis son jeune âge et qui n’inspire plus les politiciens contemporains alors qu’elle devrait être leur code. Zemmour toujours habile dans ses mots sera-t-il bientôt au coeur de l’action ? Question urgente dit-il puisque personne ne propose de solutions à son diagnostic. Sans doute n’a-t-il jamais été aussi explicite sur ses intentions. Reste à savoir si il dispose de l’argent, des équipes, des réseaux etc pour les mener à bien : 

https://www.youtube.com/watch?v=c-4gCW2qUCM&t=6s...

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L’éolien du rêve à la réalité. Recueillant près de 80% d’opinions favorable, les éoliennes sont devenues ces dernières années les symboles de la transition énergétique. L’envers du décor est bien plus sombre. L’installation des éoliennes en France et en Europe repose sur une quadruple escroquerie. Ecologique notamment pour la bonne raison qu’elles ne peuvent fonctionner que 25%  du temps et que lorsqu’elles fonctionnent c’est de 20% à 30% de leur puissance installée. Leur intermittence implique qu’elles soient couplées à des centrales au gaz rejetant du CO2 à effets de serre. La base d’une éolienne comporte 1500 tonnes de béton et de ferraille, le mat de 300 tonnes d’acier nécessite plus de 200 tonnes de charbon (générateur de CO2) pour sa fabrication et un transport couteux quand il vient de loin, les pales contiennent 2 à 3 tonnes de terres rares venues de Chine, ce qui aggrave notre dépendance et 90 tonnes de matériaux composites non recyclables, raison pour laquelle on les enterre après 20 ou 25 ans d’usage. La charge de la dépollution de leur immense base en béton reste à la charge des propriétaires des lieux, généralement de petites communes rurales sans le sou. On comprend dés lors l’arnaque qu’elles représentent sans compter le souci du paysage qu’elles détériorent. Il est vrai qu’elles sont toujours implantées à la campagne dans le rural profond qui n’est pas la préoccupation majeure des écolos urbains où se recrute une large majorité de leurs thuriféraires. Même les champions allemands de l’éolien commencent à reculer devant ce gouffre financier inefficace, c’est dire :

https://www.youtube.com/watch?v=Vf9EbpzDvoY...

Remarquable texte d’Hervé Juvin sur l’écologie différentielle des peuples. Il y déclare notamment « J’ai dénoncé la supercherie d’une écologie hors sol, globaliste, déraciné. J’ai affirmé que la diversité des cultures et des conceptions de la vie était notre assurance de survie ; nous survivrons parce que les hommes ne sont pas les mêmes, ne désirent pas les mêmes choses, et ne veulent pas tous devenir des Californiens comme les autres » :

http://metapoinfos.hautetfort.com/archive/2021/06/01/a-pr...

Les druides, prêtres des peuples celtes. Dans ce documentaire qui commence par une séquence folklorique sur le druidisme contemporain la parole est donnée à des archéologues irlandais, allemands et français. On ne sait pas grand chose d’eux puisque ils n’ont laissé que de rares sources écrites. Bien que sachant écrire en grec ou en latin ils faisait davantage confiance à la mémoire pour la transmission des savoirs. Depuis une trentaine d’années notre connaissance à leur propos s’est considérablement étoffée grâce aux nombreux chantiers de fouilles réalisés de la Pologne à l’Irlande. Émission d’Arte : 

https://www.arte.tv/fr/videos/098376-000-A/les-druides-pr...

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La revue Nouvelle École vient de faire paraître un numéro en quadrichromie consacré à l'écrivain J.R.R. Tolkien qui du Silmarillon au Seigneur des anneaux a créé un monde de « féérie » (faërie). Cette parution est un somme magnifiquement illustrée pour tous les adeptes de l’imaginaire de Tolkien. Première référence, les différents articles du numéro. Seconde référence, une brève critique d’Éric Garnier pour le site de l’Iliade :

https://www.revue-elements.com/produit/j-r-r-tolkien/?utm...

https://institut-iliade.com/tolkien-le-refondateur/...

Excellente émission d’I-Média du jeudi 3 juin. Un décryptage des médias opéré par Jean-Yves Le Gallou et Nicolas Faure qui montre comment la presse de propagande occulte certains faits et en majore d’autres, toujours dans le même but : délivrer à jet continu les leçons de l’Empire du Bien contre une réalité qui se montre de plus en plus rétive à ses diktats :

https://www.polemia.com/i-media-n351-cergy-lincroyable-re...

Au cours de ce même colloque avait lieu une table ronde sur le thème Décroissance et puissance sont-elles compatibles ? Elle réunissait Pascal Gauchon, normalien, agrégé d’histoire et ancien directeur de la collection Major aux PUF ainsi que de la revue Conflits, Olivier Rey, polytechnicien et philosophe et enfin François Bousquet, rédacteur en chef de la revue Éléments. À première vue il n’est pas possible de concilier la puissance avec la décroissance comme le suggère le deuxième principe de la thermodynamique, la recherche d’une puissance toujours accrue nous conduit droit dans le mur d’un effondrement généralisé de la société industrielle selon la logique qui veut qu’une croissance infinie soit impossible dans un monde fini aux ressources rares et en déplétion. Et pourtant dans le monde concurrentiel aucune nation n’acceptera de décroitre volontairement puisque cela signifierait pour elle un déclassement qui en ferait la proie de ses concurrents. Question globalement indécidable selon Rey et Bousquet qui émettent cependant l’hypothèse d’une croissance encouragée de nos moyens de défense (et de la technologie qui va avec) et d’une décroissance du reste de nos activités. Hypothèse qui laisse de marbre Gauchon qui donne dans l’optimisme technologique en imaginant que les techniciens trouveront les moyens d’échapper à cet horizon bouché :

https://www.youtube.com/watch?v=1SfHGfwg_LM&t=2s...

Martial Bild (Tv-Libertés) reçoit Michel Geoffroy pour son opuscule intitulé Immigration de masse - L’assimilation impossible. Au cours de l’émission celui-ci, énarque et ancien haut fonctionnaire, membre de la Fondation Polémia, développe toute un batterie d’arguments à l’appui de sa thèse et appelle les peuples européens à tirer au plus vite les conséquences de ce fait inédit afin de relever le défi civilisationnel que cette immigration de masse nous lance :

https://www.tvlibertes.com/zoom-michel-geoffroy-immigrati...

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Remarquable entretien avec le philosophe Vincent Coussedière réalisé par Charlotte d’Ornellas pour l’hebdomadaire Valeurs Actuelles. Pour rendre compte des immenses problèmes que pose l’archipel des communautés en France Coussedière remonte à l’origine c’est à dire à l’édification des sociétés modernes basées sur l’individu. Il en examine la longue dérive depuis les Lumières jusque à Jean-Paul Sartre dont il fait d’une certaine manière le père de l’identitarisme contemporain. Il distingue la « communauté musulmane » détentrice d’une véritable civilisation des autre communautés inventées récemment comme celles des végans, des lgbt+ ou de celle des féministes etc qui ne sont pas des communautés au sens propre puisqu’elles ne se définissent que par un seul trait particulier. Elles sont très pauvres en terme de signification alors que l’islam se définit par une multitude des traits identitaires qui en font un autre monde que celui qui a défini l’Europe jusqu’à présent. Il s’inquiète également de la non assimilation des jeunes européens à un quelconque modèle. L’assimilation se faisant par les lois de l’imitation définies par le sociologue Gabriel Tarde.

C’est parce que nous ne sommes plus capables de poursuivre des buts communs que surgit la question de l’identité définie comme une essence qui supplée à l’absence de buts politiques. Raison pour laquelle nous cherchons dans une identité phantasmée le but de notre action. Afin de remédier à l’absence de projets dans laquelle nous sommes plongés, Coussedière suggère de recourir au passé européen dans lequel nous pourrions puiser de nombreuses ressources. Cela implique un autre rapport au passé que celui induit par le progressisme culpabilisateur et des élites politiques qui n’incarnent plus rien de tout, à commencer par le modèle de la civilisation française. Il faut, dit-il, retrouver le vrai sens de la politique qui est la païdeia, une éducation pouvant fournir un modèle que le peuple souhaite imiter. Nous en sommes hélas fort éloignés

https://www.breizh-info.com/2021/06/14/166052/aux-racines...

Le site d’Éléments propose dans une vidéo de 80 minutes le portrait d’Olivier Rey, un penseur brillant, lucide et bien entendu très original qui a le double avantage de mêler sa formation de polytechnicien à une culture de philosophie. Il est connu essentiellement pour son livre Une question de taille, une réflexion sur la loi d’airain du nombre. c’est à dire que les dimensions quantitatives à partir d’un certain moment-seuil posent des questions qualitatives qu’ont tendance à occulter des philosophes qui se déplacent uniquement dans les abstractions. À partir du moment où né une science mathématique de la nature, dit Olivier Rey qui se donne comme idéal la mesure Au total une réflexion très intéressante dans laquelle les politiques devraient se plonger. Il est interrogé ici par François Bousquet :   

https://www.youtube.com/watch?v=akS23Zwzh80&t=4s...

Dans une nouvelle vidéo Ego Non se penche avec perspicacité sur un des premiers textes politiques de Charles Maurras Trois idées politiques, Chateaubriand, Michelet, Sainte-Beuve, à partir duquel ce dernier renvoie dos à dos le sentimentalisme romantique et passéiste de la droite et le sentimentalisme progressiste de la gauche en proposant des solutions de dépassement de cette dialectique infernale. Ce livre très bref (une cinquantaine de pages) constitue une ébauche de l’oeuvre à venir en même temps qu’un appel à l’action contre les naufrageurs et amis du désastre qui résonne de façon très contemporaine :

https://www.youtube.com/watch?v=zj5Xdsb5Zig... 

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Guillaume Travers dévoile un peu de sa personnalité dans cette interview donnée à la chaîne des conservateurs européens, The Conservative Enthusiast. Il en ressort que Travers est comme il le dit lui même « un gros travailleur » et qu’il sortira dans les mois qui viennent plusieurs ouvrages dont il nous livre l’ébauche. Localiste et écologiste, il déplore la colonisation de celle-ci par des mouvements d’extrême gauche qui en dénaturent le sens; toute écologie affirme-t-il est nécessairement enracinée comme tous les écosystèmes sont évidemment particuliers. Se montrant assez rebelle à la notion de conservatisme il préfère se dire « révolutionnaire-conservateur » et regarder vers l’avenir pout y incarner sous des formes nouvelles des valeurs fondatrices et donc éternelles. Enfin il déplore l’effacement contemporain de l’Europe comme civilisation et entend y mettre un terme avec tous ceux qu’il encourage à partager les finalités de son action. Pour compléter cette présentation on peut lire dans la dernière livraison d’Éléments l’article très instructif qu’il a consacré à la politique catastrophique du sol  entreprise en France depuis quelques décennies :

Interview TCE #22 - Guillaume Travers - The Conservative Enthusiast

Marine Le Pen vient de reconnaitre qu’une fois élue elle ne toucherait pas au Conseil d’État ni au Conseil Constitutionnel et que la France continuera de reconnaitre les arrêts de la Cour Européenne des Droits de l’Homme c’est à dire que nous ferons droit aux instances qui ont transformé notre pays et l’ensemble de l’Europe de l’ouest en un vaste caravansérail diversitaire de populations désunies et potentiellement affrontées. Mettre fin à la participation française aux organismes judiciaires de l’Union européenne ou du Conseil de l’Europe n’est-elle pas la moindre des exigences pour qui prétend gouverner souverainement ? Autant dire qu’elle ne pourra, ou ne voudra pas réaliser l’essentiel de son programme à savoir l’arrêt de l’immigration-invasion qui implique pour le moins une profonde réforme de ces vaches sacrées que révère toute la nomenklatura de Bruxelles. Comment y parvenir ? Par le recours au referendum. Comme disait de Gaulle : « En France la Cour Suprême c’est le peuple ». 

Nathalie Heinich, sociologue au CNRS, interrogée au micro de France Inter par Patrick Cohen (l’homme du service public qui fait des listes d’indésirables) défend un point de vue académique à l’écart, croit-elle, de tout engagement « politique ». Il me semble que son engagement pour une science neutre dégagée de tout a-priori axiologique est tout à fait illusoire face à la déferlante « woke » qui s’abat sur l’université. Face à ce wokisme militant, il faudrait une brillante contre-offensive dont on ne voit pas le moindre début de commencement :

https://www.franceinter.fr/emissions/l-invite-de-8h20-le-...

Maxime Tandonnet qui fut conseiller de Sarkozy aux questions d’immigration avec le succès que l’on sait pose ici la question d’un éventuel Front républicain face à l’avancée dans les sondages de Marine Le Pen :

https://www.lefigaro.fr/vox/politique/face-a-la-deliquesc...

Nicolas Gauthier. Pour avoir parlé avec ÉlémentsHubert Védrine est crucifié par la gauche morale en fonction de l’axiome bien connu de l’homme qui a vu l’ours malfaisant, qui a vu l’ours et ainsi de suite. Mais quand en finira-on avec cet étouffant magistère moral ? : 

https://www.bvoltaire.fr/pour-avoir-parle-a-elements-hube...

Réponse de Bernard Lugan aux vaticinations de l’extrême gauche française qui entend régler ses comptes avec François Mitterrand et contre l’action qui fut celle de la France au Rwanda. Il approuve totalement les propos tenus par Hubert Védrine dans le dernier numéro d'Éléments. Rappelons que Lugan est un historien de l’Afrique, spécialiste reconnu du pays des mille collines. Il a écrit deux livres fort documentés sur la genèse et l’histoire du génocide des Tutsis, le premier, Rwanda, un génocide en questions, le second, Dix ans d’expertise devant le Tribunal pénal international pour le Rwanda. Il sait donc de quoi il parle, raison pour laquelle il n’est jamais interviewé par les médias de grand chemin :

https://www.revue-elements.com/bernard-lugan-au-rwanda-je...

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Aristide Leucate vient de faire paraitre un essai sur les rapports de l’extrême gauche contemporaine avec la pensée de Carl Schmitt dont elle s’est partiellement entichée. Son livre très intéressant s’intitule Carl Schmitt et la gauche radicale. Une autre figure de l’ennemi (éditions de La Nouvelle librairie). Il est ici interrogé par le site breton Breizh -info :

https://www.breizh-info.com/2021/06/07/165654/carl-schmit...

Recension du livre d’Henri Levavasseur L’identité, socle de la cité par Aristide Leucate sur Boulevard Voltaire :

https://www.bvoltaire.fr/livre-lidentite-socle-de-la-cite...

À propos de son dernier livre Paris-Moscou, aller simple contre le féminisme, un entretien avec Yannick Jaffré  sur le site de stratpol par Xavier Moreau. Jaffré est professeur agrégé de philosophie :

https://www.youtube.com/watch?v=EC4zWZ9m-bc&t=3s...

Yannick Jaffré récidive sur le site d’Éléments où il est interrogé à propos de son livre paru aux éditions de La Nouvelle Librairie par François Bousquet :

https://www.revue-elements.com/la-feminite-ou-le-feminism...

Magnifique illustration des Bobards d’or 2021, l’équipe de France de foot-ball va ployer ce soir le genoux afin de protester contre le soi-disant racisme systémique anti-noirs de la police américaine. Le site de Polèmia propose ici de revenir à la réalité vraie :

https://www.polemia.com/les-joueurs-de-lequipe-de-france-...

samedi, 19 juin 2021

Les Verts ont-ils atteint le sommet trop tôt en Allemagne ?

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Les Verts ont-ils atteint le sommet trop tôt en Allemagne ?

Par Tom Luongo

Source Gold Goats ‘n Guns

Au cours de l’année écoulée, le parti des Verts a vu sa popularité grimper en flèche, profitant, d’après ce que j’ai pu comprendre, d’une sorte de vague anti-gouvernementale venant de la gauche grâce à la mauvaise gestion continuelle du programme de vaccination COVID par Angela Merkel et à l’épuisement dû à de multiples séries de confinements.

Les manifestations à travers l’Allemagne, peu relayées par les médias, ont proliféré et la montée des Verts peut être considérée comme une sorte de simple vote de protestation contre le gouvernement actuel, une autre des grandes coalitions de Merkel entre son Union chrétienne-démocrate (CDU) de centre-droit et les sociaux-démocrates (SPD).

Le SPD a perdu un soutien considérable au cours du mandat de ce gouvernement et les Verts en ont été les bénéficiaires. J’en ai déjà parlé et j’ai expliqué comment Mme Merkel se sert des Verts comme d’un fouet à la Chambre haute, le Bundesrat, pour faire avancer la politique allemande dans le sens défini par ses maîtres à Davos.

Cela a entraîné une perte de soutien pour la CDU et le SPD au niveau national, tandis que les Verts ont progressé, de sorte que le paysage électoral en Allemagne n’est pas meilleur que celui de l’Espagne ou de l’Italie.

Et de là où je suis, cela a toujours semblé être le plan. Le problème, cependant, c’est qu’après avoir atteint un pic national de près de 28 % au début de l’année, le soutien des Verts est en train de décliner, les gens écoutant sincèrement les idées qu’ils défendent réellement.

Ils sont devenus de plus en plus belliqueux, soutenant la guerre en Ukraine pour contrer la Russie et se sont tus récemment sur le conflit entre le Hamas et Israël. Ils sont dirigés par des personnes interventionnistes et de plus en plus néoconservatrices en interne, tout en faisant commerce de leurs racines pacifistes. Et cette dichotomie commence à les rattraper apparemment, du point de vue des électeurs allemands.

En effet, les Verts, tout comme Mme Merkel, sont une filiale à part entière du programme du forum de Davos visant à rendre le monde sûr pour le communisme et le Green New Deal, un document législatif européen de 593 pages qui est bloqué par des luttes idéologiques intestines au sein du Parlement européen, où les membres se battent pour des raisons classiques telles que la définition des mots et ce qui est ou n’est pas assez pur idéologiquement.

411a4tVd1JL._SX323_BO1,204,203,200_.jpgC’est le problème de « l’éléphant et le cavalier » de Jonathan Haidt qui se joue au niveau politique.

Dans un billet destiné à mes Mécènes le 23 mars dernier, j’ai dit que les plus grands ennemis du Green New Deal étaient les Verts.

Une grande partie de la « guerre culturelle », qui se transforme en une « guerre de tous contre tous » à la Hobbes, est due à la spirale logique construite sur de fausses prémisses, comme le réchauffement climatique d’origine humaine, et qui s’amplifie à partir de là.

W.B. Yeats appelait cela un « tourbillon en expansion », mais c’est la raison pour laquelle l’UE ne parviendra jamais à mettre en place ses règles d’investissement vertes, et certainement pas à temps pour l’échéance de 2030. Rappelez-vous, je considère l’UE comme la dernière tentative des oligarques occidentaux de coloniser le monde par une domination réglementaire à la californienne.

Le discours incessant sur l’élargissement de l’UE a pour but d’amener plus de pays sous sa rubrique réglementaire, forçant plus de gens à adhérer à ses normes, ce qui augmente ensuite la pression sur les partenaires commerciaux pour qu’ils fassent de même.

C’est la Californie sous stéroïdes léninistes.

Et je ne crains toujours pas le Green New Deal en lui-même, mais la façon désordonnée dont il sera mis en œuvre une fois que les lobbyistes auront mis la main dessus. Ce sera un morceau de porc pourri horriblement gonflé que l’électeur allemand moyen, fiscalement conservateur, sait qu’il devra finalement payer.

Ainsi, en gardant cela à l’esprit et en considérant que les Verts atteignent un pic dans les sondages à quatre mois des élections au Bundestag, une institution zombie en raison du droit de veto des Verts au Bundesrat obtenu grâce à Merkel, il est possible que nous assistions à un revirement brutal dans les sondages au moment des élections.

Pourquoi ? Les élections au niveau des États

La semaine prochaine, des élections régionales auront lieu dans l’État allemand de Saxe-Anhalt. Et plus nous nous rapprochons de ces élections, plus les sondages allemands sont intéressants, pour la première fois depuis des mois. En effet, le parti jusqu’ici incompétent Alternative für Deuschland (AfD) a réussi à se positionner pour remporter ces élections, ce qui rend très difficile pour Mme Merkel, incarnation même du canard boiteux, de les tenir à l’écart du gouvernement par le biais de tractations en coulisses.

Que la CDU soit le parti qui recueille le plus de voix est une chose, mais que l’AfD se voit refuser un siège à la table après deux cycles électoraux en Saxe, alors qu’elle dispose d’un niveau de soutien stable de 23 à 25 %, qui augmente à mesure que nous approchons du jour des élections, en est une autre.

Ainsi, si l’AfD remporte cette élection, ce sera un camouflet pour tous les autres partis s’ils refont le même coup que lors du dernier tour des élections, en refusant même de discuter avec eux. Et cela pourrait être le catalyseur d’un véritable mouvement dans les sondages en octobre.

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Je maintiens que l’AfD a gâché ses nombreuses chances de devenir le porte-drapeau du centre-droit pour l’Allemand moyen. L’AfD est toujours embourbé sous le seuil critique des 16 % au niveau national, tandis que le SPD est devenu insignifiant. Des sondages récents montrent que le nombre de voix au niveau national est en train de remonter depuis le creux de la vague post-Coronapocalypse. La question est maintenant de savoir s’ils saisiront l’occasion qui se présente à eux de mettre l’agenda du Davos en échec à un moment critique de l’histoire européenne et de se positionner comme le véritable parti anti-guerre et pro-classe moyenne allemande.

Je ne suis pas très optimiste à ce sujet, compte tenu de l’histoire de ses dirigeants, mais cela vaut la peine d’être observé alors que le fossé entre l’ancienne Allemagne de l’Est et de l’Ouest s’élargit politiquement. Le Davos promeut toujours des actions visant à assurer un affaiblissement du leadership dans les pays clés. Et il me semble que la situation en Allemagne est instable et pourrait compromettre leurs meilleurs plans.

Tom Luongo

Traduit par Zineb, relu par Wayan, pour le Saker Francophone

vendredi, 18 juin 2021

Une tradition politique méconnue : souffleter le locataire de l’Élysée

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Une tradition politique méconnue : souffleter le locataire de l’Élysée

par Georges FELTIN-TRACOL

Ex: http://www.europemaxima.com

Depuis le jeudi 10 juin 2021, la France compte un nouveau prisonnier politique. Âgé de 28 ans, Damien Tarel a souffleté Emmanuel Macron en visite pré-présidentielle aux frais des contribuables à Tain-L’Hermitage dans la Drôme, ce mardi 8 juin. La pichenette a scandalisé tout le cloaque politico-médiatique, de l’extrême gauche à l’extrême droite du Système. Tous les politiciens professionnels ont protesté, oubliant qu’ils vivaient dans le pays qui tranchât la tête de son roi légitime et qui laissât mourir en prison un vieux chef de l’État détenu sur une île au large de la Vendée.

En trois jours, Damien Tarel est condamné à dix-huit mois de prison dont quatorze avec sursis, à l’interdiction de détenir des armes pendant cinq ans, à la privation de ses droits civiques pendant trois années, à l’interdiction définitive d’exercer des fonctions publiques et à l’obligation de recevoir des soins psychologiques, ce qui fleure bon l’Union Soviétique de Brejnev et l’internement des dissidents en asile psychiatrique. Au terme d’un procès expédié selon la procédure de la comparution immédiate, le tribunal a délivré un mandat de dépôt pour les quatre prochains mois. Une telle sentence interroge par sa sévérité. Un certain Benalla qui fut bien plus violent à Paris n’est toujours pas passé en jugement trois ans après la commission des faits… Combien de délinquants qui pourrissent le quotidien des Français bénéficient-ils d’un sursis ? A-t-on besoin d’incarcérer un opposant politique au casier judiciaire vierge ? Les prisons ne sont-elles déjà pas surpeuplées ? Le bracelet électronique n’aurait-il pas été une meilleure solution?

Habituellement complaisants envers les terroristes allogènes toujours mentalement dérangés, les médiats officiels ne présentent pas le praticien d’arts martiaux médiévaux européens – gifleur présidentiel comme un brave type, un gentil garçon et un charmant voisin. Ils se plaisent à le dénigrer. N’est-il pas la première victime de la société multiculturaliste capitaliste-libérale de surveillance ? Ne mériterait-il pas les circonstances atténuantes ? Son geste de colère rappelle un épisode de la troisième et ultime saison de Baron noir. Il a aussi crié : « Montjoie Saint-Denis ! À bas la macronie ! ». Quelle agression sonore ! S’il avait beuglé « Mon gars vive la macronie ! » et caressé la joue de Manu, il se serait retrouvé sur le plateau des égouts télévisuels « Quotidien », Brut et AJ+…

À l’écart des indignations sélectives, l’écrivain Renaud Camus, lui aussi régulièrement persécuté par le Système, a rédigé un succulent tweet : « Quel snobinard, ce Macron… Au lieu de se faire agresser par un occupant comme tout le monde, il arrive à se faire agresser par un indigène… » Quant à Julien Langella dans sa chronique hebdomadaire dans le quotidien Présent du 12 juin 2021, il salue la « gifle chevaleresque infligée au banquier de l’Élysée. Face à un ordre vermoulu et contre-nature, l’insulte et l’irrespect sont des actes légitimes de subversion ». Oui, subvertir la Subversion installée devient un impérieuse priorité !

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Par son acte vraiment transgressif, Damien Tarel s’inscrit dans une longue tradition de réfractaires au désordre « ripoublicain » ambiant. Le 17 janvier 2017, pendant les primaires de la gauche, à Lamballe en Bretagne, l’ancien Premier ministre Manuel Valls reçoit une belle gifle. Âgé de 18 ans, Nolan Lapie est condamné à trois mois de prison avec sursis et à cent cinq heures de travail d’intérêt général. Quelques mois plus tard, il se présente en suppléant de Dieudonné dans la première circonscription de l’Essonne contre le même Valls. Le 30 juin 2011, Hermann Fuster attrapait par le col Nicolas Sarközy à Brax (Lot-et-Garonne). Il écopa pour cela de six mois de prison.

L’hystérie médiatique qui découle de ce petit soufflet drômois a-t-il suscité d’autres actions ? Le vendredi 11 juin à Nantes, la tête de liste LREM aux régionales, François de Rugy alias « Monsieur Homard et Crustacés », et, le lendemain à Paris, Jean-Luc Mélenchon, nouveau pote de Papacito, se font enfariner. D’habitude, ce sont eux et les autres politicards qui enfarinent les Français…

En pleine affaire Dreyfus, le 4 juin 1899, Fernand Chevreau, baron de Christiani, un ardent anti-dreyfusard proche des milieux royalistes et bonapartistes, distribue quelques coups de canne sur le haut de forme du président Émile Loubet venu sur une tribune de l’hippodrome d’Auteuil. Immédiatement arrêté, le baron Christiani passe le 13 juin suivant devant la Xe chambre correctionnelle de Paris qui le condamne à quatre ans de prison ferme ! Il sera néanmoins libéré de Fresnes, le 24 mars 1900.

Le président Armand Fallières a l’habitude de se promener autour des Champs-Élysées. Le 26 décembre 1908, il marche, avenue d’Iéna. Un garçon de café de 34 ans, Jean Mattis, Camelot du roi par ailleurs, le reconnaît et part à sa rencontre afin de lui tirer la barbe. Cette attaque à la barbichette lui vaut quatre ans de prison ! Lors de la célébration du millénaire normand, le même Fallières se rend à Rouen le 24 juin 1911. Un Français de dix-sept ans le conspue aux cris de « Vive la Normandie ! Vive la France ! Vive le Roi ! À bas la République ! À bas Fallières ! » Arrêté et passé à tabac par les policiers sans que les amis de George Floyd ne réagissent, Henri Lagrange est condamné à six mois de prison ferme. Il purge sa peine en détenu de droit commun. Ses conditions déplorables d’internement scandalisent maints hommes de lettres dont Guillaume Apollinaire, Frédéric Mistral, Paul Bourget, Paul Fort, Pierre Loti, etc., qui signent une pétition en sa faveur. Sans succès ! Camélia Jordana n’était pas encore au rendez-vous…

Militant d’Action Française proche de Georges Valois et du Cercle Proudhon, Henri Lagrange est exclu du mouvement nationaliste intégral dès 1913. Malgré les affres de l’emprisonnement, il accepte sa mobilisation en 1914. Il meurt en 1915 au champ d’honneur pour un régime détestable qui trahira tous les siens, les Poilus. Il laisse un beau recueil d’articles, Vingt ans en 1914. Études politiques et littéraires, portraits et polémiques, lettres de guerre, préfacé par Charles Maurras qui tenait à saluer sa mémoire et à honorer son sacrifice.

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À travers ces quelques exemples historiques, on remarque que le mois de juin semble propice à la distribution des beignes aux hôtes provisoires de l’Élysée. Le gouverneur de la zone territoriale du Bloc ploutocratique occidental personnifie cette caste cleptocratique qui viole, pille et écrase en permanence les gens ordinaires auxquelles appartiennent Jean Mattis, Henri Lagrange et Damien Tarel. Les réseaux sociaux ont-ils pris l’initiative d’une cagnotte d’aide en ligne ? Que comprendre du silence tonitruant des officines droits-de-l’hommistes ? Oppressées tous les jours par la tyrannie sanitaire, le désastre migratoire et le laxisme pénal, les petites gens s’attristent du sort malheureux du « gifleur » de la Drôme. Serait-il l’heure des nouveaux monarchomaques ?

Georges Feltin-Tracol

mardi, 15 juin 2021

G7, OTAN et sommet avec Poutine : les dirigeants colonialistes veulent former une alliance contre la Chine et décider du sort du monde

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G7, OTAN et sommet avec Poutine : les dirigeants colonialistes veulent former une alliance contre la Chine et décider du sort du monde

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La Chine dénonce la décision que vient de prendre le G7 de contrer Pékin, car l'époque où quelques pays décidaient pour le monde est révolue, prévient-elle.

"L'époque où les décisions mondiales étaient dictées par un petit groupe de pays est révolue", a déclaré dimanche un porte-parole de l'ambassade de Chine au Royaume-Uni, cité par l'agence de presse britannique Reuters.

Il a entériné la position du géant asiatique, soulignant que "les pays, grands ou petits, forts ou faibles, pauvres ou riches, sont égaux, et que les affaires du monde doivent être gérées par des consultations entre tous les pays".

Le diplomate chinois a fait ces remarques après que le Groupe des Sept (G7) - le Royaume-Uni, le Canada, la France, l'Allemagne, l'Italie, le Japon et les États-Unis - a adopté samedi une position unifiée pour contrer la Chine.

Comment le G7 cherche-t-il à contrer la Chine ?

Les dirigeants des pays membres du G7, réunis à Carbis Bay, au Royaume-Uni, ont décidé de lancer leur super-projet "Reconstruire en mieux pour le monde", censé "répondre aux énormes besoins en infrastructures des pays à revenu faible ou intermédiaire", selon la Maison Blanche.

Les nations ont accepté l'initiative comme une alternative au projet de développement économique chinois "One Belt, One Road". L'objectif est d'aller au-delà de la proposition chinoise, selon le communiqué de la Maison Blanche.

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Quel est l'objectif du mégaprojet "One Belt, One Road" ?

L'idée de la ceinture économique et de la route maritime de la Route de la soie, qui vise à relier l'Asie et l'Europe, a été présentée en 2013 par le président chinois Xi Jinping. Le projet prévoit la reconstruction de l'ancienne route de la soie et la création d'une route maritime parallèle. Il comprendrait 60 pays, 75 % des réserves énergétiques connues du monde, 70 % de la population mondiale et générerait 50 % du produit intérieur brut (PIB) mondial.

Les États-Unis, qui, parmi d'autres pays occidentaux, sont de farouches détracteurs du projet chinois, ont exercé des pressions sur différents États pour qu'ils n'adhèrent pas au projet chinois, car ils considèrent la Nouvelle route de la soie comme un grand défi pour leurs intérêts face à l'un de leurs principaux rivaux, le géant asiatique.

Les dirigeants des pays du G7 ont conclu qu'ils devaient adopter une approche unifiée vis-à-vis de la Chine, a déclaré à Reuters une source au sein de l'administration du président américain Joe Biden.

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Le fonctionnaire, qui s'est exprimé sous couvert d'anonymat, a expliqué que les dirigeants des plus grandes économies du monde se sont mis d'accord sur une position commune concernant les exportations chinoises à "prix injustement bas" et les violations présumées des droits de l'homme par le géant asiatique.

"Je dirais qu'il y avait unanimité en termes de volonté de s'exprimer contre les abus des droits de l'homme et les violations des libertés fondamentales qui invoquent nos valeurs communes", a déclaré la source de l'agence. "Il y avait un engagement à agir en réponse à ce que nous voyons".

En ce sens, le G7 aurait fait des progrès significatifs par rapport au sommet d'il y a trois ans, lorsque le communiqué final ne mentionnait même pas la Chine, a ajouté le fonctionnaire.

Toutefois, des sources de CNN ont affirmé que les parties ne sont pas parvenues à un accord sur leur approche de Pékin.

Selon le média, Joe Biden a exhorté ses homologues à critiquer publiquement les "pratiques antidémocratiques" de la Chine et a souligné la nécessité d'agir. Le Premier ministre britannique Boris Johnson, le président français Emmanuel Macron et le Premier ministre canadien Justin Trudeau lui ont donné raison.

Pendant ce temps, la chancelière allemande Angela Merkel, le Premier ministre italien Mario Draghi et des représentants de l'Union européenne ont cherché à mettre en évidence les domaines de coopération avec la Chine.

Le G7 estime qu'il est nécessaire de "rivaliser" avec la Chine et de la "contrer" en tant que "défi pour les démocraties".

Les dirigeants du G7 prônent la nécessité de "contrer et de concurrencer" la Chine sur des défis allant de la sauvegarde de la démocratie à la course à la technologie, a déclaré dimanche le conseiller à la sécurité nationale de la Maison Blanche, Jake Sullivan, à l'issue du sommet qui s'est tenu au Royaume-Uni ce week-end.

"Pas seulement de la bouche de Biden"

S'adressant aux journalistes à bord d'Air Force One en route pour Bruxelles, M. Sullivan a souligné que, en ce qui concerne la Chine, la réunion a marqué "des progrès significatifs comme jamais auparavant" au sein du G7 et "reflète une convergence croissante qui n'existait pas il y a quelques années".

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"Il existe un large consensus sur le fait que la Chine représente un défi important pour les démocraties du monde", a déclaré le conseiller. En ce sens, il a expliqué que les dirigeants se sont mis d'accord sur la nécessité de maintenir un agenda commun par rapport à Pékin, y compris les scénarios dans lesquels "s'élèverait, contrerait et rivaliserait" avec le géant asiatique.

En ce sens, M. Sullivan a déclaré que des mots comme "counter" et "compete" "sortaient de la bouche de tous les dirigeants présents dans la salle, et pas seulement de Joe Biden".

Comment Biden se perd en marge du sommet du G7

Le président américain Joe Biden se perd dans la cafétéria lors du sommet du Groupe des Sept (G7), suscitant les rires des témoins.

Vendredi, lors du sommet du G7 en Cornouailles, dans le sud du Royaume-Uni, Biden a connu un incident gênant lorsqu'il est entré lentement dans une terrasse de cafétéria, dans la confusion.

"Comment se passent vos réunions en Cornouailles ?" lui demande une femme, probablement une journaliste qui était sur place. À ce moment-là, le chef confus se fige, fait un geste du pouce et répond "très bien".

Juste après, la première dame des États-Unis, Jill Biden, s'est approchée du président et l'a orienté dans la bonne direction pendant que les visiteurs de la cafétéria riaient.

VIDÉO: https://www.hispantv.com/noticias/ee-uu-/494149/biden-se-pierde-cafeteria

Les dirigeants du G7 s'accordent sur l'objectif de zéro émission nette de carbone d'ici 2050

La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a annoncé que les dirigeants mondiaux réunis au sommet du G7 ont convenu de décarboniser le secteur de l'énergie et se sont engagés à réduire les émissions nettes à zéro d'ici 2050 et à limiter l'augmentation de la température moyenne mondiale à 1,5 degré Celsius maximum.

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"L'accord du G7 visant à mettre fin au financement mondial du charbon est une grande réussite et envoie un message fort au monde", a déclaré Mme Von der Leyen, qui a fait remarquer qu'actuellement, 25 % de l'énergie utilisée dans les pays de l'UE provient de sources renouvelables et que, d'ici 2030, ils prévoient de porter ce pourcentage à 38 %.

Les dirigeants du G7 ont également convenu d'augmenter leurs contributions pour respecter l'engagement d'allouer 100 000 millions de dollars par an pour aider les pays les plus pauvres à réduire leurs émissions de carbone, face au réchauffement climatique.

Dans le projet de communiqué, vu par Reuters, les États-Unis, le Royaume-Uni, le Canada, la France, l'Allemagne, l'Italie et le Japon ont déclaré qu'ils "mobiliseront 100 milliards de dollars par an de sources publiques et privées jusqu'en 2025."

"À cette fin, nous nous engageons à augmenter et à renforcer toutes nos contributions publiques internationales globales au financement du climat au cours de cette période et nous appelons les autres pays développés à se joindre à nous et à augmenter leurs contributions à cet effort", indique le document.

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L'OTAN tient un sommet axé sur la Russie, Poutine et Biden s'affrontent

BRUXELLES (Sputnik) - Le secrétaire général de l'OTAN, l'économiste norvégien Jens Stoltenberg, a assuré que le sommet de l'organisation militaire à Bruxelles portera sur la Russie et sur la première rencontre entre les dirigeants de Washington et de Moscou, respectivement Joe Biden et Vladimir Poutine.

"Nos relations avec la Russie sont à leur plus bas niveau depuis la fin de la guerre froide", a déclaré M. Stoltenberg avant le début de la réunion de l'OTAN.

L'organisation militaire, a-t-il ajouté, s'adapte et a déjà renforcé ses capacités de défense collective.

Le secrétaire général a également déclaré que les membres de l'OTAN consulteront M. Biden avant sa rencontre avec le président russe prévue le 16 juin en Suisse.

M. Stoltenberg a fait remarquer que les dirigeants de l'OTAN confirmeront lors de leur sommet la relation double avec Moscou, avec une défense forte d'une part et un dialogue d'autre part.

"Nous allons essayer de dialoguer avec la Russie. Le dialogue n'est pas un signe de faiblesse, mais de force", a-t-il souligné.

Ces dernières années, l'OTAN a accru son activité militaire près des frontières de la Russie, ce qui inquiète les autorités russes.

L'OTAN prévoit de laisser l'Europe sans missiles nucléaires

Les États membres de l'OTAN devraient s'opposer officiellement au déploiement de missiles nucléaires terrestres en Europe après la réunion du président américain Joe Biden avec d'autres chefs d'État à Bruxelles, rapporte Defense News.

Cette position, qui fait écho à des commentaires antérieurs du secrétaire général de l'OTAN, Jens Stoltenberg, est exposée dans un projet de communiqué qui sera publié après le sommet de l'OTAN du 14 juin.

Selon Defense News, après le sommet de l'Alliance atlantique, une déclaration sera faite pour interdire le déploiement d'armes nucléaires terrestres en Europe. Le refus officiel de placer des armes nucléaires en Europe nécessite l'approbation du président américain. Selon les médias, une telle décision pourrait aider M. Biden à obtenir le soutien des partisans de la maîtrise des armements si l'interdiction des missiles nucléaires basés au sol en Europe devient officielle.

Les discussions de l'OTAN ont débuté alors que l'on apprenait que Moscou allait à nouveau proposer un moratoire sur le déploiement de missiles terrestres à portée intermédiaire et à courte portée. Cette démarche est considérée comme un moyen possible d'apaiser les tensions avec Moscou et d'intensifier le dialogue sur le contrôle des armements avant le sommet États-Unis-Russie qui se tiendra à Genève le 16 juin.

Selon les médias russes, à la mi-septembre 2020, le président Vladimir Poutine a envoyé un message aux capitales de plusieurs dizaines de pays, dont des membres de l'OTAN, proposant un moratoire sur le déploiement de missiles à portée intermédiaire et à courte portée en Europe et dans d'autres régions. La même lettre a été envoyée à Stoltenberg.

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Le cabinet allemand confirme que l'adhésion de l'Ukraine à l'OTAN ne figure pas à l'ordre du jour actuel

BERLIN (Sputnik) - L'adhésion de l'Ukraine à l'OTAN n'est pas à l'ordre du jour de l'OTAN, a déclaré la porte-parole adjointe du Cabinet allemand, Ulrike Demmer.

La veille, le président russe Vladimir Poutine a déclaré que rien ne garantit que l'Ukraine ne rejoindra pas l'OTAN et a appelé à réfléchir aux "lignes rouges" à ne pas franchir. Le président a souligné qu'en cas d'entrée de l'État ukrainien dans l'Alliance, une fusée lancée depuis la ville ukrainienne de Kharkov ou depuis Dniepr n'aura besoin que de 7 à 10 minutes pour atteindre la partie centrale de la Russie.

"Vous connaissez notre approche de l'Ukraine, l'importance de notre coopération avec elle, mais son adhésion à l'OTAN n'est pas à l'ordre du jour", a déclaré M. Demmer lors d'une conférence de presse, commentant les préoccupations du dirigeant russe.

En 2014, l'Ukraine a renoncé à son statut d'État non aligné. En juin 2016, le pays a proclamé l'adhésion à l'OTAN comme un objectif de politique étrangère. En 2019, le Parlement ukrainien a adopté des amendements constitutionnels proclamant l'objectif de rejoindre l'Union européenne et l'Alliance atlantique.

En juin 2020, l'Ukraine est devenue le sixième État à bénéficier du statut de partenaire de l'OTAN aux possibilités élargies.

lundi, 14 juin 2021

Un sabir nomade contre les langues nationale et vernaculaires

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Un sabir nomade contre les langues nationale et vernaculaires

par Georges FELTIN-TRACOL

Ex: http://www.europemaxima.com

Saisi à l’instigation du cabinet du ministre de l’Éducation nationale, Jean-Michel Blanquer, par une soixantaine de députés de la majorité présidentielle parmi lesquels Aurore Bergé et le très manuel Benjamin Griveaux dont ce fut l’ultime râle politicien avant de démissionner du Palais-Bourbon, le Conseil constitutionnel a annulé divers points de la loi portant sur la protection patrimoniale des langues régionales et leur promotion, le 21 mai dernier.

Le Parlement avait auparavant approuvé la proposition de loi du député du Morbihan Paul Molac, affilié au groupe transpartisan « Libertés et Territoires ». Les neuf « vigies » du Régime proscrivent les signes diacritiques dont le tilde, et déclarent inconstitutionnelle une pratique pédagogique innovante : l’enseignement immersif. Les écoles primaires en alsacien, en basque, en breton, en catalan, en corse, en néerlandais, en occitan et en créoles deviennent de fait hors-la-loi.

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Le samedi 29 mai, des milliers de manifestants ont défilé de Guingamp à Bastia, de Pau à Perpignan, de Bayonne à Strasbourg, pour défendre l’existence de ces écoles privés sous contrat. Ces établissements scolaires connaissent un indéniable succès auprès de parents souvent bo-bo qui, en bonne conscience, y inscrivent leurs enfants afin de ne pas les envoyer à l’école publique de secteur multiculturalisée déclinante…

Le choix du Conseil constitutionnel relance le sujet de la ratification française de la Convention européenne des langues régionales et minoritaires déjà envisagée sous la cohabitation Chirac – Jospin. Par « langues minoritaires », il faut entendre les langues de l’immigration extra-européenne. Si les panneaux de signalisation routière peuvent être rédigés en breton ou en occitan, pourquoi pas en wolof ou en hindi ? Ainsi faut-il bien différencier les langues régionales (ou parlers vernaculaires) des langues minoritaires. Autant les premières sont légitimes, autant les secondes, issues de l’immigration de peuplement, ne doivent bénéficier d’aucun avantage. Certes, certains voient dans le soutien aux langues régionales une manœuvre subtile de briser le cadre politique national. Ce n’est pas faux. Maints mouvements régionalistes, autonomistes et indépendantistes témoignent de leurs opinions progressistes et cosmopolites. On retrouve néanmoins cette perception commune chez les souverainistes républicains et chez les tenants de l’euro-mondialisme.

Le Conseil constitutionnel motive sa position en spécifiant que « les particuliers ne peuvent se prévaloir, dans leurs relations avec les administrations et les services publics, d’un droit à l’usage d’une langue autre que le français, ni être contraints à un tel usage ». Dont acte ! Mais comment réagir alors à la propagande en faveur de l’écriture inclusive ? Cette fumisterie est-elle constitutionnelle ? Et puis, pourquoi la nouvelle carte nationale d’identité supposée infalsifiable est-elle co-écrite en français et en anglais ?

Par la grâce du Brexit, depuis le 1er janvier dernier, le Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d’Irlande du Nord n’appartient plus à l’Union dite européenne. Cette plaisante nouvelle aurait dû s’accompagner de la fin de l’hégémonie de la langue anglaise dans les institutions communautaires puisque aucun des Vingt-Sept États membres ne l’utilisent de manière officielle. L’Irlande, Malte et Chypre la pratiquent comme simple langue d’usage. Or, non seulement la Commission de Bruxelles continue à travailler dans la langue de Shakespeare et le Parlement européen adopte des documents uniquement rédigés dans cette langue, mais le récent Parquet européen anti-corruption l’emploie aussi.

Cette préférence linguistique inouïe favorise la conception anglo-saxonne du droit aux dépens du corpus juridique continental d’origine romaine. La nouvelle carte d’identité plastifiée porte par ailleurs dans un coin en haut le F de France au centre du drapeau de l’Union non-européenne comme s’il s’agissait d’une simple province de l’Eurocratie atlantiste. Faut-il en comprendre l’inefficacité flagrante de la loi Toubon de 1994 qui insiste sur la traduction systématique des termes, titres et noms étrangers en français, et la généralisation d’un déplorable franglais ? Le ministère de l’Intérieur n’hésite plus à violer l’article 2 de la Constitution de 1958 qui fait de la langue de Baudelaire la langue officielle.

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Pour quelles raisons le ministère de l’Intérieur a-t-il choisi l’anglais et non pas l’allemand, l’espagnol, l’italien ou le coréen de Pyongyang ? Il est même inacceptable qu’à l’instar du passeport, un papier officiel utilisé par l’ensemble de la population française en France soit rédigé dans une langue étrangère. Ce détail guère anecdotique confirme l’extrême servilité de l’exécutif et de la haute-administration envers les intérêts anglo-saxons de la City, de Wall Street, du Capitole et de Hollywood. La place Beauvau abolit l’ordonnance royale de Villers-Cotterêts de 1539 prise par François Premier.

Outre que l’actuel gouvernement hexagonal se met à dos tous les défenseurs des langues vernaculaires, il provoque en même temps les partisans de la langue française et n’hésite même plus à cracher au visage des peuples de la Francité d’Amérique. Hors du Québec, bureaucrates obtus et politicards anglophones aigris, souvent chantres zélés du multiculturalisme, bafouent, contestent et nient les droits culturels fondamentaux des Acadiens et des autres minorités francophones de l’Ouest canadien.

L’avenir d’une langue française, nettoyée des métastases de l’inclusivité scripturale, dépend aussi du sort des gosiers vernaculaires de l’ethnie française outre-Atlantique, et de l’engouement pour les langues régionales, fussent-elles codifiées et normalisées. Les institutions de l’Hexagone se doivent de reconnaître officiellement la pluralité linguistique autochtone. Et exigeons du ministère de l’Intérieur que la prochaine carte nationale d’identité soit entièrement en français !

Georges Feltin-Tracol

• « Chronique hebdomadaire du Village planétaire », n° 218, mise en ligne sur TVLibertés, le 8 juin 2021.

dimanche, 13 juin 2021

Le menu est uniquement américain, l'Europe n'existe pas!

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Le menu est uniquement américain, l'Europe n'existe pas!

par Alberto Negri

Source : The Manifesto & https://www.ariannaeditrice.it/articoli/il-menu-e-solo-americano-l-europa-non-c-e

Sommet de l'OTAN. La réunion de l'alliance atlantique s'ouvre sous les "meilleurs auspices". Outre l'ennemi numéro un, la Chine, et l'ennemi traditionnel, la Russie, on peut aussi penser qu'une nouvelle campagne humanitaire du front des "démocraties libérales" va s'enclencher pour exporter peut-être davantage de déstabilisation, après l'Afghanistan, l'Irak, la Syrie et la Libye. L'Europe n'aime pas ça, mais elle acquiesce. 

Le sommet de l'OTAN de demain à Bruxelles, précédé du G-7 en Cornouailles, commence par deux ou trois plaisanteries et une chose sérieuse. Ce qui est grave, c'est que le chef du Pentagone, Lloyd Austin, a signé une directive alertant les forces militaires pour qu'elles considèrent la Chine comme le défi numéro un des États-Unis et de l'Occident.

Dans le "paquet" proposé par les Etats-Unis de Biden au sommet de l'OTAN, il y a évidemment aussi la "cible Russie", avec l'idée d'une alliance entre les "démocraties libérales" européennes à déployer contre Pékin et Moscou. L'idée d'un élargissement de l'OTAN vers l'est est toujours présente à l'esprit, ce qui ne fera que raidir le Kremlin en vue du prochain sommet entre Biden et Poutine.

Ce que l'Europe gagne de cette "perspective" de futures relations avec la Russie et la Chine n'est pas du tout clair. Étant donné qu'entre autres choses, l'Alliance atlantique se retire de l'Afghanistan, manoeuvre qui n'a pas été sanctionnée par les pays de l'OTAN mais par les négociations des Américains au Qatar avec les Talibans. Les Européens n'ont rien décidé, sauf le jour de la cérémonie de descente du drapeau.

Cela signifie que les États-Unis, lorsqu'il y a quelque chose à établir, le font par eux-mêmes et le communiquent ensuite aux autres qui doivent engloutir leur menu, qu'ils le veuillent ou non.

Et voici le menu américain. M. Biden a appelé les autres dirigeants à envoyer un message réprobateur contre le "travail forcé" et le traitement réservé par Pékin à la minorité musulmane ouïghoure du Xinjiang. Comme étape supplémentaire, il a présenté une "route de la soie" occidentale. Derrière cet humanitarisme apparent se cache un nouveau piège: les Talibans, qui n'ont jamais été dissociés dans les faits d'Al-Qaïda, et d'Isis, répandu dans la province du Khorasan, peuvent devenir un instrument de déstabilisation avec les djihadistes du Xinjiang musulman.

En laissant peut-être en place la Turquie d'Erdogan, un membre de l'OTAN qui est devenu le grand manœuvrier des djihadistes entre la Syrie et la Libye. En bref, même depuis la défaite en Afghanistan, rien n'est jeté et tout peut être recyclé.

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Le sommet de l'OTAN s'ouvre sous les "meilleurs auspices". Outre l'ennemi numéro un, la Chine, et l'ennemi traditionnel, la Russie, on peut aussi penser à une nouvelle campagne humanitaire du front des "démocraties libérales" pour exporter peut-être une autre déstabilisation, après l'Afghanistan, l'Irak, la Syrie et la Libye. Une chaîne d'échecs dévastateurs. Et en plus, les États-Unis gagnent économiquement, peut-être nous, Européens, un peu moins.

Parce que l'Europe a "ses" intérêts économico-commerciaux avec la Chine et ne veut pas couper les ponts avec Pékin, à tel point qu'en 2020, la Chine a dépassé les États-Unis et est devenue le premier partenaire commercial de l'Union. La réalité est que les États-Unis, en particulier dans le secteur technologique, font pression sur les Européens: du jour au lendemain, il faut acheter "américain".

Le sommet atlantique de Bruxelles sera l'occasion de réitérer ce message. Nous l'entendrons probablement lors de la rencontre entre Biden et Erdogan, qui a acheté des batteries antimissiles S-400 à Poutine. On en a eu un avant-goût lors de la rencontre dans le port sicilien d'Augusta où, sur le plus grand porte-avions d'Europe, le Queen Elisabeth britannique, le ministre de la Défense Guerini et deux de ses collègues, le Britannique Ben Wallace et le Turc Hulusi Akar, se sont rencontrés. Biden déteste Erdogan mais ils finiront par trouver un accord car la Turquie est opposée à la Russie sur trois fronts, la Syrie, la Libye et l'Azerbaïdjan, et même l'Italie s'arrangera avec Erdogan en échangeant peut-être les parts de gaz d'ENI dans la mer contestée de Chypre avec quelques concessions en Libye où la Turquie a une sorte de protectorat sur la Tripolitaine.

Et nous en arrivons aux blagues. L'existence d'une politique étrangère européenne fait rire tout le monde. Merkel est en liquidation, Macron se porte mal et Johnson est plus transatlantique que jamais grâce au Brexit. S'il est vrai que les États-Unis ont suspendu pour l'instant les sanctions contre le gazoduc North Stream 2 entre la Russie et l'Allemagne, Washington n'a certainement pas renoncé à faire exploser le projet en nommant Amos Hochstein, un ancien conseiller d'Obama et de Biden, comme envoyé spécial pour les affaires énergétiques.

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Hochstein (photo) a siégé au conseil de surveillance du géant ukrainien de l'énergie Naftogaz. Et comme tout le monde le sait, le fils de Biden, Hunter, a été impliqué dans des transactions gazières louches en Ukraine. Hochstein a été l'homme de l'ombre de Biden dans le secteur de l'énergie. Cet ancien officier de l'armée israélienne est celui qui a déjà fait sauter le South Stream avec Moscou (2 milliards de commandes de Saipem) : attention, il n'est pas écologiste, il sponsorise le pipeline Tap.

La dernière histoire nous concerne directement, nous Italiens. Biden a promis à Draghi un soutien total sur la Libye ; le président américain n'est incertain que sur un point: raconter ou non au premier ministre la blague sur la "salle de contrôle italienne" déjà promise par Obama et Trump. Et ce après avoir bombardé Kadhafi en 2011 avec la France et la Grande-Bretagne. Entre-temps, le fils de Kadhafi, Seif Islam, aimerait se présenter à la présidence, soutenu par l'actuel premier ministre Dbeibah qui a dirigé l'une des sociétés d'investissement de Seif. Vous pouvez voir dans quelles mains nous nous trouvons.

La revue de presse de CD - 13 juin 2021

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La revue de presse de CD

13 juin 2021

DESINFORMATION

La sécurité nationale comme prétexte pour limiter la liberté d’expression

La création d’une agence nationale de lutte contre les manipulations de l’information en provenance de l’étranger, en vue, notamment, de la présidentielle 2022 représente un énorme danger pour la liberté d’expression politique en France.

Contrepoints.org

https://www.contrepoints.org/2021/06/08/399120-la-securit...

« L’Espagne pourrait devenir la Hongrie de la Méditerranée ». Entretien avec Jónatham Moriche

Jónatham Moriche est écrivain, analyste politique, et un observateur avisé des gauches espagnoles. Il commente les conséquences du scrutin du 4 mai aux élections régionales de Madrid.

Le Vent se Lève

https://lvsl.fr/lespagne-pourrait-devenir-la-hongrie-de-l...

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ESPIONNAGE

Européens espionnés par la NSA : « Dans l’univers numérisé, la notion d’allié n’existe pas »

Pour Nicolas Arpagian, de l’École de guerre économique (EGE), spécialiste de la cybersécurité (1), les affaires avérées d’écoutes massives de dirigeants européens par la NSA entre 2012 et 2014 n’ont pas permis de mettre un terme à cette pratique. Les Européens sont moins naïfs, mieux équipés, mais toujours très divisés.

La Croix.com

https://www.la-croix.com/Monde/Europeens-espionnes-NSA-lu...

FRANCE

Instruction en famille : l’acharnement contre la liberté éducative continue

Le choix de l’instruction en famille est un choix éducatif légitime. Comme tous les autres choix parentaux, il appartient aux parents.

Contrepoints.org

https://www.contrepoints.org/2021/06/04/398915-instructio...

Absentéisme à l’Assemblée nationale et inflation législative : deux plaies démocratiques

L’absentéisme au sein de l’Assemblée nationale ainsi que l’inflation législative sont deux phénomènes majeurs et regrettables.

Contrepoints.org

https://www.contrepoints.org/2021/06/04/398951-absenteism...

Notre chaîne pénale est-elle en voie d'obsolescence ? 

Ces dernières semaines, le pouvoir judiciaire était l’objet de critiques souvent légitimes. L’appareil répressif submergé et inefficace, ainsi que l’idéologie sous-jacente, amènent à un changement de modèle profond. Par Béatrice Brugère, magistrate.

Front Populaire.fr

https://frontpopulaire.fr/o/Content/co535870/notre-chaine...

Pass sanitaire, ou comment s’asseoir sur l’éthique

Le gouvernement a fini par réussir à imposer le pass sanitaire. En transformant le passeport vaccinal en pass sanitaire, moins fermé, il tient formellement parole sur la non-obligation vaccinale. Pour cela il intègre d’emblée la guérison naturelle de l’infection et la possibilité d’un test négatif. Grâce à cela, il court-circuite le débat sur l’éthique de la vaccination de masse que le pass implique, et il essaie d’éviter de braquer ceux qui ne veulent pas être vaccinés.

Contrepoints.org

https://www.contrepoints.org/2021/06/10/399296-pass-sanit...

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GEOPOLITIQUE

Mare Nostrum

Les nouveaux rois de Thulé, je veux dire les ministres des Affaires étrangères des huit pays membres du Conseil de l’Arctique, viennent de se réunir à Reykjavik. Ils y ont rendu publique le 20 mai une déclaration commune qui juxtapose des lieux communs et des autocongratulations qui ne changeront pas l’avenir de la planète, de l’humanité ni des ours polaires. L’Arctique ne passionnait sans doute pas grand monde il y a dix jours et la réunion avait surtout pour intérêt de permettre à MM. Blinken et Lavrov de préparer une rencontre entre MM. Biden et Poutine. Tels des joueurs de go déposant leurs premières pierres, l’un a affirmé que l’Arctique est « une zone d’influence légitime », l’autre qu’il faut « éviter une militarisation de l’Arctique ».

Geopragma

https://geopragma.fr/mare-nostrum/

MEDIA

Julian Assange. Portrait d’un combattant de la liberté d’information

Avant Edward Snowden, avant Bradley Manning, il y avait Julian Assange. Ancien informaticien et hacker, fondateur de la plateforme WikiLeaks, Julian Assange s’est attiré les foudres du gouvernement américain lorsqu’il a mis en lumière les dessous de la guerre d’Irak. En 2010, il fait fuiter près de 400 000 documents classifiés de l’armée américaine, portant sur le conflit qui a débuté en mars 2003. Tortures, crimes de guerre, massacres sont révélés au grand public. L’épée de Damoclès de la demande d’extradition américaine pèse sur l’activiste, à la santé désormais précaire, alors qu’il est incarcéré dans une prison de haute sécurité britannique depuis 2019, au grand dam de ses nombreux soutiens à travers le monde. Portrait.

OJIM

https://www.ojim.fr/portraits/julian-assange-master-hacke...

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RUSSIE

Bélarus : marches de l’Europe ou glacis soviétique ?

La confusion est trop souvent faite lorsque l’on évoque le Bélarus qui reprit son nom en 1991 après 70 ans de République Populaire de Biélorussie, renommée ainsi par les Soviets en 1919 après son invasion par l’Armée rouge. Car le Bélarus n’est pas une « Russie blanche », pâle plaine dont Minsk, la millénaire et magnifique capitale sur l’axe Varsovie-Moscou ne présente aujourd’hui qu’un monotone air soviétique après avoir été rasée à 80% durant la seconde guerre-mondiale.

Geopragma.fr

https://geopragma.fr/belarus-marches-de-leurope-ou-glacis...

TOTALITARISME

Comment Ayn Rand a anticipé la « cancel culture »

Une des œuvres de fiction les moins connues d’Ayn Rand décrit un phénomène brûlant d’actualité. L’origine du « grand reset » cher aux réunions de Davos.

Contrepoints.org

https://www.contrepoints.org/2021/06/05/378007-comment-ay...

Günther Anders et Hanna Arendt – Notre Bibliothèque Verte

Une réflexion commune autour de la « banalité du mal » désigne l’absence de pensée qui est en effet la chose du monde la mieux partagée. A quoi bon penser puisque nous sommes les machins d’une Machine bionique intelligente, qui, grâce aux big data et aux algorithmes, le fait tellement mieux que nous. La Mère Machine totale et inclusive qui intègre le vivant et le non-vivant sur un pied d’égalité, au-delà de ces dualismes binaires qui font tant souffrir les ennemis de toute discrimination.

Pièces et main d’œuvre

https://chimpanzesdufutur.wordpress.com/2021/06/02/gunthe...

Ne jamais oublier Tienanmen

Partout dans le monde, la Chine fait pression pour effacer Tienanmen des mémoires. Et la tentation est grande en face pour se plier aux désirs du nouveau géant asiatique.

Contrepoints.org

https://www.contrepoints.org/2021/06/07/399129-ne-jamais-...

samedi, 12 juin 2021

Enjeux sécuritaires européens et reconfiguration du système international

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Institut Européen des Relations Internationales:
 

Enjeux sécuritaires européens et reconfiguration du système international

Problèmes régionaux et "balance" mondiale

Irnerio SEMINATORE

Texte conçu en vue de sa présentation à la 9ème Conférence Internationale sur la Sécurité à Moscou, 21-24 juin 2021, organisée par le Ministère de la Défense de la Fédération de Russie

ABSTRACT

Ce texte examine les relations de sécurité entre système planétaire et sous-système régional européen, à la lumière de la réorganisation de l'ordre mondial et du risque d'un conflit inter-étatique de haute intensité.

Il y décèle l'émergence d'un globalisme multipolaire, différent, par essence, de la « gouvernance mondiale renforcée ». Suite au déclin d'Hégémon et à l'apparition de nouveaux paradigmes structurants, il met en évidence les changements intervenus dans l'échiquier stratégique mondial, à l’ère de l'asymétrie et des risques non conventionnels. La crise de légitimité des régimes politiques, l'antinomie des alliances, les conflits hybrides et les mouvements stratégiques en cours, poussent l'auteur à formuler une interrogation, d'ordre historique, sur la conjoncture présente. Sommes nous en présence d'une « alternative hégémonique » ou d'une « Révolution systémique » ? Le texte donne ici un aperçu des répercussions théoriques de ce questionnement.

MOTS-CLES

Système, conjoncture, multipolarité, globalisme multipolaire, gouvernance mondiale, asymétrie, conflits hybrides, hégémonie, légitimité, révolution Systémique.

TABLE DES MATIÈRES

Conflit inter-étatique de haute intensité, théâtre européen élargi et réorganisation de l'ordre mondial

Multipolarisme et globalisme mutipolaire. Un ordre sans le « tabou » de la paix

La sécurité et la priorité du « global » sur le régional

L'espace planétaire et ses dynamiques

Mouvements stratégiques et antinomies d'alliances en Eurasie

La délégitimation de l'UE

Changements de l'échiquier stratégique mondial et émergence de nouveaux paradigmes structurants

Incertitudes stratégiques

Le « déclin d'Hégémon ». Alternance hégémonique ou « révolution systémique » ?

Conflit inter-étatique de haute intensité, théâtre européen élargi et réorganisation de l'ordre mondial

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Le chef d'état-major des armées françaises, Général F. Lecointre, après avoir rappelé que « le risque de conflit va s’accroître d'ici à 2030 » (Le Figaro du 22-23 mai 2021), a conclu son jugement sur la conjoncture stratégique actuelle par la formule « Nous allons vers une réorganisation de l'ordre du monde ». L'examen de ce procès est tout autant de nature politique que stratégique, et vise l'aspect régional et global de la sécurité, par une vue d'ensemble de la conjoncture, « car le cours des relations internationales reste suprêmement historique : en toutes les acceptions de ce terme » (R.Aron). A ce propos et sur le plan politique, par tous les changements incessants, le théâtre européen élargi (par l'inclusion des crises en chaîne, allant des zones contestées de l'Europe orientale au Moyen Orient et donc des Pays Baltes, Bélarus et Ukraine au Golfe et à l'Iran, en passant par la Syrie et par la confrontation israëlo-palestinienne), peut-devenir soudainement l'activateur d'un conflit inter-étatique de haute intensité. Cette hypothèse n'est pas nulle et nous pousse à la conjecture que la clé, déterminante et finale, de l'antagonisme régional en Europe, dont l'enjeu est la suprématie d'un État sur le continent par le contrôle de sa zone d'influence est, aux yeux des occidentaux, la répétition par la Russie des aventures des grands États du passé (Espagne, France et Allemagne). La conclusion d'une pareille aventure se situerait dans la bordure continentale et maritime de l'Eurasie et dans la stratégie du Rimland du monde. Autrement dit, à la frontière indécise entre les problèmes régionaux irrésolus, en Europe ou ailleurs, et les équilibres stratégiques de la « Balance of Power » mondiale, pivotant désormais sur le système asiatique, devenu central. Ainsi, l'actuelle progression vers une guerre générale repropose aux décideurs le dilemme classique, hégémonie ou équilibre des forces, comme dans les guerres du passé. Or, suite à la constitution d'un système asiatique autonome autour de la Chine, comme centre de gravité mondial, la victoire finale, dans un affrontement général, pourrait échapper à la coalition des puissances maritimes, le Rimland, par l'impossibilité d'une conquête ou reconquête de l'Eurasie de la part de l'Amérique et de ses forces coalisées et vassales. Au sein de la triade, Russie, États-Unis et Chine les deux plans d'analyse, régional et planétaire, présentent des interdépendances conflictuelles majeures et caractérisent cette conjoncture comme de révolution systémique, plus encore que de transition hégémonique.

Par le biais de la sécurité régionale nous percevons clairement que se met en place une autre organisation de l'ordre du monde et que cet ordre se structure autour d'une compétition sans nuances entre Chine et États-Unis, dans laquelle chaque pays est obligé de choisir son camp, y compris la Russie, qui perdrait son rôle traditionnel d'équilibre. En Europe de l'Ouest, dépourvue d'unité et d'identité politique et militaire, la confrontation apparaît d'abord comme politique et colporte une déstabilisation des régimes au pouvoir et des formes de sociétés, au cœur desquels s'affrontent des héritages ethniques et culturels antinomiques. Depuis 1945 et le processus de décolonisation l'Europe a perdu la force et la confiance en elle même, qu'elle a remplacé par le règne de la morale et de la loi, aggravé par l'égarement de ses intérêts et de son rôle. Par ailleurs, déshéritée par le Saint Esprit de la Realpolitik, la constipation bureaucratique qui lui a succédée,lui a interdit initiatives et risques, faisant d'une médiocrité souveraine, la reine de toutes les batailles. Quant aux aspects géopolitiques et stratégiques, la crise des démocraties occidentales engendre deux tentatives contradictoires, l'exigence de compenser les faiblesses internes de l'autorité et de l’État, marquées par le terrorisme et par l'ennemi islamique et la subordination accrue à l'alliance atlantique, l'Otan. La recherche européenne d'une autonomie politique et d'une indépendance stratégique, assurant un équilibre géopolitique entre l'Est et l'Ouest, résulte de la tentative d'échapper aux contraintes de sécurité mondiale et d'une crise asiatique majeure, sous peine, pour l'Europe, de disparaître totalement et de perdre sa marge résiduelle de liberté d'action vis à vis de la Russie et de la Chine.

Dans une pareille situation, la Chine, puissance extérieure à l'Europe, mais dominante en Eurasie, serait bénéficiaire d'une lutte à mort entre l'Occident et la Russie et marquerait la prééminence finale sur le monde connu.

Multipolarisme et globalisme mutipolaire. Un ordre sans le « tabou » de la paix

La multiplication des crises et la résurgence de puissances déstabilisatrices pousse au constat que la période qui s'ouvre n'est plus à l’intégration ou à la coopération régionales, qui ont caractérisé les priorités des décennies de non-guerre et de multilatéralisme, successives au deuxième conflit mondial, mais à une phase de réorganisation des rapports de force et de légitimité, au niveau du système international. Une phase qui sera marquée par un multipolarisme systémique, un resserrement des alliances militaires et une affirmation des intérêts nationaux, intégrés à une autre conception du globalisme et des partenariats, plus sécuritaires qu'économiques. Dans cet aboutissement d'une politique authentiquement planétaire, naîtra un globalisme multipolaire, de rupture, d'interdiction, de chantage et de sanctions, où l'action militaire sera davantage inclue dans les règlements régionaux et globaux et définira, encore une fois, la nouvelle réorganisation de l'ordre mondial, plus prospectif et plus stratégique. La dialectique historique n’exclura pas le « tabou de la paix », mais se fondera davantage sur les conceptions de la compétition et de la lutte, qui domineront, en perspective, tous les secteurs d'activités et tous les champs d'action (espace sousmarin, éso-atmosphérique, webb, cyber, énergétique démographique, environnemental et sanitaire).

La sécurité et la priorité du « global » sur le régional

Les formes politiques, dans lesquelles s'expriment les incompatibilités sont constituées par le modèle démocratique de gouvernement à l'Ouest et le modèle autocratique à l'Est. Ainsi les moyens de lutte pour saper les fondements adverses du pouvoir et de l'action nationale, recouvrent tous les domaines du numérique et de l'influence (désinformation et lutte informationnelle, recours à des stratégies hybrides, liberté de manœuvre dans l'espace des communications, pandémies et capacités de perturbations, de combat et de destruction des moyens adverses).

Le domaine du conflit, surtout dans l'espace sécuritaire européen s'enrichit de jour en jour d'un fossé grandissant entre les élites et le peuple, les régimes d'antan et les revendications de pluralisme des sociétés ouvertes.

Ce conflit repose sur des visions du monde antinomiques et demeure un aspect de la rivalité géopolitique, non seulement entre les acteurs majeurs de la Triade (Chine, États-Unis et Russie), mais aussi à l'intérieur des nations qui constituent la constellation diplomatique de chacun d'eux, assumant très clairement des couleurs politiques, raciales et religieuses. En leur sein les aspects politiques et laïques se parent de nationalismes et les aspects confessionnels d'islamisme et de terrorisme. L'adhésion verbale à des conceptions uniques de l'organisation politique s'appelle universalisme, multilatéralisme et sécurité collective et leur coexistence avec les réalités des nations et des empires du vieux monde historique, s'entremêlent à l'hétérogénéité des États qui coexistent dans un espace planétaire unique et conflictuel.

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L'espace planétaire et ses dynamiques

Le système international actuel, qui inclut le système inter-étatique, la société mondiale et la globalisation des économies, se caractérise par une triple dynamique, de fragmentation, de polarisation et de confrontation et cette dernière se traduit en une reconfiguration des alliances militaires, face aux risques de conflit entre la Chine, les États-Unis et la Russie, confrontés au piège de Thucydide (G. Allison).

Ces risques appartiennent à l'ordre historique et instaurent une politique ambivalente, de rivalité-partenariat et d'antagonisme. Il s'agit d' une politique qui a pour enjeu le contrôle de l'Eurasie et de l'espace océanique indo-pacifique, articulant les deux stratégies complémentaires du Hearthland (1) et du Rimland (2).

Les rivalités, qui secouent aujourd'hui plusieurs régions du monde ont forcé l'Est et l'Ouest à resserrer leurs alliances militaires et à s'interroger sur un nouveau projet de sécurité en Europe.

Cependant toute tentative de définir un ordre régional quelconque, ne peut être conçue que dans la perspective d'un ordre global et dans la recherche de formes d' équilibre et de stabilité à caractère planétaire.

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C'est par référence à la triangulation géopolitique et stratégique de la Russie, des États-Unis et de la Chine, et en subordre, de l'Asie centrale, de l'Inde et du Japon, que doit être comprise la liberté de manœuvre des puissances régionales en Europe, au Moyen Orient, au Golfe et en Iran et c'est là que se situe l'une des clés de la stratégie générale des grandes puissances.

Mouvements stratégiques et antinomies d'alliances en Eurasie

Dans tout système international, le déclin de l'acteur hégémonique se signale par un resserrement des alliances militaires. A ce sujet dans la conjoncture actuelle, deux mouvements stratégiques rivaux s'esquissent au niveau planétaire :

- un rapprochement sino-russe, assurant l'autonomie stratégique du Hearthland, en cas de conflit et promouvant, en temps de paix, la coopération intercontinentale en matière de grandes infrastructures, (ex.projet OBOR /One Belt, One Road)

- la stratégie du « containement » des puissances continentales par les puissances maritimes du « Rimland » (Amérique, Japon, Australie, Inde, Europe etc), comme ceinture péninsulaire extérieure à l'Eurasie

Rappelons que les deux camps sont en rivalité déclarée et leurs buts stratégiques opposés.

En effet, le couple sino-russe est défini « concurrent stratégique », ou « concurrent systémique » (notamment par l'UE) et refuse de se soumettre à l'ordre international issu de la deuxième guerre mondiale et dessiné par les États-Unis.

La délégitimation de l'UE

L'aggravation de la crise économique mondiale, le processus de délégitimation de l'Union
Européenne et l'absence d'un dessein en politique étrangère, rendu plus difficile par la sortie de la Grande-Bretagne et par la gestion des flux migratoires, ont mis en évidence le déclin des régimes démocratiques à l'Ouest, contrastant avec la stabilité des formes autocratiques de pouvoir en Eurasie et provoquant un tournant « populiste » des opinions et la « révolution culturelle » de Trump.

Les perspectives d'école américaine (2017-2025) ont prévu l'affirmation d'une ère d'inter-actions transatlantique trans-eurasiennes et transpacifiques fortes, caractérisées par un équilibrage serré de « puissances relatives ». Il en résultera un nivellement du pouvoir international et un réalignement politique et stratégique général, par des rapprochements capacitaires significatifs.

Changements de l'échiquier stratégique mondial et émergence de nouveaux paradigmes structurants

Le conflit ukrainien, qui a abouti au « Coup d'État de Maïdan » (février 2014), au « retour de la Crimée » à la Russie et au conflit séparatiste concomitant de l'Est del'Ukraine (Donetsk, Lougansk), a visé à saper l'influence de la Russie dans l'espace post-soviétique et à propager la conception de l'élargissement de la démocratie.

L'ensemble des dynamiques mentionnées permet de brosser une esquisse de prospective stratégique, mettant en valeur les caractéristiques générales de la conjoncture. Les éléments retenus interfèrent entre eux et affectent le système dans son ensemble, par leurs répercussions d'ordre général.

Ils concernent :

*les incertitudes des nouvelles « coalitions multipolaires » dans un contexte de bipolarisme sous-jacent (Chine-USA)

*le système de sécurité ou de défense collectives, qui échappe en large partie aux organes existants (ONU, OTAN, autres...) et aux instances de gouvernance actuelles (G7, G20), et cela en raison des variations de la « mix security »

*les combinaisons croisées de la « Balance of Power », pratiquées par les puissances traditionnelles et de la « Balance of Threats » par les puissances montantes (comme mélange de menaces et de vulnérabilités)

*la démocratisation du fait balistico-nucléaire (ADM) et la généralisation multiforme de nuisances et de terrorisme (Iran, Corée du Nord,...)

*la dominance offensive de la cyber-guerre et des guerres spatiales, qui induit une modification du rapport de force entre attaquants et défenseurs (avec une prime à l'attaquant)

*l'asymétrie, les guerres hybrides et les conflits non maîtrisées.

Ainsi les institutions universelles, de débat et de prévention, comme foyers de médiation, d'élaboration de règles ou de leurs contestations (ONU, etc), sont reléguées à des missions de sécurité collective et à la gestion mineure des tensions.

La distribution des alliances s'effectue en fonction d'un choix systémique, qui discrimine, comme toujours, entre puissances de « status quo » et puissances perturbatrices, puissances terrestres et puissances thalassocratiques.

Incertitudes stratégiques

Au niveau des nouvelles incertitudes et des nouveaux défis, l'Europe aura des difficultés à établir une connexion entre la diplomatie multilatéraliste, pratiquée jusqu'ici et la diplomatie multipolariste dominante dans la scène planétaire. Le multipolarisme s'affirme comme tendance à la régularité classique des regroupements politiques dans l'organisation des relations internationales et la compréhension de cette évolution exige, aux vues de la puissance dominante du système (les États-Unis), de faire recours à deux grandes interrogations :

- Quelle stratégie adopter vis à vis d'une grande coalition eurasienne et anti-hégémonique, Russie-Chine- Iran ?

- Quelles hypothèses de conflits ouverts entre pôles et quels scénarios de belligérance entre pôles continentaux et pôles insulaires ?

Le « déclin d'Hégémon ». Alternance hégémonique ou « révolution systémique » ?

La question qui émerge du débat sur le rôle des États-Unis, dans la conjoncture actuelle, en Europe et dans le monde, est de savoir si la « stabilité hégémonique » (R.Gilpin), qui a été assurée pendant soixante dix ans par l'Amérique, est en train de disparaître, entraînant le déclin d'Hégémon et de la civilisation occidentale, ou si nous sommes confrontés à une alternance hégémonique et à un monde post-impérial. La transition de la fin de la guerre froide au système unipolaire à intégration hiérarchique incomplète s'est précisé comme une évolution vers un pouvoir partagé et un leadership relatif.

La transition nouvelle (celle de la nouvelle guerre froide), se manifeste comme :

- l'incapacité d'Hégémon d'imposer un ordre planétaire contraignant et comme lente décomposition du moment américain (déclin progressif de l'unipolarisme capacitaire et de l'unilatéralisme décisionnel).

20110314_400.jpgCela se traduit:

- par le passage de la « global dominance » de la période unipolaire au « global leadership », qui définit une série d'équilibres de réseaux et une fonction d'arbitrage que la puissance dominante (USA) exerce au sein de ses équilibres de réseaux

En ce sens, le « leadership global » des États-Unis, face a la Russie et à la Chine, dispose d'un large éventail d'options, lui permettant de faire recours à une panoplie des moyens politiques plus différenciés :

*un réseau mondial inégalé d’alliances militaires; des partenariats stratégiques de choix, à l’extrémité Ouest du Heartland (Europe), ou dans la jonction intercontinentale du plateau turque et sur la façade littorale de Moyen Orient (Israël), ainsi qu'une constellation insulaire et péninsulaire des « pays pivots » tout au long du Rimland (Japon, Inde, Golfe)

*un multilatéralisme institutionnel et informel, alternatif et de convenance.

L'interrogation qui s'accompagne à ce déclin et à la transition vers un système multipolaire articulé , est également centrale et peut être formulée ainsi : « Quelle forme prendra-t-elle cette transition ? »

La forme, déjà connue, d'une série de conflits en chaîne, selon le modèle de Raymond Aron, calqué sur le XXème siècle, ou la forme plus profonde, d'un changement tragique de la civilisation, de l'idée de société et de la figure de l'homme, selon le modèle des « révolutions systémiques », de Stausz-Hupé, embrassant l'univers des relations socio-politiques du monde occidental et couvrant les grandes aires de civilisations connues ? Or, derrière l' obscure clarté des hypothèses, il apparaît évident que cette transition ne marquera pas un accord sur des principes de légitimité, pouvant assurer la stabilité du monde, comme au Congrès de Vienne en 1815, mais la concordance fatale d'un partage du monde ou de la guerre pour sa prééminence, impériale et séculaire, comme dans la guerre du Péloponnèse ; concordance inexorable, inhérente à la dimension contingente de l'histoire humaine.

Bruxelles le 29 mai 2021

(Texte révisé le 7 juin 2021)

1. Heartland, « le pivot géographique de l'histoire », 1904, Halford MacKinder

2. Rimland, la bordure maritime de l'Eurasie, ou « inner crescent », concept géostratégique de Nicholas Johan Spykmann

BIBLIOGRAPHIE SÉLECTIVE

Raymond Aron, Paix et Guerre entre les nations, Ed. Calmann-Lévy, 1962

Raymond Aron, Dimensions de la Conscience Historique et en particulier , la destruction du système européen, cycles historiques et originalité de la conjoncture, conjoncture mondiale

Raymond Aron Penser la guerre, Clausewitz, (Tome 1 l'âge européen) - (Tome 2 L'âge planétaire) Ed.Gallimard 1976

Raymond Aron, Etudes poltiques Ed.Gallimard 1972

Raymond Aron, Mémoires, Cinquante ans de refléxion politique, Ed. Julliard, 1983

Thérèse Delpech, La dissuasion nucléaire au XXIème siècle Ed. Odile Jacob Septembre 2013

Carl Clausewitz, De la Guerre, Ed. De Minuit 1956

Halford John Mackinder, The Geographical Pivot of History, B. McCahill (Editor), 2016(first published 1904)

Nicholas John Spykman, America's Strategy in World Politics: The United States and the Balance of Power,New York: Harcourt, Brace and Company 1942

Graham Allison, Vers la Guerre. L'Amérique et la Chine dans le piège de Thucydide? Ed. Odile Jacob, 2019

Luigi Bonanate, Il sistema delle relazioni nternazionali Ed. Giulio Einaudi, Torino, 1976,

Morton A. Kaplan, Some Problems of International System Reaserch, in International politics of Community, Doubleday, 1966

R. N. Rosencrance, Bipolarity, Multipolarity, and the Future, réédité in Journal of Conflict Resolution, sept.1966

James Rosenau, Toward the study of National International Linkages, in Linkages Politics, Macmillan Publishing Co, 1969

Kenneth Waltz, Theory of International Politics (Hedley Bull, Herbert Butterfield et Kenneth Waltz)

Henry Kissinger, Diplomacy Ed. Fayard, 1997

Henry Kissinger, L'ordre du monde, Ed. Fayard, 2014

Zbigniew-Brzezinski, L'Amérique et le reste du monde, le Grand echiquier, Ed. Bayard.

Robert Gilpin, War and Change in World Politics - Cambridge University Press, March 2010

Niccolo' Machiavelli, Il Principe ou De Principatibus Ed Feltrinelli 1991

Irnerio Seminatore, L'Europe et le système international, Ed L'Harmattan, 2011

Général Lecointre, Interview Le Figaro, Publié le 21 mai 2021

Robert Strausz-Hupé, Geopolitics: The Struggle for Space and Power (1942)

Robert Strausz-Hupé, The Balance of Tomorrow: Power and Foreign Policy in the United States (1945)

Robert Strausz-Hupé, International Relations (1950)

Thucydide, La guerre du Péloponnèse Ed. Les belles lettres, 1972

jeudi, 10 juin 2021

Le Forum de St Pétersbourg. Une cartographie du siècle eurasiatique

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Le Forum de St Pétersbourg. Une cartographie du siècle eurasiatique

Par Pepe Escobar

Source The Saker’s Blog

Il est impossible de comprendre les détails de ce qui se passe sur le terrain en Russie et dans toute l’Eurasie, sur le plan commercial, sans suivre le Forum économique international de Saint-Pétersbourg (SPIEF).

Allons donc droit au but et proposons quelques exemples choisis de ce qui a été discuté lors des principales sessions.

L’Extrême-Orient russe. Voici une discussion sur les stratégies, largement couronnées de succès, visant à stimuler les investissements productifs dans l’industrie et les infrastructures dans l’Extrême-Orient russe. L’industrie manufacturière en Russie a connu une croissance de 12,2 % entre 2015 et 2020 ; en Extrême-Orient, elle était du double, à 23,1 %. Et de 2018 à 2020, l’investissement en capital fixe par habitant y était de 40 % plus élevé que la moyenne nationale. Les prochaines étapes sont centrées sur l’amélioration des infrastructures, l’ouverture des marchés mondiaux aux entreprises russes et, surtout, la recherche des fonds nécessaires (Chine ? Corée du Sud ?) pour les technologies de pointe.

L’Organisation de coopération de Shanghai (OCS). Comme j’ai pu le constater moi-même lors des précédentes éditions du forum, il n’existe rien de comparable en Occident pour ce qui est de discuter sérieusement d’une organisation telle que l’OCS, qui a progressivement évolué de son objectif initial de sécurité vers un rôle politico-économique de grande envergure.

La Russie a présidé l’OCS en 2019-2020, lorsque la politique étrangère a pris un nouvel élan et que les conséquences socio-économiques du Covid-19 ont été sérieusement abordées. Désormais, l’accent devrait être mis sur la manière de rendre ces nations membres, en particulier les « stans » d’Asie centrale, plus attrayantes pour les investisseurs mondiaux. Parmi les intervenants figuraient l’ancien secrétaire général de l’OCS, Rashid Alimov, et l’actuel secrétaire général, Vladimir Norov.

Le Partenariat eurasiatique. Cette discussion portait sur ce qui devrait être l’un des nœuds essentiels du siècle eurasiatique : le corridor international de transport nord-sud (INSTC). Un précédent historique important s’applique : la route commerciale de la Volga des 8e et 9e siècles qui reliait l’Europe occidentale à la Perse – et qui pourrait maintenant être prolongée, dans une variante de la Route de la soie maritime, jusqu’aux ports de l’Inde. Cela soulève un certain nombre de questions, allant du développement du commerce et de la technologie à la mise en œuvre harmonieuse de plateformes numériques. Les intervenants sont originaires de Russie, d’Inde, d’Iran, du Kazakhstan et d’Azerbaïdjan.

Le partenariat de la Grande Eurasie. La Grande Eurasie est le concept russe global appliqué à la consolidation du siècle eurasien. Cette discussion est largement axée sur la Big Tech, notamment la numérisation complète, les systèmes de gestion automatisés et la croissance verte. La question est de savoir comment une transition technologique radicale pourrait servir les intérêts de la Grande Eurasie.

Et c’est là que l’Union économique eurasienne (UEEA) dirigée par la Russie entre en jeu : comment la volonté de l’UEEA de créer un grand partenariat eurasien devrait-elle fonctionner dans la pratique ? Parmi les intervenants figurent le président du conseil d’administration de la Commission économique eurasienne, Mikhail Myasnikovich, et une relique du passé d’Eltsine : Anatoliy Chubais, qui est désormais le représentant spécial de Poutine pour les « relations avec les organisations internationales en vue de réaliser les objectifs de développement durable ».

Il faut se débarrasser de tous ces billets verts

La table ronde la plus intéressante de la SPIEF était consacrée à la « nouvelle normalité » (ou anormalité) post-Covid-19 et à la manière dont l’économie sera remodelée. Une sous-section importante portait sur la manière dont la Russie peut éventuellement en tirer parti, en termes de croissance productive. Ce fut une occasion unique de voir la directrice générale du FMI, Kristalina Georgieva, le gouverneur de la Banque centrale russe, Elvira Nabiullina, et le ministre russe des finances, Anton Siluanov, débattre autour de la même table.

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En fait, c’est Siluanov (photo) qui a fait tous les gros titres concernant le SPIEF lorsqu’il a annoncé que la Russie allait abandonner totalement le dollar américain dans la structure de son fonds national souverain et réduire la part de la livre sterling. Ce fonds aura plus d’euros et de yuans, plus d’or, et la part du yen restera stable.

Ce processus de dédollarisation en cours était plus que prévisible. En mai, pour la première fois, moins de 50 % des exportations russes étaient libellées en dollars américains.

Siluanov a expliqué que les ventes d’environ 119 milliards de dollars d’actifs liquides passeront par la Banque centrale russe, et non par les marchés financiers. En pratique, il s’agira d’un simple transfert technique d’euros vers le fonds souverain. Après tout, cela fait déjà des années que la Banque centrale se débarrasse régulièrement de ses dollars américains.

Tôt ou tard, la Chine suivra. En parallèle, certaines nations d’Eurasie, de manière extrêmement discrète, se débarrassent également de ce qui est de facto la monnaie d’une économie basée sur la dette, à hauteur de dizaines de trillions de dollars, comme l’a expliqué en détail Michael Hudson. Sans compter que les transactions en dollars américains exposent des nations entières à l’extorsion d’une machine judiciaire extra-territoriale.

Sur le très important front sino-russe, qui a été abordé lors de toutes les discussions du SPIEF, le fait est que l’association du savoir-faire technique chinois et de l’énergie russe est plus que capable de consolider un marché pan-eurasien massif et capable d’éclipser l’Occident. L’histoire nous apprend qu’en 1400, l’Inde et la Chine étaient responsables de la moitié du PIB mondial.

Alors que l’Occident se vautre dans un effondrement auto-induit, la caravane eurasienne semble inarrêtable. Mais il y a toujours ces satanées sanctions américaines.

La session du club de discussion du Valdai a approfondi l’hystérie : les sanctions servant un agenda politique menacent de vastes pans de l’infrastructure économique et financière mondiale. Nous en revenons donc une fois de plus au syndrome inéluctable du dollar américain servant d’arme, déployé contre l’Inde qui achète du pétrole iranien et du matériel militaire russe, ou contre les entreprises technologiques chinoises.

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Des intervenants, dont le vice-ministre russe des finances, Vladimir Kolychev, et le rapporteur spécial des Nations unies sur les « effets négatifs des mesures coercitives unilatérales sur la jouissance des droits de l’homme », Alena Douhan, ont débattu de l’inévitable nouvelle escalade des sanctions anti-russes.

Un autre thème récurrent dans les débats du SPIEF est que, quoi qu’il arrive sur le front des sanctions, la Russie dispose déjà d’une alternative à SWIFT, tout comme la Chine. Les deux systèmes sont compatibles avec SWIFT au niveau logiciel, de sorte que d’autres nations pourraient également l’utiliser.

Pas moins de 30 % du trafic de SWIFT concerne la Russie. Si cette « option » nucléaire venait à se concrétiser, les nations commerçant avec la Russie abandonneraient presque certainement SWIFT. En outre, la Russie, la Chine et l’Iran – le trio « menaçant » l’hégémon – ont conclu des accords d’échange de devises, bilatéralement et avec d’autres nations.

Cette année, le SPIEF a eu lieu quelques jours seulement avant les sommets du G7, de l’OTAN et de l’UE, qui mettront en évidence l’insignifiance géopolitique de l’Europe, réduite au statut de plateforme de projection de la puissance américaine.

Et moins de deux semaines avant le sommet Poutine-Biden à Genève, le SPIEF a surtout rendu un service à ceux qui y prêtent attention, en traçant certains des contours pratiques les plus importants du siècle eurasien.

Pepe Escobar

Traduit par Wayan, relu par Hervé pour le Saker Francophone

mardi, 08 juin 2021

Un coup d’éclat magistral !

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Un coup d’éclat magistral !

par Georges FELTIN-TRACOL

Ex: http://www.europemaxima.com

Diplomates et journalistes occidentaux n’en reviennent toujours pas. L’action audacieuse du Bélarus restera à coup sûr comme l’un des événements marquants de l’année 2021. Le dimanche 23 mai, un avion de chasse Mig-29 bélarussien reçoit l’ordre d’escorter jusqu’à l’aéroport de Minsk un avion de ligne Boeing 737 de la compagnie Ryanair qui relie Athènes en Grèce à Vilnius en Lituanie. Une alerte à la bombe à son bord est signalée et revendiquée par le Hamas.

Parmi les passagers qui sont repartis après une fouille minutieuse de l’appareil et de leurs bagages se trouvaient Roman Protassevitch et sa compagne russe Sofia Sapega. Ce journaliste contestataire vivait en exil en Pologne depuis deux ans, car, en opposant virulent au président Alexandre Loukachenko, il n’hésitait pas depuis l’étranger à inciter ses compatriotes à renverser l’ordre constitutionnel légitime du Bélarus.

Son arrestation a indigné tout le Bloc occidental atlantiste (BOA). Les opposants bélarussiens qui se terrent hors de leur patrie connaissent maintenant la frousse. Ces apprentis-prévaricateurs rêvent de chasser le président Loukachenko afin de mieux s’emparer du potentiel économique exceptionnel du pays. Les richesses agricoles, industrielles et informatiques bélarussiennes attisent leurs convoitises ultra-libérales. Les diplomaties occidentales dénoncent bien sûr un supposé « détournement » aérien. Le complexe médiatique d’occupation mentale répète en boucle ce point de vue approximatif. Les plumitifs de service le lundi de Pentecôte parlent pour leur part d’un acte sans précédent. Soit ce sont des incompétents notoires, soit ce sont des menteurs avérés.

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Le 2 juillet 2013, l’avion du président Evo Morales était détourné sur Vienne en Autriche. Au mépris de l’immunité diplomatique et présidentielle, l’appareil fut fouillé et le chef d’État bolivien dut patienter treize heures à l’aéroport. Sur réquisition des États-Unis et de l’OTAN, la police autrichienne recherchait un dangereux terroriste censé voyager à ses côtés : Edward Snowden. Le président Morales qualifia cet outrage inouï d’« acte de terrorisme d’État ». Alors respectivement vice-président des États-Unis et ministre français de la Défense, Joe Biden et Jean-Yves Le Drian ne condamnèrent pas ce scandale.

On a aussi oublié le détournement, le 22 octobre 1956, du DC – 3 d’Air Atlas – Air Maroc par l’aviation française. Faisant la liaison entre le Maroc et la Tunisie, l’avion personnel du souverain marocain transportait cinq hauts-dirigeants du FLN algérien. Cette décision prise sous un gouvernement socialiste, mais à l’insu du président du Conseil Guy Mollet, heurta les belles âmes de gauche et autres porteurs de valises homicides. Le 25 février 1963, des barbouzes, plus ou moins liées au renseignement militaire, enlevèrent à Munich en Allemagne de l’Ouest le colonel Antoine Argoud, membre du Comité exécutif du Conseil national de Résistance favorable à l’Algérie française. En dépit des protestations de Bonn, le colonel Argoud fut jugé par une cour spéciale de justice et condamné à la prison à perpétuité. La République française n’a jamais regretté cet enlèvement illégal et clandestin. Pour le DC – 3 comme pour le Boeing 737, la France et le Bélarus exercent leur droit le plus souverain.

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Roman Protassevitch risque de longues années de détention pour ses appels fréquents au soulèvement. Le BOA exige sa libération immédiate. Qu’il libère d’abord Julian Assange ! Incapable de rétablir l’ordre public dans le quartier de Stalingrad dans le XIXe arrondissement de Paris, le pitoyable gouvernement français joue une nouvelle fois au petit caïd sur la scène internationale. Avant de vouloir donner des leçons à la terre entière, il devrait plutôt contempler ses propres turpitudes liberticides. C’est dans l’Hexagone macronien que l’écrivain Hervé Ryssen a été emprisonné et condamné pour des citations de livres, qu’Alain Soral risque quatre ans de prison pour des commentaires politiques inappropriés, que l’humoriste Dieudonné demande l’asile politique à la Turquie, que Boris Le Lay fait l’objet d’un mandat d’arrêt international. Le 22 avril dernier, le Gilet jaune Christophe Chalençon a été condamné à six mois de prison avec sursis et à cinq ans d’inéligibilité pour « incitation à s’armer contre l’autorité de l’État ». Pendant son procès, il a assumé être un opposant politique et une victime de la censure du Régime hexagonal. Pendant ce temps, la police politique allemande perquisitionne le domicile de Björn Höcke, le président de l’AfD de Thuringe, député régional de ce Land et chef de file de la ligne nationale-populaire. A-t-il caché un financement politique occulte ? S’agit-il d’une nouvelle affaire de corruption ? C’est bien plus grave. Le Parquet le soupçonne de « stigmatiser les “ réfugiés ” » et de les considérer comme des criminels potentiels. Ainsi blasphèmerait-il contre les « migrants » et se voit accusé de crime de lèse-immigrés clandestins. Ces quelques exemples, principalement ouest-européens, se rapprochent de ce que les chancelleries occidentales souhaitent, approuvent et encouragent au Bélarus contre un président charismatique qui a compris le prétexte pandémique et qui ne se compromet pas avec deux youtubeurs en vogue.

L’EPHAD continental qu’est l’Union dite européenne vient de prendre de nouvelles sanctions contre le Bélarus. Ce pays a néanmoins l’habitude des menaces occidentales. Le dernier État d’Europe qui ose appliquer la peine de mort détient désormais une longue et solide expérience de résistance à l’hyper-classe cosmopolite. Il vient de le démontrer avec ce coup d’éclat magistral.

Georges Feltin-Tracol

• « Chronique hebdomadaire du Village planétaire », n° 217, mise en ligne sur TVLibertés, le 1er juin 2021.

lundi, 07 juin 2021

L’Europe: un terrain de jeux de guerre pour la stratégie américano-otanienne

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L’Europe: un terrain de jeux de guerre pour la stratégie américano-otanienne

par Manlio Dinucci, Italie

Ex: https://www.zeit-fragen.ch/fr/archives/2021/

En 2020, la mobilité terrestre des personnes dans l’Union européenne a été paralysée par les verrouillages, principalement à la suite du blocus du tourisme. La même chose s’est produite dans la mobilité aérienne: selon une étude du Parlement européen (mars 2021), elle a subi une perte nette de 56 milliards d’euros et 191 000 emplois directs, plus d’un million dans les industries connexes. En 2021, la reprise s’annonce très problématique. Un seul secteur a fortement accru sa mobilité en allant à l’encontre de la tendance: le secteur militaire.

En ce moment, environ 28 000 soldats passent d’un pays à l’autre en Europe avec des chars et des avions: ils sont engagés dans Defender-Europe 21, le grand exercice de l’armée américaine (et non de l’OTAN) en Europe impliquant 25 alliés et partenaires européens. L’Italie y participe non seulement avec ses forces armées, mais en tant que pays hôte. Dans le même temps, l’exercice Steadfast Defender de l’OTAN est sur le point de commencer, mobilisant plus de 9 000 soldats américains et européens, dont des soldats italiens. Il constitue le premier test à grande échelle des deux nouveaux commandements de l’OTAN: le Joint Force Command, avec son quartier général à Norfolk (USA), et le Joint Support Command avec son quartier général à Ulm (Allemagne). La «mission»du Norfolk Command est de «protéger les routes atlantiques entre l’Amérique du Nord et l’Europe» qui, selon l’OTAN serait menacée par les sous-marins russes; la «mission»du commandement d’Ulm est «d’assurer la mobilité des troupes à travers les frontières européennes pour permettre un renforcement rapide de l’Alliance sur le front de l’Est», menacée par les forces russes d’après l’OTAN.

Pour cette seconde «mission» l’Union européenne joue un rôle important, car l’armée américaine a demandé la création d’un «espace Schengen militaire». Le plan d’action sur la mobilité militaire, présenté par la Commission européenne en 2018, envisage de modifier «les infrastructures (ponts, voies ferrées et routes) qui ne sont pas adaptées au poids ou à la taille des véhicules militaires lourds». Par exemple, si un pont ne peut pas supporter le poids d’une colonne de réservoir de 70 tonnes, il doit être renforcé ou reconstruit. Après avoir alloué une dotation initiale d’environ 2 milliards d’euros à cet effet, en deniers publics soustraits des dépenses sociales, les ministres de la Défense de l’UE (Lorenzo Guerini pour l’Italie) ont décidé le 8 mai d’impliquer les Etats-Unis, le Canada et la Norvège sur le Plan de mobilité militaire de l’UE. Le secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg, présent à la réunion, a souligné le fait que «les Alliés non membres de l’UE jouent un rôle essentiel dans la protection et la défense de l’Europe». Ainsi, l’OTAN (21 pays de l’UE sur 27 sont membres de l’OTAN), après avoir chargé l’UE de mener et de financer la restructuration des infrastructures européennes à des fins militaires, prend en fait la gestion de la «Espace Schengen militaire».

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Dans la région européenne transformée en terrain de parade, l’adaptation des infrastructures à la mobilité des forces US / OTAN est testée dans des essais de guerre incluant «le déploiement de forces terrestres et navales d’Amérique du Nord vers la région de la mer Noire». Ils servent – selon les propos de M. Stoltenberg – à «démontrer la capacité et la volonté de l’Otan à protéger tous ses alliés de toute menace». Le type de «menace» a également été déclaré par les ministres des Affaires étrangères du G7 (Etats-Unis, Canada, Grande-Bretagne, Allemagne, France, Italie et Japon), qui se sont réunis le 5 mai à Londres. Les sept ministres (Luigi Di Maio pour l’Italie), renversant les faits, ont accusé la Russie de «comportement irresponsable et déstabilisateur, annexion illégale de la Crimée, regroupement des forces militaires à la frontière ukrainienne, utilisation d’armes chimiques pour empoisonner les opposants, activités malveillantes visant à saper le système démocratique d’autres pays, menacent l’ordre international fondé sur des règles». Le fait que le G7 ait formulé ces accusations avec les mêmes mots utilisés par le Pentagone et répétés par l’OTAN, confirme l’existence de la même matrice dans la stratégie de tension poussant l’Europe dans une situation de plus en plus dangereuse.•

Censure de la loi Molac, victoire des « anywhere » !

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Censure de la loi Molac, victoire des «anywhere»!

par Llorenç PERRIÉ ALBANELL

Le vendredi 21 mai 2021 le Conseil constitutionnel, saisi par une soixantaine de parlementaires suite à l’adoption le 8 avril 2021 de la la loi Molac relative à la protection patrimoniale des langues régionales et à leur promotion, à rendu sa décision (n°2021-818 DC 21 mai 2021).

Le Conseil constitutionnel a décidé de rendre non conforme à la Constitution les articles 4 et 9 de la loi Molac, portant respectivement sur le caractère immersif de l’enseignement dans les établissements du service public ou associés, et l’utilisation des signes diacritiques des langues régionales pour les actes administratifs.

L’article principalement utilisé par les Sages est le premier alinéa de l’article 2 de la Constitution « La langue de la République est le français ». Par une pirouette juridico-jacobine le Conseil constitutionnel a su utiliser à bon escient pour sa démonstration l’article 75-1 de la Constitution « les langues régionales appartiennent au patrimoine de la France ». Ce dernier en effet ne revêt aucun caractère contraignant, ce qui a l’avantage de muséifier les dites langues tout en donnant l’illusion de faire quelque chose. L’observateur sagace notera que si la langue de la République est le français, les langues régionales, en revanche, ne sont que des langues du patrimoine de la France. Existe t-il une hiérarchie entre la République et la France ? Ou alors une dichotomie entre le pays légal et le pays réel ? Les deux à la fois certainement. En tout cas il est certain que les langues régionales n’appartiennent pas au patrimoine de la République.

Nous pouvons voir qu’un réel problème politique se pose devant nous. Une loi votée par le Parlement est ainsi censurée par le Conseil Constitutionnel, la procédure est évidemment autorisée par la Constitution (art. 61). Nous sommes loin de la célèbre phrase du général de Gaulle « En France, la cours suprême, c’est le peuple ». Que reste t-il donc du vox populi dont la souveraineté (existe-elle encore?) est déléguée à la représentation nationale, le Parlement ?

La question se pose doublement. Faisons un peu d’anticipation électorale en cas d’un bouleversement de grande ampleur lors des prochaines présidentielles, même si cet hypothétique futur Gouvernement dispose des outils du parlementarisme rationalisé (en cas de tentative de déstabilisation ou d’obstruction parlementaire, faute de majorité), il devrait faire face à la fois au Conseil constitutionnel et au droit communautaire.

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Revenons à la question des langues régionales. Une solution s’esquisse, mais difficilement réalisable, non pas techniquement, mais politiquement. Une révision des articles 2 et 75-1 de la Constitution. Tout d’abord donner un caractère contraignant à l’article 75-1, et ensuite insérer la réalité plurielle des langues régionales autochtones dans l’article 2. En effet, la République a parfaitement réalisé la francisation généralisée des régions, un retour en arrière est impossible, s’acharner de la sorte se résume à tirer sur un cadavre refroidi depuis bien longtemps, les langues régionales, elles, ne représentent aucun danger pour l’unité de la France. Invoquer les cas de sécession en Europe relève de l’épouvantail et du fanatisme jacobin. La France doit donc assumer, juridiquement, non seulement l’enseignement mais aussi la promotion des langues régionales sous peine de perdre le peu de vitalité identitaire qui lui reste encore. C’est un chemin ardu, car pour en arriver à une telle procédure, il faut un Gouvernement d’enracinés, ce qui pour l’heure n’est pas le cas. En effet, aucune proposition de loi constitutionnelle n’a abouti jusqu’à présent, seuls les projets de lois constitutionnelles aboutissent, car ils émanent de l’exécutif.

Nous pouvons dire que pour l’heure ce sont les anywhere (ceux de partout) qui ont remporté la partie contre les somewhere (ceux de quelque part). En effet, la soixantaine de parlementaires nomades qui a saisi le Conseil constitutionnel restera dans l’histoire comme celle qui aura porté atteinte à plus de quarante années de lutte, de construction, d’expérimentation, de résultats et de travail sérieux pour maintenir et transmettre les langues vernaculaires d’un pays laminé par la mondialisation, après avoir été son laboratoire idéologique. Sœur

Llorenç Perrié Albanell

• D’abord mis en ligne sur Terre et Peuple, le 1er juin 2021.

La revue de presse de CD - 06 juin 2021

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La revue de presse de CD

06 juin 2021

DESINFORMATION

Biélorussie : Roman Protassevitch opposant fabriqué et néo-nazi

Le détournement de l’avion Ryanair vers Minsk et l’arrestation de Roman Protassevitch permet d’assister une fois de plus à un jeu de rôle classique. Le moins que l’on puisse dire c’est que si détournement il y a pour permettre une arrestation, c’est simplement de la piraterie. Et le fait que les États-Unis, l’Allemagne et la France (coucou Assange, coucou Snowden, coucou Benbella…) n’aient aucune leçon à donner n’empêche pas cette qualification. Sur le fond j’invite à prendre connaissance de l’interview de l’interview d’Arnaud Dubien qui montre que l’affaire est un peu plus compliquée qu’on ne le présente.

Vu du Droit

https://www.vududroit.com/2021/05/bielorussie-roman-prota...

ESPIONNAGE

L’espionnage des Européens par la NSA dépasse en volume tout ce que l’on peut imaginer et rien ni personne ne s’y oppose

On apprenait ce week-end que la NSA aurait, entre autres choses, utilisé délibérément un accord secret avec le Danemark pour espionner indûment ses alliés, à l'image de la France et de l’Allemagne. Interview de Franck DeCloquement.

Atlantico.fr

https://atlantico.fr/article/decryptage/l-espionnage-des-...

GEOPOLITIQUE

Israël : nouveau directeur du Mossad mais même objectif : l'Iran

Après plusieurs mois d’attente, Benjamin Netanyahu a annoncé la nomination du nouveau chef des services secrets de l’État hébreu. L'arrivée de David Barnea à la tête du Mossad sonne comme une mise en garde contre l’Iran.

Atlantico.fr

https://atlantico.fr/article/decryptage/israel---nouveau-...

Illusion et désillusion d’une Grande Syrie arabe

La Syrie et le Liban sont deux régions où la France dispose de liens historiques et culturels importants. Durant la Première Guerre mondiale, elle a tenté de faire valoir ses intérêts en permettant la création d’une Grande Syrie arabe. Une tentative qui a certes échoué, mais qui a malgré contribué à façonner le visage actuel de la région. 

Conflits.com

https://www.revueconflits.com/illusion-et-desillusion-dun...

Eschatologie du conflit russo-turc

Les récents événements du Moyen-Orient ont accru les sentiments antiturcs parmi les peuples orthodoxes chrétiens à l’intérieur de l’espace byzantin : Grecs, Serbes, Bulgares et Roumains. Les tensions croissantes ont conduit beaucoup de gens dans la région et dans d’autres pays orthodoxes chrétiens, incluant la Russie, à se référer aux prophéties des Saints orthodoxes sur la guerre entre la Russie et la Turquie.

Euro-synergies

http://euro-synergies.hautetfort.com/archive/2021/05/28/e...

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MEDIA

BHL « enquête », la défaite du journalisme

Grand moment de journalisme dans le JDD qui nous offre dans Le Journal du Dimanche du 23 mai une « enquête » signée Bernard-Henri Levy sur deux pleines pages. Sujet de l’investigation ? « Le Doge de Paris », l'ancienne bourse transformée en musée privé par François Pinault. Un monument du genre (pas le Doge, l’article…) qui en dit long sur les relations incestueuses entre médias, influence et capitalisme. En matière de journalisme tout court et d'indépendance, on fait difficilement mieux.

Blast-info

https://www.blast-info.fr/articles/2021/bhl-enquete-la-de...

La Croix (celtique) et le terrorisme inconnu…

La Croix hebdo, le numéro de fin de semaine (21 mai 2021) du journal de centre gauche, nous a gratifié d’un titre racoleur pour son opus de Pentecôte : « Terrorisme d’ultra droite — une autre menace ». Le tout illustré d’une belle croix celtique. Une « une » à la Libé à laquelle La Croix ne nous avait pas habitués… Mais à y regarder de plus près, on regrette presque les pages de Libération.

OJIM

https://www.ojim.fr/la-croix-celtique-et-le-terrorisme-in...

Populismes en Inde et au Brésil : l’indigence des analyses médiatiques

Quel est le point commun entre l’Inde et le Brésil ? A priori, aucun : tout semble séparer ces deux pays. Leur traitement médiatique récent tend pourtant à les rapprocher. Il s’agirait dans les deux cas de grandes démocraties, dirigées depuis peu par des personnages autoritaires, et confrontées à une catastrophe sanitaire sans précédent face à la pandémie de Covid-19. De là à présenter l’hécatombe comme une conséquence logique de l’élection de « populistes » tels que Narendra Modi et Jair Bolsonaro, il n’y a qu’un pas, que certains médias franchissent allègrement.

Le Vent se Lève

https://lvsl.fr/populismes-en-inde-et-au-bresil-lindigenc... /

Les trois clés pour la souveraineté numérique

Aujourd'hui, des entreprises françaises stockent leurs données sur les clouds d'Amazon (AWS), de Google ou de Microsoft et de nombreux Français échangent quotidiennement sur des messageries et applications qui collectent leurs données pour les partager avec les GAFAM. Mais comment agir pour que les solutions françaises et européennes deviennent une évidence et un réflexe pour toute la population ?

La Tribune

https://www.latribune.fr/opinions/tribunes/les-trois-cles...

UNION EUROPEENNE

Injure démocratique du traité de Lisbonne : qui a fait quoi ?

Le 29 mai 2005, le peuple français avait explicitement par une large majorité rejeté le Traité Constitutionnel Européen. Le sens de ce vote obtenu par référendum c’est-à-dire par l’arbitrage ultime de la souveraineté populaire était clair : le refus de la voie empruntée par le TCE visant à confisquer au peuple français sa souveraineté sur le territoire national. Par l’ossification définitive dans des traités irréformables, des questions relevant auparavant de la délibération des citoyens de notre pays.

Vu du Droit

https://www.vududroit.com/2021/05/injure-democratique-du-...

dimanche, 06 juin 2021

Réflexions sur le choc Maroc/Espagne

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Réflexions sur le choc Maroc/Espagne

Par Jordi GARRIGA

Ex: https://metainfos.com

Avec le Maroc, il est très facile de faire une comparaison avec Israël. En fait, la question de Gaza et de sa comparaison possible avec le Sahara ou Ceuta est quelque chose que nous pouvons faire. En d’autres termes, les Israéliens, les Américains, veulent se laver les mains, avoir les « mains propres », c’est pourquoi ils ont finalement fait reconnaître au Maroc l’État d’Israël. Avec ce soutien, le Maroc sait qu’il peut, sinon réussir, commencer à faire des tentatives, à faire des expériences, à tester la résistance espagnole sur ses places nord-africaines.

En effet, on peut supposer que le Maroc ne s’arrêtera pas là, le Maroc a complètement contourné le droit international, tout comme Israël le fait, tout comme le font les États-Unis, et comme aujourd’hui la plupart des puissances souveraines dans le monde. Parce que le gros problème avec l’Espagne est qu’elle n’a en réalité pas ou plus de souveraineté.

Des documents, des résolutions, tout ce que vous voulez peut nous être présenté, mais l’Espagne est une entité qui n’est pas souveraine, ni politiquement ni économiquement.

Lorsque l’Espagne est entrée dans la Communauté économique européenne (aujourd’hui l’UE) en 1986, l’Espagne a elle-aussi, à ce moment là, été contrainte de reconnaître l’État d’Israël, faisant ainsi exploser la politique traditionnelle espagnole d’amitié avec les pays arabes.

Le fait est que la situation va très bien pour le « sultan » du Maroc: d’une part, il utilise son peuple à volonté en le jetant contre l’Espagne. C’est un moyen traditionnel en politique que de solutionner ses problèmes internes, en particulier dans le cas du Maroc ceux du Nord du pays en les projetant à l’extérieur, et en blâmant l’Espagne de tous les maux.

Il existe pourtant de nombreux liens économiques entre les deux pays, donc si un boycott est proclamé, les coupables seront en premier les Espagnols car, dans tous les cas, à Casablanca, tout ce qui détériorera la situation économique marocaine sera forcément la faute du voisin pervers du nord.

Et c’est qu’en Espagne, cette question est vécue aussi de manière compliquée, car nous avons comme en France un grave problème d’identité nationale et il ne faut pas s’attendre à ce que de nombreux citoyens soient prêts à défendre l’ « espagnolité » de Ceuta et Melilla.

En ce sens que depuis de nombreuses années, l’idée s’est répandue qu’il vaut peut-être mieux «rendre» ces villes au Maroc.

Le problème est que ces îlots ne peuvent être renvoyés à leur propriétaire, à un État, par exemple le Marocain car ils n’ont en réalité jamais fait partie du Maroc: Ceuta était portugaise en 1415 et espagnole en 1580 jusqu’à aujourd’hui présent. Melilla depuis 1556. Le Maroc n’existe que depuis 1956.

Mais … cette propagande constante pendant plus de 40 ans après l’abandon du Sahara occidental, trahi par l’ancien roi Bourbon en 1975, a fait des ravages. Bien que la position doit être ferme: nous n’avons rien à rendre, car ce sont deux villes espagnoles, point final.

Le problème, qui le relie avec Israël cité plus-haut, c’est que le Maroc est l’autre grand porte-avions yankee qui surveille l’accès de l’Europe de l’Ouest à la Méditerranée: contrôle de l’Afrique du Nord, contrôle de l’Europe, contrôle du Moyen-Orient … Et cette situation va perdurer tant que l’Europe continuera d’être la partie orientale de l’Empire mondialiste incarné par les États-Unis, tant que l’Espagne, comme les autres pays européens, est totalement dépendante de la géopolitique de la soumission atlantiste, soumise à l’obligation de rejoindre le bloc mondialiste, « occidental » quel qu’il soit.

À l’heure actuelle, l’Europe et encore moins l’Espagne ou la France à eux seuls n’ont assez de pouvoir pour créer leur propre bloc pour affronter le Maroc et ses parrains yankee-sionistes puisque l’Europe contre ses intérêts à choisi une politique anti-eurasienne, anti-russe.

Pour l’Espagne, les alternatives sont compliquées: elle est déjà intégrée dans une Europe, l’UE, mais on sait déjà à quel point cette organisation est dans la dépendance complète et incapable de défendre un quelconque de ses intérêts.

Depuis longtemps, l’Espagne et le Maroc vivent dans une tension constante. Dans quelle mesure cette tension va-t-elle se poursuivre et jusqu’à quand les tentatives d’invasion, les provocations continueront-elles?  Jusqu’au réveil du peuple hispanique ?…  Jusqu’au sursaut européen final ? C’est très difficile de savoir. Mais il est clair que pendant de nombreuses années, cela posera aux Espagnols, de nombreux problèmes et de multiples ricochets à nos voisins européens les plus proches : les marocains ne font pour la moitié d’entre eux que traverser l’Espagne pour rejoindre Paris.

Ce qui vient de se passer n’est en tout cas qu’un épisode de plus dans le drame d’une Europe assiégée de l’intérieur comme de l’extérieur.

samedi, 05 juin 2021

L'islamisation forcée de la Bosnie-Herzégovine pendant la guerre des Balkans

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L'islamisation forcée de la Bosnie-Herzégovine pendant la guerre des Balkans

Par Enric Ravello Barber

Ex: https://www.enricravellobarber.eu/2021/06/la-islamizacion-forzada-de-bosnia.html#.YLtOD0w6-Uk

Les Bosniaques, les Serbes et les Croates sont un seul et même peuple de la famille slave qui est arrivé dans les Balkans vers le 7ème siècle de notre ère. Ils parlent la même langue, le serbo-croate, bien que chaque pays l'appelle différemment: serbe, bosniaque ou croate – langue que les Croates et les Bosniaques écrivent avec l'alphabet latin, tandis que les Serbes utilisent le cyrillique. Mais il existe un élément qui les différencie au point de les opposer et de les rendre hostiles les uns aux autres tout au long de l'histoire: la religion. Slaves christianisés, les Serbes ont été convertis entre 867 et 869 par l'empereur byzantin Basile Ier, après qu'ils aient reconnu son autorité, et sont donc devenus des chrétiens orthodoxes, tandis qu'en 879 le pape Jean VIII a reconnu le souverain croate, le duc Branimir, ce qui indique que leur christianisation s’est déroulée dans un contexte catholique-romain.

La situation est restée telle jusqu'à l'impact de la conquête des Balkans par l'Empire turc en 1463, lorsque la Bosnie, qui faisait jusqu'alors partie de la Croatie - la ‘’Croatie rouge’’ - est passée aux mains des Ottomans et que le gros de sa population s'est convertie à l'Islam, ce qui n'est pas arrivé aux Serbes qui ont conservé leur religion même sous la domination ottomane. La Croatie a toujours été défendue contre les assauts turcs, d'abord par la Sérénissime République de Venise, puis par l'Empire austro-hongrois. C'est l'origine de l'inimitié atavique entre Croates, Serbes et Bosniaques (nom donné aux Slaves du Sud de religion musulmane).

Géographiquement, le pays est divisé en deux zones: la Bosnie, au nord du pays, et l'Herzégovine, qui doit son nom à Stefan Vukcic, qui, dans une lettre adressée à l'empereur Frédéric II peu avant l'invasion turque, signait en tant que Grand-Duc de Bosnie. Le terme ‘’duc’’ en allemand se dit ‘’Herzog’’, ce qui explique que la région soit connue sous le nom d'Herzégovine (le duché) dans les documents de l'époque, avant d'être officialisée au milieu du 19ème siècle, lorsque, étant toujours une province turque, elle a été officiellement appelée Bosnie-Herzégovine.

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La Bosnie est restée sous domination turque jusqu'en 1878 (bien qu'elle ait été libérée par les Autrichiens entre 1718 et 1739), date à laquelle les Bosniaques se sont révoltés contre le sultan Abdulhamid II, influencés qu’ils étaient à l’époque par la révolution nationaliste de leurs voisins et frères serbes sur le plan ethnique (mais pas sur le plan religieux). Ces révoltes provoquent l'intervention des Austro-Hongrois et des Russes, qui finissent par expulser les Ottomans de la Bosnie, qui se retrouve administrée par l'Empire austro-hongrois, comme la Croatie et, partiellement, la Serbie. Après son démembrement à la suite de la Première Guerre mondiale, la Bosnie a fait partie d'un nouvel État, la Yougoslavie, qui a été divisée pendant la Seconde Guerre mondiale - lorsque la Bosnie a fait partie de l'État indépendant de Croatie – puis, suite à l’effondrement de l’Axe, a été reconstituée après 1945.

Pendant plusieurs siècles, les catholiques (Croates) et les orthodoxes (Serbes) qui vivaient en Bosnie-Herzégovine se définissaient comme des chrétiens, tandis que les musulmans étaient appelés ‘’Turcs’’, un terme qui n'est pas équivalent à ‘’Osmanli’’ ou ‘’Turkuse’’, désignant les Turcs eux-mêmes (1). Si les catholiques bosniaques s’indentifiaient pleinement à la Croatie, et les Serbes bosniaques à la Serbie, ils mettaient les musulmans bosniaques dans la position de prendre l'Islam comme principal élément d'identification. C'est ainsi que la question fondamentale se pose. Pour fonder l'existence d'un État bosniaque-herzégovin, il y avait deux possibilités: inclure les catholiques, les orthodoxes et les musulmans dans une seule République unitaire (nationalisme bosniaque), ou prendre l'Islam comme un élément sur lequel construire leur identité nationale (2) laissant (selon un nationalisme islamique) en suspens le cas des "minorités" catholiques et orthodoxes (3) et leur rôle dans un État compris comme musulman.

Sous le titisme, la Bosnie-Herzégovine était la république yougoslave où la plupart des citoyens inscrivaient dans l'espace réservé à la "nationalité" le terme yougoslave (sans autre référence), dans le registre civil. C'est au cours des années 1960, et plus encore au sein de l'émigration bosniaque vers l'Allemagne, que le sentiment identitaire musulman a commencé à se répandre parmi les Bosniaques, sentiment auquel Tito lui-même a fait des clins d'œil, reconnaissant les musulmans comme une "nationalité yougoslave" en 1961, lorsqu'ils sont devenus - en raison de leur taux de natalité élevé - le groupe le plus nombreux en Bosnie-Herzégovine au détriment des Serbes orthodoxes. Ces clins d'œil de Tito peuvent être compris dans le contexte d'une Yougoslavie qui s'était engagée à rejoindre les pays dits "non alignés", qui comprenaient plusieurs États musulmans.

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Le début du processus de désintégration de la Yougoslavie avec l'indépendance de la Slovénie et de la Croatie a ouvert les portes au conflit interne en Bosnie et à la possibilité de créer un État bosniaque indépendant. Pour certains illuminés, c'était le moment de construire leur État musulman dans les Balkans, parmi les plus dangereux de ces illuminés se trouvait un certain Alija Izetbegovic qui allait devenir président de la République de Bosnie-Herzégovine. De toute évidence, cette définition confessionnelle-nationale était la déclaration d'exclusion pour les Serbes et les Croates de Bosnie d'un projet national commun, d'où leur volonté et leur besoin de se "réunifier" avec les Etats nationaux où ils étaient reconnus comme tels. Croatie et l'ancienne Yougoslavie, respectivement.

L'Islam et les USA du côté bosniaque

Alija Izetbegovic aurait fait partie de l'organisation des ‘’Jeunes musulmans’’, créée sous l'influence des Frères musulmans égyptiens. En 1970, il publie un texte intitulé Déclaration islamique, réédité à Sarajevo en 1990, dans lequel il explique ses intentions politico-religieuses: « Notre objectif: l'islamisation... tout ce qui, dans l'histoire des peuples musulmans, constitue une mémoire de grandeur et de valeur a été créé sous les auspices de l'Islam. La Turquie, en tant que pays islamique qui a régné sur le monde, en tant que copie européenne, représente un pays du ‘’troisième ordre’’ comme tant d'autres dans le monde. Le mouvement islamique doit et peut prendre le pouvoir dès qu'il aura la force numérique et morale de le faire (...) La conclusion est importante: il ne peut y avoir de coexistence entre les croyances islamiques et les institutions politiques et sociales non-islamiques... ».  Au cours de la décennie 70-80, à l'influence importante de l'islamisme égyptien en Bosnie, il faut en ajouter une nouvelle, plus importante encore: l'islamisme iranien. L'islamisme iranien étant plus attractif pour les Bosniaques, l'Iran a profité de cette circonstance pour gagner le soutien des futurs dirigeants du SDA (‘’Parti de l'action démocratique’’, présidé par Izetbegovic), dont certains ont été arrêtés en 1983 alors qu'ils revenaient d'un congrès à Téhéran pour l'unité des chiites et des sunnites, que le régime iranien, alors en guerre contre l'Irak de Saddam Hussein, avait organisé.

Lorsque le conflit bosniaque a éclaté, l'essentiel de l'aide musulmane aux Bosniaques provenait de l'Iran dont les réseaux de soutien - sanitaires et logistiques - se sont avérés très efficaces, si bien que 86% des musulmans bosniaques ont déclaré avoir une opinion "favorable ou très favorable" de l'Iran. En 1992, les Frères musulmans ont appelé au djihad contre les Serbes ; bien que leur aide ait été moindre que celle de l'Iran, elle a jeté les bases d'une relation dangereuse entre la Bosnie et les aspects les plus radicaux du fondamentalisme islamique.

Les États-Unis font leur apparition dans le conflit de l'ex-Yougoslavie en soutenant le camp musulman et en pariant sur l'unité d'une Bosnie-Herzégovine regroupant Serbes et Croates sous le commandement des musulmans et la présidence d'Alija Izetbegovic, annulant toute possibilité que la minorité croate rejoigne la Croatie (alliée traditionnelle de l'Allemagne) et que les Serbes le fassent avec la Serbie (amie de la Russie). Pour couper l'avantage acquis par l'Allemagne-UE avec l'indépendance de la Croatie et de la Slovénie, et pour empêcher une puissante Grande Serbie alliée à la Russie, Washington prend le drapeau musulman (comme il le fera plus tard au Kosovo pour des raisons identiques), formalisant une fois de plus une entente islamo-américaine contre tout rapprochement possible entre les deux grandes puissances continentales: l'Allemagne et la Russie.

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De son côté, le gouvernement musulman de Sarajevo (la capitale de la Bosnie), conseillé et armé par le Pentagone, a provoqué une situation irréversible pour les Croates et les Serbes de Bosnie, espérant que ses provocations constantes déclencheraient une vague de violence qui permettrait à la Bosnie musulmane de compter sur la sympathie de l'Europe occidentale, et sur une intervention armée conséquente en sa faveur. Comme l'a reconnu le chef du secrétariat d'État américain aux affaires étrangères en Bosnie: « Ce qui était à l'origine un gouvernement bosniaque multiethnique et légalement élu est devenu une entité musulmane extrémiste et antidémocratique ». Le gouvernement de Sarajevo et son Armija (le nom de son armée) n'ont pas eu trop de scrupules à faire en sorte que les Serbes soient présentés comme des barbares en Occident, permettant ainsi aux Américains de prolonger le conflit dans le but de déstabiliser et d'affaiblir au maximum cette zone vitale pour l'équilibre européen. Ainsi, le 27 mai 1992, une explosion devant une boulangerie a causé la mort de seize Bosniaques. Les images choquantes et horribles sont apparues à la télévision dans le monde entier et ont été reprises ad nauseam par CNN, blâmant sans le moindre doute les paramilitaires serbes pour un crime aussi horrible. Par la suite, les services secrets britanniques et français ont admis qu'il s'agissait d'un auto-assassinat commis par les musulmans dans le seul but de l'attribuer aux Serbes devant l'opinion publique mondiale: ce dernier "détail" n'a pas été rapporté dans les nouvelles mondiales. Le 27 août de la même année, un autre massacre a dévasté un marché de Sarajevo. L'OTAN a répondu au massacre par une action d'envergure: 60 bombardiers ont attaqué les positions serbes. Un mois plus tard, des experts britanniques ont également conclu que le missile lancé contre le marché rempli de civils provenait des rangs musulmans: là encore, le voile du silence médiatique a été étendu.

Le radicalisme islamique, une menace pour la Bosnie-Herzégovine

« La Bosnie était un modèle de tolérance interreligieuse. L'islamisme présent dans cette région était plus laïc qu'on ne pouvait l'imaginer. Les musulmans de Sarajevo étaient à une distance sidérale de ceux du Moyen-Orient. Aujourd'hui, au contraire, après dix ans de turbulences, les musulmans bosniaques sont également entrés dans le jeu international du fondamentalisme » (4).

Entre 1992 et 1995, la Bosnie-Herzégovine est devenue un enjeu majeur pour l'islamisme international. Après 2001, les enquêtes sur les réseaux terroristes islamistes sont toujours passées par le sol bosniaque. Des islamistes d'Afrique et d'Asie ont obtenu la citoyenneté bosniaque avec une étonnante facilité, avec une attitude clairement complice de la part des autorités locales, il semblerait que l'arrivée de ces Africains et Asiatiques réponde à une certaine volonté du gouvernement musulman de Sarajevo. Cette campagne de "nationalisations expresses" répondait à deux motivations: d'une part, reconnaître les mérites guerriers des moudjahidines qui ont pris les armes pour l'Armija; et d'autre part, permettre l'arrivée sur le sol bosniaque d'intégristes reconnus avec lesquels on pouvait "réislamiser" la population locale. Ce deuxième objectif a provoqué et provoque encore aujourd'hui une certaine confrontation entre l'"Islam bosniaque traditionnel d'empreinte modérée" et l'"Islam fondamentaliste importé" par ces néo-missionnaires wahhabites, qui considèrent la Bosnie comme un territoire à "ré-islamiser".

Cette Bosnie présidée par Alija Izetbegovic ne pouvait contenir le désir d'autodétermination des communautés croate et serbe. Le conflit de guerre qui a provoqué cette tension a occupé la première page de tous les journaux internationaux au début des années 90. La paix est venue avec les accords de Dayton de 1995, selon lesquels la Bosnie-Herzégovine a été divisée en deux entités mais toujours au sein du même État. Ces entités sont la Fédération de Bosnie-Herzégovine - qui comprend les musulmans et les Croates - et la Republika Srpska pour les Serbes, cette dernière jouissant d'une grande autonomie et seule la pression internationale l'empêche de rejoindre la Serbie. Avec cette division, l'organe directeur de la République de Bosnie-Herzégovine est collégial : deux représentants de la Fédération (un catholique et un musulman) et un troisième, Serbe de la Republika Srpska, celui qui obtient le plus de voix sur ces trois étant le président nominal de la République. Depuis cette division, la zone serbe n'a plus qu'une relation superficielle et administrative avec le reste du pays. Le problème est que dans la Fédération, nous assistons à un double phénomène: la réislamisation dans un esprit wahhabite des musulmans bosniaques et la marginalisation et le harcèlement des catholiques croates.

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Depuis le départ du pouvoir d'Alija en 2000 - il est mort en 2003 - les présidents de la Fédération (parmi lesquels Barik Izetbegovic, fils d'Alija) ont intensifié le processus d'islamisation, particulièrement visible dans la capitale Sarajevo, autrefois connue pour la bonne coexistence entre Serbes, catholiques et musulmans et aujourd'hui avec un paysage plus proche d'Ankara que de la ville européenne qu'elle a toujours été. Selon les mots du Cardinal Franc Rodé : « Sarajevo est devenue pratiquement une ville musulmane ». Après son voyage dans la région en juin 2009, ce Cardinal a déclaré sur Radio Vatican : « Les catholiques ont été les principales victimes de la guerre et beaucoup ont fui le pays, vers la Croatie et aussi vers des pays plus lointains comme l'Australie, le Canada et la Nouvelle-Zélande (...) A Sarajevo, une ville de 600.000 habitants, il ne reste aujourd'hui que 17.000 catholiques », soulignant également que dans de nombreux villages où il n'y avait jamais eu de mosquées, de nouvelles ont été construites, ce qui indique qu'"il existe une volonté claire d'islamiser la région de Sarajevo". Cette même année, le cardinal de Sarajevo, Vinko Puljic, a dénoncé la croissance du fondamentalisme en Bosnie, sans que les autorités ne fassent rien pour l'arrêter. Comme dans de nombreux autres pays européens, la construction de mosquées et de madrasas (écoles coraniques) est financée par les pétrodollars saoudiens.

Les Serbes et les Croates ont été victimes de cette "purification religieuse" faite à coups de kalashnikovs et de demi-lunes, mais nous voulons terminer cet article en soulignant que les principaux perdants sont les Bosniaques eux-mêmes de religion musulmane, un peuple slave européen, islamisé par l'envahisseur turc à l'âge moderne, et maintenant ré-islamisé à coups de pétrodollars et par le fanatisme saoudien. Pour eux, il serait nécessaire de repenser l'idée de la base sur laquelle construire l'Etat bosniaque. Ce sont eux qui devraient combattre cet islamisme fondamentaliste qui menace l'identité de leur peuple et qui fait de la Bosnie une base logistique des islamistes dans leur attaque contre notre Europe.

Enric Ravello

NOTES :

(1) Thierry Mudry "Bosnie-Erzégovine. La nascita di una nazione" dans Orion, nº5, mai 1996. Milan

(2) Ce que E.J. Hobsbawn a déjà souligné dans son livre Naciones y nacionalismos desde 1870. Ed. Crítica, Barcelone 1991, p. 79: "sans doute les musulmans bosniaques et les musulmans chinois finiront-ils par se considérer comme une nationalité, puisque leurs gouvernements les traiteront comme s'ils l'étaient".

(3) Relativement "minoritaires". Les Serbes représentent 38 % de la population de la Bosnie, et les Croates 22 %. La somme des deux "minorités" donne 60% de la population contre 40% pour les Bosniaques musulmans.

(4) Aldo dei Lello, L´utopia con la toga. L´ideologia del triunale internazionale e il proceso Milosevic. Ed. Sovera Multimedia. Roma 2002.

Biden déploie sa machine de guerre

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Biden déploie sa machine de guerre

Par Alexander Markovics

« Nous devons nous attendre à une guerre nucléaire ». Ce qui ressemble à un gros titre datant de l'apogée de la guerre froide est aujourd’hui une déclaration tirée du rapport annuel du commandement stratégique américain. En charge des forces nucléaires américaines, les généraux des Etats-Unis considèrent la guerre nucléaire avec la Russie et la Chine comme une possibilité "dans le spectre actuel des conflits". Dans le même temps, 28.000 soldats de 26 nations se déploient sous la direction des États-Unis en Europe de l'Est, à la frontière sud avec la Russie, dans le cadre des manœuvres "Defender Europe 2021", qui se dérouleront du 1er mai au 14 juin. L'Allemagne ne se contente pas de participer à cet exercice de grande envergure, qui peut littéralement être considéré comme un pistolet braqué sur la poitrine de la Russie, mais sert avant tout de zone de déploiement pour les autres pays de l'OTAN et notamment pour les États-Unis. Mais quel est le contexte politique du déploiement ordonné par Biden en Europe ?

Volodymyr Zelensky - un belliciste dos au mur

A Kiev, le président Zelenskyj bat à nouveau le tambour pour une reconquête du Donbass. En 2014, lorsque l'Occident a organisé un coup d'État contre le président sortant Ianoukovitch et a commencé à organiser des pogroms contre la population russe dans l'est et le sud-est du pays pour forcer une guerre avec la Russie, non seulement la Crimée mais aussi certaines parties du Donbass se sont séparées suite à un soulèvement populaire. L'accord de Minsk qui a suivi a établi un cessez-le-feu entre l'Ukraine et les républiques populaires de Donetsk et de Lougansk à l'est. Outre le retrait des armes lourdes de la région frontalière et un échange de prisonniers, Kiev s'est engagé à réviser sa propre constitution et à accorder aux deux États de l'Est une autonomie qui conduirait à terme à leur réadmission dans l'Ukraine. Mais la réalité est loin de ce qui est écrit dans l'accord de Minsk: chaque jour, de pauvres gens meurent dans le Donbass sous les tirs d'artillerie et, plus récemment, de drones des soldats de Kiev. Plus récemment, un enfant de cinq ans y a été tué par des drones. Même un amendement constitutionnel contenant l'autonomie promise ne s'est pas concrétisé jusqu'à présent. La marionnette de Washington à Kiev, Volodymyr Zelenskyj, a quelque chose de tout à fait différent en tête: ce comédien télégénique qu’est Zelenskyj était devenu célèbre en tant qu'artiste de cabaret, il veut maintenant "résoudre" le conflit dans le Donbass avec l'aide de l'OTAN, comme il l'a déclaré début avril. L'Ukraine ne peut plus attendre d'être acceptée dans l'alliance militaire occidentale, a-t-il déclaré, elle veut aussi rejoindre l'UE. Car sur le plan politique, il a désespérément besoin de succès: depuis son écrasante victoire électorale, il a déçu ses électeurs. Ainsi, pour 42% des Ukrainiens, il a été la grosse déception de 2020, ne pouvant ni lutter contre la corruption dans le pays, ni mettre en œuvre la paix promise.

La crise du coronavirus a encore aggravé la situation économique de l'Ukraine. Les scandales tels que les allégations de corruption à l'encontre du fils du président américain Hunter Biden, qui font passer l'Ukraine pour un bordel et une colonie américaine, font le reste. L'Ukraine est plus dépendante que jamais de l'aide financière de l'Occident, et pas seulement dans le secteur de l'armement. Il perd également de plus en plus de partisans dans le pays même, dont récemment l'oligarque Ihor Kolomojskyj. Par suite, une nouvelle flambée de la guerre lui conviendrait parfaitement. Les officiers de l'armée ukrainienne s'efforcent également depuis des mois d'obtenir un soutien pour une guerre contre l'Est. L'armée ukrainienne, disent-ils, est prête, surtout après sa mise à niveau avec des drones et d'autres matériels de guerre provenant de l'Ouest. En clair, au lieu de la paix et du retrait des armes, cela signifierait l'expulsion et le génocide. Mais lorsque, en réponse, Moscou a massé des troupes à la frontière avec l'Ukraine et en Crimée, Zelenskyi s'est attiré les foudres du public. Soudain, l'Ukraine a été menacée par la Russie. Le président ukrainien a alors imploré l'Occident de lui venir en aide. Ce faisant, il a fait le jeu du nouveau chef de guerre à Washington.

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Car depuis l'investiture du nouveau président américain, le ton des Etats-Unis contre la Russie s'est durci. Si Hillary Clinton ne pouvait expliquer sa défaite face à Donald Trump que par le fantasme de "l'ingérence russe dans l'élection présidentielle", Biden a également eu recours à cet argument non prouvé pour alimenter la peur de la Russie aux États-Unis. De plus, le 15 avril de cette année, Joe Biden a même fait déclarer l'état d'urgence aux États-Unis parce que le service de renseignement extérieur russe, le SWR, aurait été coupable d'une attaque informatique contre les États-Unis. Cette décision a été suivie de l'expulsion de dix diplomates russes et de l'interdiction de négocier des obligations d'État russes. Lorsque, dans le même souffle, Biden souligne qu'il ne cherche pas une escalade avec la Russie, mais veut seulement "réagir de manière appropriée", cela ne peut être compris que comme une farce.

Une crise diplomatique mise en scène

Cette action a entraîné le début d'une crise diplomatique entre l'Occident et la Russie. En Europe également, les États-Unis instrumentalisent leurs alliés pour exercer une pression accrue sur la Russie. L'explosion d'un dépôt de munitions en 2014 a soudainement été utilisée par Prague comme une occasion d'expulser le personnel de l'ambassade russe de la République tchèque. Dans une réaction en chaîne de "solidarité", des diplomates russes ont également été expulsés dans les trois États baltes et en Roumanie. Moscou ne s'est pas laissé faire et a répondu à son tour en expulsant sept diplomates de l'UE. Le point culminant de l'escalade occidentale contre la Russie et ses alliés a finalement été la planification d'une tentative d'assassinat contre le président biélorusse Loukachenko, qui a pu être empêchée par les services russes et biélorusses - plus d'informations à ce sujet dans la rubrique "Objection" de ce numéro de Deutsche Stimme. Le point commun de toutes ces provocations est le fait qu'elles proviennent de l'Occident et sont dirigées contre la Russie. Tout cela ne présage rien de bon pour les futures relations entre la Russie et l'Europe, qui, elle, est devenue un champ de bataille potentiel entre les États-Unis et la Russie et qui demeure dominée par les États-Unis en matière de politique étrangère.

Un déploiement sous le signe de la grande réinitialisation

Globalement, on peut affirmer que les actions et la rhétorique de l'alliance occidentale sous la direction de Joe Biden sont devenues de plus en plus vociférantes et menacent actuellement de dépasser toutes limites. D'un côté, nous voyons un secrétaire américain à la défense transsexuel, un président américain dégringolant des escaliers et lançant des accusations non prouvées d'ingérence dans les élections et dans les affaires américaines. Ce qui semble complètement ridicule à première vue est cependant étayé par des mesures percutantes du côté occidental: les récentes déclarations sur la possibilité d'une guerre nucléaire avec la Russie et la Chine, les expulsions de diplomates russes, le déploiement de l'OTAN dans le sud-est de l'Europe et en mer Noire, ainsi que la tentative d'assassinat d'Alexandre Loukachenko sont autant de quasi-déclarations de guerre contre la Russie qui n'ont pas encore été suivies d'une escalade totale, ce que nous devons avant tout aux nerfs d'acier de Vladimir Poutine et à la retenue de la Russie. Tout cela se déroule sur fond de Great Reset. Deutsche Stimme a consacré un numéro séparé à ce sujet - qui, dans les affaires intérieures des États occidentaux, impose des mesures toujours plus totalitaires de restructuration de la société sous le couvert de la politique ‘’covidiste’’; dans le domaine de la politique étrangère, cela signifie une confrontation toujours plus vive avec des puissances altermondialistes comme la Chine, l'Iran, mais surtout la Russie.

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L'Allemagne a beaucoup d'enjeux dans ce conflit. L'enjeu n'est pas seulement le gazoduc Nord Stream 2, qui revêt une importance considérable pour la sécurité énergétique du pays, mais l'existence même du peuple allemand. En octobre 2020, l'armée de l'air allemande s'est entraînée à larguer des bombes nucléaires américaines sur le territoire allemand dans le cadre de l'exercice "Steadfast Noon". Sachant que les bellicistes du Pentagone et leurs marionnettes à Kiev travaillent à une escalade ouverte avec la Russie et que l'Occident est apparemment prêt pour la guerre nucléaire, une seule mauvaise décision peut conduire à l'anéantissement nucléaire de l'Allemagne et de l'Europe, comme aux beaux jours de la guerre froide. Dans le contexte des développements actuels, il est d'autant plus important que nous ne nous laissions pas atteler à la charrette de Washington, mais que nous nous prononcions inébranlablement pour un retrait de l'OTAN et pour la paix en Europe. Maintenant que les Verts, la gauche et même une grande partie de l'AfD sont attachés au traité de l'Atlantique Nord et au transatlantisme, c'est la seule tâche de l'opposition nationale de mener une authentique politique de paix pour un futur monde multipolaire.

 

vendredi, 04 juin 2021

Les succursales vertes de Washington en Europe

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Les succursales vertes de Washington en Europe

Le parti allemand des Verts est susceptible d’entrer dans une coalition gouvernementale aux élections de septembre après avoir renié ses origines et s’être rallié à Washington.

Par Diana Johnstone

Source Consortium News

Pour l’Empire Américain, il est essentiel de dominer l’Europe, directement grâce à l’Otan, et indirectement par le biais d’un réseau de traités, d’institutions et d’organisations de l’élite qui établissent un consensus politique et sélectionnent les futurs dirigeants des pays européens. L’influence envahissante de Washington a profondément détérioré les relations entre les pays de l’Europe de l’Ouest et la Russie.

La Russie est une grande nation qui a une place importante dans l’histoire et la culture européenne. La politique de Washington est d’expulser la Russie de l’Europe de manière à affermir sa propre domination sur le reste du continent. Cette politique conduit à susciter artificiellement de l’hostilité et a détruire ce qui devrait être des relations mutuellement profitables entre la Russie et l’Occident.

Il est tout à fait évident pour tous les observateurs sérieux que le commerce entre une Russie riche en ressources et une Allemagne hautement industrialisée s’impose naturellement et profite aux deux parties – en particulier à l’Allemagne. L’oléoduc Nordstream 2 symbolise cette coopération profitable : il est sur le point d’être achevé et fournirait à l’Allemagne et à d’autres consommateurs européens, du gaz naturel à un prix raisonnable. Les États-Unis sont déterminés à empêcher que l’opération Nordstream 2 s’accomplisse. Les raisons évidentes sont de faire barrage à « l’influence russe », de vendre à l’Allemagne un gaz américain plus cher obtenu par fracturation hydraulique, et en dernière instance d’affaiblir le soutien populaire à Poutine dans l’espoir de le remplacer par une marionnette américaine, comme l’ivrogne Eltsine qui ruina la Russie dans les années 90.

Mais pour ceux des Européens qui préfèrent s’opposer au Nordstream 2 en prenant une posture d’une grande élévation morale, il y a tout un ensemble de prétextes disponibles, tous largement fictifs : le vote de la Crimée pour réintégrer la Russie, faussement présenté comme une mainmise militaire ; l’incroyable saga du non-empoisonnement d’Alexei Navalny ; et le dernier en date : une obscure explosion en République Tchèque, en 2014, qu’on attribue tout à coup à ces deux mêmes espions russes qui, prétendument, n’ont pas réussi à empoisonner les Skripal à Salibury en 2018.

Selon la doctrine libérale qui justifie le « libre-marché » capitaliste, c’est leur intérêt économique qui conduit les gens à faire des choix rationnels. Il s’ensuit que beaucoup de bons observateurs ont placé leurs espoirs d’une véritable opposition à la politique américaine d’isolement de la Russie, dans l’intérêt bien compris des politiciens allemands et en particulier des dirigeants économiques allemands.

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Annalena Baerbock

Les élections allemandes de septembre : pragmatisme contre pharisaïsme

En septembre prochain il y aura en Allemagne des élections parlementaires qui décideront de l’identité du prochain chancelier successeur d’Angela Merkel. En politique étrangère, le choix pourrait être entre le pragmatisme et le moralisme, et on connaît maintenant celui qui l’emportera.

Le pharisaïsme agressif a sa candidate : Annalena Baerbock, que les Verts ont choisie pour être le futur chancelier. Le moralisme ostentatoire de Baerbock se révèle dans ses remontrances à la Russie.

Baerbock a quarante ans, elle est environ d’un an plus jeune que le parti des Verts lui-même. Elle est la mère de deux jeunes enfants, ancienne championne de trampoline et elle sourit même lorsqu’elle parle – l’image même d’une heureuse et innocente nature. Elle a appris à parler anglais couramment en Floride, lors d’un échange entre lycées, elle a étudié le droit international à la London School of Economics, et elle prône (surprise, surprise !) un partenariat étroit avec l’administration Biden pour sauver le climat et le monde en général.

Après que Baerbock fut choisie comme candidate des Verts, un sondage Kantar la montra en tête avec 28%, de tout un ensemble de candidats, juste devant le parti chrétien-démocrate à 27%. Plus surprenant fut un sondage de quinze cents dirigeants d’entreprise fait par l’hebdomadaire économique Wirtschaftswoche, qui montra que Baerbock était, de loin, leur favorite.

Résultats du sondage :

Annalena Baerbock : 26.5%
Christian Lindner, FDP : 16.2%
Armin Laschet, CDU : 14,03%
Olaf Scholz, SPD : 10.5%
Indécis : 32.5%

Il est naturel que le FDP libéral obtienne un bon score chez les dirigeants d’entreprises – Christian Lindner est également partisan de sanctions sévères contre la Russie, ce qui montre que les chefs d’entreprise préfèrent les deux candidats les plus antirusses. Bien entendu, ils peuvent être motivés d’abord par des questions intérieures. Le candidat CDU, Armin Laschet, en revanche, est un modéré raisonnable, qui prône des relations amicales avec la Russie. Mais on dit qu’il manque de charisme personnel.

Deux autres partis figuraient dans le sondage Kantar. Die Linke, le parti de la Gauche, faisait 7%. Ses figures les plus connues, Sarah Wagenknecht et son mari Oskar Lafontaine, sont ouvertement critiques de l’Otan et de l’agressive politique étrangère étatsunienne. Mais les dirigeants du parti qui s’accrochent à leurs faibles espoirs d’être inclus, à titre d’associés minoritaires, dans une hypothétique coalition de gauche, craignent d’être disqualifiés en adoptant de telles positions.

Le parti « Alternative pour l’Allemagne » est favorable à une normalisation des relations avec la Russie, mais depuis qu’il a été étiqueté d’extrême droite, aucun autre parti ne voudrait se joindre à lui dans une coalition.

Les gouvernements allemands sont mis en place par des coalitions. Les Verts peuvent aller vers la gauche (leurs origines) ou vers la droite. Le déclin historique des Sociaux Démocrates (SPD) et la faiblesse du parti de la Gauche, font qu’une coalition des Verts avec la CDU est la plus probable. Cette coalition pourrait inclure le SPD ou le FDP, selon le résultat des élections.

Dans les pays occidentaux, l’un après l’autre, l’opposition à la politique belliqueuse de l’OTAN se renforce, soit à droite, soit à gauche du spectre politique, mais ces opposants ne peuvent se rassembler car ils se divisent sur maints autres sujets. De sorte que c’est le centre conformiste qui l’emporte, et comme le soutien des partis traditionnels, CDU et SPD, s’érode, les Verts ont toutes les chances d’occuper ce centre.

Le programme des Verts : R2P et le Grand Reset

Baerbock est le pur produit d’une sélection transatlantique des dirigeants politiques. Entre deux sauts sur son trampoline, son intérêt professionnel a toujours porté sur les relations internationales dans une perspective anglo-américaine, y compris sa maîtrise de droit international à la London School of Economics.

Sa formation à la gouvernance transatlantique comprend son appartenance au Fonds Marshall pour l’Allemagne, au Programme des Jeunes Dirigeants du Forum Economique Mondial et au Comité Europe/Transatlantique de la Fondation Heinrich Böll du parti des Verts.

A partir de cette base, elle s’est élevée rapidement jusqu’à la direction du parti, avec très peu d’expérience politique et aucune expérience administrative.
Les Verts sont en complète harmonie avec la nouvelle croisade de l’administration Biden, laquelle vise à refaire le monde sur le modèle américain. En écho au Russiagate, et sans la moindre preuve, les Verts accusent la Russie d’immixtion malveillante en Europe, alors qu’ils mettent en avant leur propre immixtion bienveillante dans la politique intérieure russe, en faveur d’une « opposition démocratique » toute théorique.

Leur programme électoral affirme que « la Russie est devenue progressivement un État autoritaire et sape de plus en plus la démocratie et la stabilité de l’Union européenne et des pays limitrophes ». En même temps, le Verts « veulent soutenir et intensifier les échanges » avec le mouvement démocratique en Russie qui, selon eux, « se renforce eu égard aux droits de l’homme, à la démocratie et au règne de la loi ».

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Pile de tuyaux pour le gazoduc North Stream 2 au port de Mukran, septembre 2020

Les Verts prônent de strictes sanctions contre la Russie et l’arrêt complet de Nordstream 2 : « Le projet d’oléoduc Nordstream 2 est non seulement dommageable quant au climat et à la politique énergétique, mais également d’un point de vue géostratégique – en particulier quant à la situation en Ukraine – on doit donc y mettre fin . »

Les Verts exigent aussi que le gouvernement russe remplisse ses engagements des accords de Minsk pour mettre fin au conflit dans l’est de l’Ukraine, ignorant le fait que c’est le refus du gouvernement de Kiev de respecter ces accords qui empêche toute solution au conflit.

Baerbock est entièrement favorable aux « interventions humanitaires ». Les Verts proposent ainsi de changer les règles des Nations Unies pour pouvoir passer outre le veto des grandes puissances (détenu par les États-Unis, la Russie, la Chine, le Royaume-Uni et la France) afin d’utiliser la force militaire pour « empêcher un génocide ». Son enthousiasme pour la R2P (« Responsabilité Pour Protéger » [« Responsability to Protect »], si bien utilisée en Libye pour détruire ce pays) devrait avoir un écho favorable dans une administration Biden où l’ancien ambassadeur aux Nations Unies, Samantha Power, est à la recherche de victimes à sauver.

Inutile de dire que les Verts n’ont pas oublié l’environnement, et ils voient la « neutralité climatique » comme une « grande chance pour l’Allemagne en tant qu’espace industriel ». Le développement des « technologies de protection du climat » devrait fournir « une impulsion pour de nouveaux investissements ». Leur programme demande la création d’un « euro digital », la « sécurisation d’une identité numérique sur le portable », et des « services administratifs numérisés ».

De fait, le programme économique des Verts ressemble beaucoup au Grand Reset prônée par le Forum Economique Mondial de Davos, avec une nouvelle économie centrée sur le changement climatique, l’intelligence artificielle et la numérisation de tout.

Le capitalisme international a besoin d’innover pour stimuler l’investissement productif et le changement climatique lui en fournit l’aiguillon. En tant que «young leader » du Forum Economique Mondial, Baerbock a sûrement appris cette leçon.

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Joschka Fischer, champion des retournements de vestes

Quarante ans plus tôt, les Verts allemands demandaient la fin de la Guerre Froide et condamnaient les « images de l’ennemi », ces stéréotypes malveillants appliqués aux anciens ennemis de l’Allemagne. Aujourd’hui, les Verts promeuvent les « images de l’ennemi » russe et sont les premiers à contribuer à la nouvelle Guerre Froide.
Baerbock n’a pas eu besoin de trahir les idéaux des Verts, ils avaient déjà été entièrement trahis avant qu’elle adhère au parti, il y a 22 ans, par Joschka Fischer.

Fischer était un ancien gauchiste beau parleur qui dirigeait l’aile « réaliste » des Verts. Sa nomination comme ministre des affaires étrangères en 1998 fut accueillie avec enthousiasme par de hauts dirigeants américains en dépit du fait qu’il avait abandonné ses études secondaires et qu’il avait passé sa jeunesse comme bagarreur de rue gauchiste à Francfort, non loin des bases américaines.

En mars 99, le ministre des affaires étrangères Fischer donna la preuve de ce qu’il valait en conduisant l’Allemagne et son parti Vert « pacifiste » à participer au bombardement de l’Otan contre la Yougoslavie. Un renégat est particulièrement appréciable dans ce genre de circonstances.

Beaucoup de Verts hostiles à la guerre par principe quittèrent le parti, mais les opportunistes s’y engouffrèrent. Fischer réussit à toucher les cordes sensibles : la raison qu’il donna pour faire la guerre était « Jamais plus Auschwitz » – ce qui n’avait rien à voir avec la question du Kosovo mais était moralement intimidant.

Fischer apprit de son mentor, l’ancienne secrétaire d’état américaine Madeleine Allbright, l’art de la porte tournante, et en 2007 il se lança dans le métier de consultant avec sa propre firme de conseil d’entreprises sur la manière de mettre à profit les circonstances politiques dans les différents pays.

L’opportunisme peut être un art. Il collectionna aussi les conférences lucratives et les doctorats honoraires d’universités de par le monde – lui qui ne termina jamais ses études secondaires. De son squat de jeunesse, il était passé à une luxueuse villa dans le plus beau quartier de Berlin, en compagnie de sa cinquième épouse, tout aussi séduisante que les précédentes.

En s’enrichissant, Fischer prit ses distances avec la politique et avec les Verts, mais la candidature de Baerbock semble avoir ranimé son intérêt. Le 24 avril, Der Spiegel publia un entretien avec Fischer et un politicien en vue du FDP, Alexander Graf Lambsdorff, entretien intitulé :  « Nous devons frapper la Russie là où ça fait mal ». Fischer laissa entendre que cette rencontre avec Lambsdorff annonçait l’entrée possible du FDP dans une coalition avec les Verts.

Pendant ce temps-là en France

De l’autre côté du Rhin, en France, les Verts français, « Europe Ecologie les Verts », ont également profité de la désaffection à l’égard des partis traditionnels, notamment les Socialistes, en voie de disparition, et les Républicains, très affaiblis. Les Verts ont remporté plusieurs grandes municipalités à l’occasion d’élections à faible participation pendant la pandémie. Ils ont causé quelques remous en condamnant les sapins de Noël (victimes de coupes) ; en privant de subventions un aéroclub, au motif que les enfants ne devraient plus rêver de voler (c’est mauvais pour l’environnement) ; et en contribuant à hauteur de deux millions et demi d’euros au financement public d’une mosquée géante à Strasbourg, mosquée parrainée par le président turc Recep Tayyip Erdogan afin de promouvoir l’islam en Europe ( Strasbourg a déjà une demi-douzaine de petites mosquées pour sa population d’immigrés turcs).

Le candidat EELV aux élections présidentielles de 2022, Yannick Jadot, inspiré par l’actuelle popularité de Baerbock, nourrit de grandes ambitions. Dans un article du Monde du 15 avril, il écrivait : « L’arrivée des Verts au pouvoir en Allemagne à l’automne 2021, si s’y ajoute celle des écologistes en France en 2022, contribuera à créer les conditions de l’émergence d’une puissante politique étrangère et de défense commune aux Européens. »

Jadot intitulait son article : « Les régimes autoritaires ne comprennent que les rapports de force ». « Ils ne comprennent que la force » est un cliché éculé débité par les pouvoirs qui préfèrent eux-mêmes utiliser la force.

Jadot se plaint de « l’agressivité croissante des régimes autoritaires de la Chine, de la Russie et même de la Turquie » et du fait qu’ils « fragilisent nos démocraties en diffusant des fausses nouvelles «  ou « en rachetant nos entreprises-clés ». Ce qui est une excellente plaisanterie puisque ce sont les États-Unis qui sont intervenus contre le producteur français de matériel de centrales nucléaires Alstom pour faciliter son rachat par General Electric. (Voyez : Le piège américain, de Frédéric Pierucci).

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L’élément commun aux Verts allemands et français, c’est Daniel Cohn-Bendit, qui a intégré et quitté les deux partis, les poussant tous les deux dans les bras de l’Otan et de Washington. Mais la différence entre eux, c’est que les Verts allemands peuvent entrer dans une coalition avec la droite ou bien avec la gauche, alors que les Français s’identifient encore à la gauche et que celle-ci a de très faibles chances de gagner les prochaines élections présidentielles, même avec une tête de liste vert-kaki.

Biden a déclaré que le 21ième siècle est celui de la compétition entre les États-Unis et la Chine. Pour les États-Unis, il n’y a que la compétition, jamais la coopération. L’Europe n’est pas dans la course : elle l’a perdue depuis longtemps. Son rôle est d’être le suiveur, alors que les États-Unis sont les meneurs. Les Verts européens aspirent à prendre la tête des suiveurs, partout où Washington les mènera.

Diana Johnstone était attachée de presse du groupe des Verts au Parlement européen, de 1989 à 1996. Dans son dernier livre, Circle in the darkness : memoirs of a world watcher (Clarity Press, 2020), elle raconte les moments clés de la transformation du parti allemand des Verts, d’un parti de la paix en un parti de la guerre. Ses autres livres sont : « Fools’ crusade : Yugoslavia, NATO and Western delusions (Pluto/Monthly Review), ainsi que « From MAD to madness : inside Pentagon nuclear war planning(Clarity Press), écrit en coopération avec son père, Paul H. Johnstone. On peut la joindre à diana.johnstone@wanadoo.fr

[Diana Johnstone, née en 1934, est une journaliste américaine indépendante, de grand talent, qui vit à Paris depuis une trentaine d’années. Ses autres articles, notamment une remarquable analyse du mouvement des Gilets Jaunes, se trouvent sur la Unz Review, Ndt]

Traduit par J.A., relu par Hervé pour le Saker Francophone

 

 

Le "soft power" russe comme élément tactique de la guerre hybride

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Le "soft power" russe comme élément tactique de la guerre hybride

Jonas Estrada

Ex : https://www.geopolitica.ru/es/article/el-poder-blando-rus...

Il est pertinent de mentionner le rôle de l'État russe dans sa stratégie de "guerre hybride" par la mise en œuvre du soft power comme tactique pour influencer ses actions géopolitiques et géoculturelles. Dans de nombreux documents officiels, ainsi que dans les textes d'experts universitaires dans le domaine de la géostratégie et de la géopolitique, le soft power est défini comme l'effort visant à renforcer les affinités linguistiques, culturelles, économiques et religieuses avec les États voisins et à attirer différents groupes d'intérêt. La Russie exerce son soft power par le biais de cinq instruments principaux:

(1) les relations publiques et la diplomatie publique ;

(2) les médias ;

(3) l'Église orthodoxe russe ;

(4) les commissions consacrées à la "correction de l'histoire déformée" ;

et (5) les fondations, associations, clubs et congrès destinés à coordonner une politique commune pour les "compatriotes" et à promouvoir la coopération culturelle et scientifique, la langue et la culture russes au-delà des frontières russes. Le fait qu'ils partagent une affinité culturelle et politique en tant que partie de l'empire russe facilite l'influence actuelle de Moscou.

Bien qu'aucun document de la Doctrine militaire d'État russe ne mentionne explicitement le concept de "guerre hybride", le ministère russe de la défense l'a introduit dans le Livre blanc de la défense en 2003, dans lequel Moscou a défini les conflits futurs comme "asymétriques". Les Russes utilisent trois expressions pour désigner la guerre hybride : nelineynoi voine ("guerre non linéaire") ; setovaya voina ("guerre de réseau" ou guerre en réseau) et neopredelonaya voina ("guerre ambiguë").

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Le concept de guerre hybride s'inscrit parfaitement dans la tradition originellement léniniste qui considère que la paix n'est qu'un état d'avant guerre. Sous cet angle, le soft power n'est qu'un élément tactique du hard power. Le soft power devient hard power grâce à la diplomatie. Dans le cas de l'Ukraine comme dans celui de la Géorgie, ils montrent qu'il existe sept phases de conversion du soft power en hard power qui développent la stratégie principale de la guerre hybride comme instrument clé du processus d'insubordination géopolitique révisionniste dont le but ultime est de prendre le contrôle, formel ou informel, d'un territoire.

Les trois premières phases visant à accroître la loyauté des compatriotes envers le gouvernement du Kremlin et à la diminuer envers le gouvernement local sont les suivantes:

(1) renforcer les liens linguistiques, culturels et religieux ;

(2) fournir une aide humanitaire (nourriture, médicaments et investissements économiques) ;

(3) articuler différentes politiques spécifiquement destinées aux compatriotes (organisation de congrès, coopération culturelle et scientifique, fondations pour promouvoir la culture russe).

(4) La quatrième phase représente le tournant car elle consiste en la distribution systématique de la citoyenneté russe ("passeports") et la conversion officielle des compatriotes en citoyens russes.

(5) Cette phase est souvent étroitement liée à la cinquième phase, la dezinformatsia ("désinformation"), qui, à l'époque soviétique, était définie comme "le discrédit et l'affaiblissement des opposants et la déformation de la perception de la réalité des cibles choisies". La désinformation est au cœur du processus d'insubordination géopolitique révisionniste. La désinformation consiste avant tout à souligner la souffrance de la population russe en tant que minorité ethnique. Si le gouvernement du pays hôte a l'intention de se rapprocher de l'UE et/ou de l'OTAN, les Russes se sentent menacés par l'Occident et sont en danger pour leur sécurité physique.

(6) La sixième phase implique l'application de la diplomatie humanitaire, la protection. Les documents officiels (la Constitution de la Fédération de Russie) prévoient la possibilité de protéger les compatriotes si deux circonstances se présentent: (1) leur sécurité est menacée; ou (2) des compatriotes (pas nécessairement leurs représentants) demandent l'aide de la Russie.

(7) La septième et dernière phase est l'exercice d'un contrôle formel (réunification de la Crimée) ou informel sur le territoire où vivent les compatriotes (conflits gelés comme le cas de la Transnistrie).

Ces sept phases démontrent que les compatriotes, les russophones, sont le principal instrument du processus d'insubordination géopolitique révisionniste. En ce sens, comme on peut le voir sur la carte, l'Ukraine a été une cible relativement facile pour la Russie dont le plus grand succès en Crimée et dans le Donbass coïncide avec le plus grand pourcentage de population russophone (plus de 60%), ce qui ne signifie pas toujours des Russes ethniques, il y a aussi des Ukrainiens russophones et il faut noter que les Ukrainiens et les Russes sont des Slaves ethniques.

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Ukraine : pourcentage de la population ayant le russe comme langue maternelle, par macro-régions

Pour ces raisons, le principal objectif de l'UE dans les pays du partenariat oriental dans le cadre de la politique européenne de voisinage est de soutenir le développement de la démocratie et l'intégration progressive au marché européen. Les instruments pour atteindre cet objectif sont l'aide économique, les conseils politiques et le soutien à la société civile. En termes géopolitiques, cependant, l'OTAN est derrière tout cela, cherchant à encercler la Russie et à empêcher son influence dans l'"étranger proche". Tandis que la Russie, dans le but de concurrencer l'UE, a créé l'Union économique eurasienne (UEEA). Toutefois, son cadre stratégique repose sur trois concepts (utilisés tant dans les documents officiels que par la population russe):

(1) za rubiezhëm ("l'étranger proche");

(2) Ruskii Mir ("le monde russe");

et (3) sootechestvenik ("compatriote", littéralement "celui qui est avec la patrie").

Les principaux objectifs de la Russie dans la région sont à l'opposé de ceux de l'UE: empêcher les pays qui aspirent à se rapprocher de l'UE et de l'OTAN, les empêcher de le faire et maintenir leur "zone d'influence". Les instruments choisis pour y parvenir sont très variés. Ils oscillent entre pouvoir économique (la connexion des infrastructures soviétiques favorise les liens économiques entre la Russie et les pays indépendants), soft power, "coercition douce" (chantage économique sous forme d'embargo sur les produits agricoles en Ukraine, Moldavie et Géorgie), hard coercition (ruptures d'approvisionnement en gaz en Ukraine) et hard power (utilisation de la puissance militaire pour relancer les "conflits gelés" comme en Abkhazie et en Ossétie du Sud en Géorgie, en Transnistrie en Moldavie et au Donbass en Ukraine) et, enfin, la réunification de territoires (Crimée).